L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for variétés

Désertion du maçon

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Il resterait encore beaucoup à construire, à consolider, à parfaire.

Gros oeuvre et finitions, entreprendre, restaurer.

Avant l’hiver.

Le maçon a posé sa truelle trop tôt, découragé, vaincu par la tâche.

Bilan déposé, rayé du registre et de la carte.

Porte laissée ouverte, comme une invite,  mais personne n’a repris la taloche.

Dans l’auge, le plâtre, séché.

Et puis le chiendent qui pousse autour, partout, envahit.

Même pas sûre, pourtant, que nos maisons soient hors d’eau.

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jan 3, 2016

Servir d’appâts

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Quatre posées là, bien rangées, quatuor inconséquent, sans têtes,

guère plus de jugeote,

quatre qui s’entêtent sous ma fenêtre à attendre qu’on les apprête,

que le marché dictant sa loi les étourdisse, les éblouisse, qu’enfin vienne leur tour de servir d’appâts.

oct 21, 2015

L’air de rien

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L’air urbain

(l’air de rien)

je le respire mieux

et plus goulûment

que le grand air

de la vie au grand air

- sans parler

des Grands Airs de certains

que je ne peux

tout bonnement

pas sentir (ni entendre).

Filed under variétés
oct 17, 2015

Cinquante ans de petite bibliothèque ronde

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J’ai passé un beau samedi, hier, à fêter les 50 ans de la Petite bibliothèque ronde de Clamart. J’étais invitée à rejoindre les enfants et leurs familles qui la fréquentent aujourd’hui, ainsi que l’équipe qui l’anime aux côtés de Marion Moulin depuis 2014, parce qu’au premier jour de son ouverture, en octobre 1965, j’étais déjà là, impatiente d’en pousser la porte, du haut de mes presque 10 ans.

Belle et émouvante occasion de revenir en ce lieu qui a tellement compté comme je l’évoque dans le petit chapitre “Bibliothèque” d’Atelier 62. Grand plaisir à retrouver là, 50 ans après, les premières bibliothécaires qui nous y ont accueillis, nous ont ouvert un monde un peu plus vaste que celui de notre cité de la Plaine, nous ont fait confiance pour faire vivre avec elles un lieu dont l’extrême qualité de la conception, notamment architecturale, reste intacte. Etaient présentes hier Geneviève, qui dirigeait la bibliothèque alors de “La joie par les livres ” – du nom de l’association réunie autour du projet – fou – de la mécène Anne Gruner-Schlumberger, ainsi que Lise et Christine qui l’entouraient en un rayonnant trio.

Présents aussi d’autres lectrices et lecteurs de la première génération, en particulier Dominique, Patrick et Michel avec lesquels j’ai partagé, entre ces murs arrondis, tant de samedis après-midis occupés de clubs de lecture ou de théâtre ou encore de la mise au point du prochain journal. Retrouvailles avec le sentiment que nous nous sommes quittés la veille… Et tous les quatre de constater que ce que nous faisions aujourd’hui n’était pas sans lien avec les découvertes faites ici.

L’anniversaire était aussi l’occasion de découvrir le film réalisé par le jeune cinéaste Kaspar Vogler, La bibliothèque est à nous, qui a partagé le quotidien de la Petite bibliothèque ronde au printemps 2015, mais est aussi revenu, archives et entretiens aidant, sur son demi-siècle d’existence. Un beau film grâce auquel nous “les anciens” avons découvert combien aujourd’hui la bibliothèque était largement ouverte, au-delà des enfants, aux familles de la cité, et comment ses livres avaient été rejoints, dans une complémentarité intelligemment pensée et accompagnée, par les outils numériques indispensables à la lecture du monde d’aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas de faire aussi pousser des radis dans le jardin : c’est cela l’esprit du lieu.

Un film engagé, parce que, malgré son impérieuse nécessité pour les habitants du quartier, l’existence de la bibliothèque a connu des jours sombres – notamment une fermeture en 2006 – et en connaît encore du fait, notamment, de lourds travaux rendus nécessaires par l’âge du bâtiment dans un contexte peu propice à la pérennisation des idéaux sociaux et humanistes des années 1960. Souhaitons au film la meilleure diffusion possible et qu’il devienne à son tour archive incontournable quand on célèbrera le centenaire de la Petite bibliothèque ronde.

Filed under variétés, à chaud
oct 4, 2015

Pas sur la route du Tour

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N’ont pris place sur la ligne de départ

celui à qui l’on peut écrire

celui qui se hausse du col

celui qui préfère prendre le métro avec sa provision de Metrocards

celui qui ne peut s’absenter : il vous livre en 24h chrono

celui qui se passe de commentaire

ni celui qui est allé droit dans le mur

rue des Boulangers, Paris, Ve arrondissement, et ne lâchera rien.

juil 5, 2015

Consignes typographiques

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(Le dernier qui sort

ferme la parenthèse derrière lui

Et les guillemets ?

– Entrouverts

le temps de faire le point

merci).

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mai 10, 2015

Nourrir les veaux

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Je me souviens des grands sacs en plastique fort, imprimés des noms de ces marques VITALIN ou DENKAVIT, tassés debout sur les plateaux des camions qui passaient livrer dans les fermes de quoi nourrir les veaux.

Et pourtant l’herbe poussait.

Les sacs, après, réutilisés pour tout et n’importe quoi dans la campagne.

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avr 3, 2015

Histoires liées de mon permis de conduire et de mes talons de chéquiers

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Tous les 36 du mois, guère plus, je me souviens que je suis titulaire d’un permis de conduire les véhicules de tourisme et probablement les camionnettes en deça d’un tonnage dont je ne me suis jamais inquiétée, m’astreignant à ne me déplacer qu’avec des charges tenant dans un sac à dos, au pire dans un charriot à commissions si vraiment trop lourdes. Non que, lâchant lâchement le guidon de ma bicyclette, je me saisisse ces jours-là du volant d’un de engin carrossé et motorisé mais tout simplement à l’occasion du paiement par chèque d’une somme suffisamment conséquente pour qu’au passage en caisse il me soit réclamé deux pièces d’identité. Car de petite envergure dans mes moyens de locomotion je le suis également dans mes moyens de paiement : je suis restée fidèle aux chèques en papier qui présentent l’avantage d’être reliés en carnet offrant ainsi leurs souches à l’écriture, des informations relatives à la dépense certes, mais également de toute autre chose de moins de 24 cm2 urgente à consigner. Je paie par chèque et continuerai de le faire tant que ma banque postale m’en renouvellera les carnets (sans même que je les lui commande : elle sait à qui elle a à faire). Sans vouloir me vanter de ma collection, je précise à qui s’intéresserait à l’évolution des carnets de chèques de ces quatre dernières décennies, que j’ai conservé tous les talons des carnets utilisés depuis le tout premier, étrenné ou presque (chèque n°3 du 20 janvier 1975, le n°2 ayant été annulé, la petite croix signifie que le chèque a été encaissé) par l’achat d’une leçon de conduite. A la caisse, pendant que je signe mon chèque avalé/recraché/réavalé/rerecraché par l’imprimante autant que de besoin pour faire bonne impression, si derrière moi la queue s’allonge et trépigne, tant pis pour eux. D’ailleurs le plus souvent, ma carte nationale d’identité délivrée par la sous-préfecture d’Antony suffit à asseoir ma crédibilité. Mais quand il m’arrive, rarement – mes moyens ne me permettent pas d’en faire une habitude -, d’effectuer une emplette imposant que je déploie un volet supplémentaire de mon parte-carte pour en extraire le document cartonné rose qui redoublera la confiance de mon débiteur, je me souviens qu’autrefois, dans les temps où je recevais mon premier carnet de chèques par lettre recommandée à aller retirer en mains propres au bureau de poste qui existait encore dans le centre commercial qui existait encore de la cité de la Plaine, j’ai passé cet examen du permis de conduire (et même à plusieurs reprises). M’y préparer m’ayant radicalement passé l’envie d’en faire usage par la suite, mon permis est intact, ses points tiennent bon, je ne m’en suis jamais servie.

Vue aérienne de ma collection de talons de chéquiers rangés sur deux épaisseurs dans une boîte carrée en métal de biscuits Delacre.

Une version antérieure de ce texte avait été confiée à l’anonyme et collectif Convoi des glossolales le 5 août 2011.

mar 22, 2015

Principe de précaution par principe et mesure de

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Ces risques insensés que l’on prend à faire ne serait-ce que deux pas hors de chez soi.

Pour trois gouttes le sol se dérobe. Les trains jouent à cache cache. Les pickpockets sont susceptibles.

Je reste donc en mon for intérieur à regarder passer les autobus qui roulent dans les couloirs en dépit du bon sens. Et j’attends la pose du détecteur de fumée. Par mesure de précaution. Par principe.

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mar 9, 2015

Reconnaissance aux frères Lumière

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Je ne trouve ma place nulle part

sauf au cinéma

J’achète un billet

je trouve une place

facilement

même dans le noir

corbeille ou balcon

pas question de m’en déloger.

Les frères Lumière, qui auraient pu tout aussi bien s’appeler Abat-jour remarque pertinement Jean-Luc Godard,

pas question non plus de les déloger du balcon.

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déc 19, 2014

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