L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Vie (longue) et mort (récente) d’un commerce d’autographes

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Il y avait rue Bonaparte (Paris VIe arrondissement), dos tourné à la Seine trottoir de gauche,  cette boutique proposant, à qui en avait une curiosité soutenue par des moyens financiers rendant leur acquisition possible, des lettres autographes et des “souvenirs historiques et littéraires” aux côtés de livres rares. Toujours vue là depuis que je gagnais régulièrement la rive droite depuis Montparnasse au moyen d’un bus 39, 48 ou 95 qui me ramènerait à Montparnasse par la rue des Saints-Pères, sens interdits obligent, où d’autres devantures accrocheraient mon regard – Debauve et Gallais chocolatier des rois de France. Soit grosso modo depuis le milieu des années 1970. Piétonne rue Bonaparte, je m’arrêtais toujours lire ces lettres dont la vitrine juxtaposait, à l’intention du passant peu formé à la paléographie, la transcription dactylographique au fac-simile de l’autographe. Les originaux, j’imagine, bien à l’abri du soleil dans la boutique entre deux feuilles de papier de soie et maniés avec des gants, offerts à la seule contemplation des clients sérieux (qui ne s’intéressaient pas forcément au texte de la lettre).

Mais ce commerce est bel et bien fini, passant par là hier après-midi (promenade dominicale : aller voir à quelle hauteur exactement en arrivait le fleuve) j’ai constaté que les documents rares soigneusement décryptés et étiquetés avaient laissé place à des bibelots et figurines qui n’avaient pas même l’excuse d’être des soldats de plomb.

Le 11 avril 2016 à 18:54, en avance pour une manifestation programmée à 19 heures au Centre culturel tchèque qui fait face à la boutique,  j’avais saisi-là l’image d’une pièce véritablement unique en son auteur.

RIP Madame Flubert et le commerce des autographes rue Bonaparte.

Ajout du samedi 13 février 2021 : ne manquez pas d’aller lire le billet du blog ami Pendant le week-end qui donne à voir la vitrine au fil des années et de plus près ce que l’on trouve aujourd’hui dans la boutique. Merci à lui pour ce complément bien illustré.

fév 8, 2021

Poétique de la voirie (52)

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Las de tourner

lion en cage

a définitivement tourné la page

jan 17, 2021

Poétique de la voirie (51)

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Remonté des grands fonds

fourbu

lassé pressé

déchaussé sur la chaussée

nov 14, 2020

Un kilomètre de rayon

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Alors je marcherai droit pour tourner en rond*, cherchant mon nord par la rue Saint-Jacques, poursuivant, dans le sens des aiguilles d’une montre, par les rues Cujas prolongée en Clovis, Descartes, Lacépède, Gracieuse, je contournerai la place Monge, traverserai la rue du même nom, pour prendre la rue Larrey, puis enfiler les rues de la Clef, du Fer à Moulin, Scipion, Vesale, de la Collégiale, avant de traverser le boulevard Saint-Marcel, et de continuer par les rues Michel Peter et de la Reine Blanche ; je traverserai l’avenue des Gobelins pour trouver la rue du même nom, et poursuivrai par les rue Gustave Geffroy, Berbier du Mets et Emile Deslandres ; si j’en suis là aux horaires d’ouverture du jardin ce qui est très probable (8h-19h30 du 25 octobre 2020 au 28 février 2021), je quitterai la rue Emile Deslandres pour traverser le square René Le Gall jusqu’à l’angle des rues Croulebarbe et Corvisart, si par malchance le jardin est fermé pour cause d’intempéries par exemple, je  le contournerai en demeurant rue Emile Deslandres jusqu’à la rue des Cordelières, pour atteindre la rue Vulpian que j’aurai rejointe, si le jardin était ouvert, par la rue Corvisart ; je suivrai la rue Vulpian juqu’à buter sur le boulevard Auguste Blanqui et les voies du métropolitain, ligne 6, Nation-Etoile, entre ses stations Glacière et Corvisart, je marcherai le long du boulevard et des voies jusqu’à la rue de la Santé, avant de continuer par les rues Cabanis, Broussais et Dareau ainsi que par le passage du même nom, puis la rue de la Tombe-Issoire.

Arrivée là j’aurai tracé un demi cercle et deux options se présenteront à moi : faire demi-tour et, dans le contresens des aiguilles d’une montre, revenir sur mes pas jusqu’à la rue Saint-Jacques, ou parfaire mon cercle en rejoignant le boulevard Saint-Jacques par la villa du même nom, les rues Jean Minjoz et Jean-Claude Arnould, avant de traverser la place Denfert-Rochereau en me gardant des voitures et de leurs substituts qui surgissent de partout et de nulle part, pour rejoindre la rue Froidevaux ; si jamais le cimetière du Montparnasse est ouvert je le traverserai pour en ressortir boulevard Edgar Quinet, s’il est fermé, ce que je crains, je le longerai par la rue Emile Bernard pour retrouver le boulevard Edgar Quinet.

Je marcherai là sur mes vieilles brisées, au Montparnasse monde.

Je rejoindrai la rue Delambre par le square du même nom (qui est un bout de rue et pas un jardin contrairement au square René Le Gall qui est un jardin et pas un bout de rue), jusqu’au boulevard du Montparnasse que je quitterai – et le Montparnasse monde avec lui - par le boulevard Raspail et la rue Vavin suivie jusqu’à la rue d’Assas ; encore qu’un crochet soit possible, si j’ai le courage, par la rue Sainte-Beuve pour adhérer sans en perdre une seule miette à la circonférence définie par mon kilomètre de rayon ; butant au bout de la rue Vavin sur les grilles du jardin du Luxembourg, reste à espérer que celui-ci soit encore ouvert (8h-17h du premier au 15 novembre) pour que je puisse le traverser et en ressortir sur le boulevard Saint-Michel ; si le jardin est fermé je le contournerai en continuant sur la rue d’Assas jusqu’à croiser la rue Auguste Comte qui me ramènera boulevard Saint-Michel ; un boulevard que je quitterai par la rue Soufflot, jusqu’à la rue Victor Cousin qui me permettra de rejoindre la rue Cujas ;  quand celle-ci coupera la rue Saint-Jacques, j’aurai bouclé ma boucle.

Mais pas sûre qu’une heure me suffise pour rallier mon point de départ.

(*) Marcher droit, tourner en rond, j’emprunte l’image et l”expression au livre d’Emmanuel Venet (éd. Verdier, 2016) au titre si bien trouvé, car que faisons-nous d’autre que marcher droit pour finalement tourner en rond ?

nov 1, 2020

Poétique de la voirie (50)

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Isocèle ?

Equilatéral ?

Carré de l’hypoténuse ?

Avec épicentre : sûr et certain

oct 25, 2020

Poétique de la voirie (49)

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Sang de la vigne

perdu en route

vengeance tardive ?

oct 4, 2020

Poétique de la voirie (48)

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Peau de pub écorchée

sous les néons dénudés

la ville et son ciel

L’ESSENTIEL

sept 26, 2020

Poétique de la voirie (47)

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Emprunter

l’empreinte.

août 22, 2020

Poétique de la voirie (46)

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Sur le pavé

CIEL BLEU

(juste une miette)

août 16, 2020

Des hôtels parisiens fermés

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S’il voulait aujourd’hui prendre pour point de départ, comme en 1927 aux premières lignes de Nadja, l’Hôtel des grands hommes place du Panthéon, André Breton serait bien en peine : celui-ci reste fermé depuis le confinement. Fermé, barricadé, comme beaucoup d’hôtels parisiens, la ville s’étant durablement délestée de sa haute fréquentation touristique et d’affaires habituelle, pour les raisons que l’on sait et pour l’heure sans perspective de retour à la normale. C’est quelque chose qui me tracasse tous ces hôtels fermés lorsque je passe devant leurs entrées et vitrines condamnées, laissés à la garde de sociétés de surveillance.  Je pense aux chambres vides, aux lis faits non défaits, aux piles de linge de toilette resté plié, aux couloirs déserts, aux salles de petits déjeuners sans effluves de café ni de pain grillé. Je me souviens qu’au temps où j’arrivais chaque matin dans Paris par la gare Montparnasse et en rejoignais le boulevard en coupant par la rue Delambre, j’avais toujours cette curiosité pour les salles de petits déjeuners et leurs occupants offerts à la vue des passants en rez-de-chaussée des hôtels se succédant dans cette rue. Touristes – à l’heure qui était celle de mon passage ceux pour affaires déjà à leurs affaires – pas forcément bien réveillés, mal remis de leur Paris by night de la veille, non encore tout à fait habillés pour sortir, indécis sur l’emploi de leur journée, dans un entre deux donnant à voir des miettes de leur intimité. Que des hôtels parisiens restent portes closes et paillassons plus ou moins étoilés remisés ne devrait pas me troubler plus que cela maintenant que j’habite à l’intérieur du périphérique, j’ai où dormir, peu de risque que j’aie besoin de leurs services et room services, au demeurant mes moyens ne me permettraient pas de me loger de la sorte bien longtemps, mais néanmoins je le ressens comme un empêchement de vivre la ville dans sa plénitude, comme une atteinte à son hospitalité*.

* Quand bien même les tarifs hôteliers pratiqués dans la capitale ne sont pas vraiment hospitaliers.

août 7, 2020

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