La semaine dernière mon père Amand Charles Sonnet né le 13 avril 1911 dans la ferme de la Broutière, au bord de la Varenne, sur la commune de Céaucé dans l’Orne, aurait eu 100 ans. Un siècle qu’il n’a vécu qu’aux trois-quarts et dont je n’ai partagé que 30 années avec lui.
Le jour du centenaire virtuel du forgeron normand, je me trouvais justement à parler de lui à des apprentis horticulteurs du CFA d’Hennebont dans le Morbihan, haut-lieu métallurgique puisque les forges d’Hennebont (implantées sur la commune limitrophe d’Inzinzac-Lochrist) ont produit pendant plus d’un siècle notamment du fer blanc, de celui dont les conserveries locales de poissons étaient grandes consommatrices.
Mais la production de boîtes en fer des forges d’Hennebont s’est aussi diversifiée, du fait que celles-ci abritaient également la première imprimerie sur métal française. Les dessinateurs des forges créaient donc aussi bien les motifs appelés à décorer des boîtes destinées aux sardines locales que ceux des boîtes commandées par les confiseurs nancéens pour leurs bergamottes.
Je passais ma deuxième semaine à Hennebont, après celle de janvier, à l’invitation de la ville, de la médiathèque, de la DRAC, de l’écomusée des anciennes forges, et de l’EPLEFPA St-Jean-Brévelay/Hennebont. Merci aux équipes enseignantes mobilisées, aux personnels de l’Ecomusée et de la médiathèque pour leur accueil, à Pascale libraire venue de Lorient et, bien sûr, à Bernard Molins, initiateur et maître d’oeuvre du projet hennebontais inscrit dans un ensemble plus largement breton.
En janvier, j’avais passé tout mon temps dans deux établissements publics d’enseignement horticole, avec de futures fleuristes et des apprentis en travaux paysagers dont j’ai la grande tristesse d’apprendre que l’un d’eux, Kevin, participant à l’atelier d’écriture qui nous avait réunis, a depuis perdu la vie dans un accident de la route.
Cette semaine d’avril, je l’ai pour partie consacrée à l’Ecomusée des anciennes forges, où, après une rencontre le jour de mon arrivée avec d’anciens travailleurs et enfants de travailleurs des forges, j’ai pu au cours de la semaine, revenir travailler sur le registre du personnel conservé par le musée.
Magnifique registre comme j’en ai rarement vus, moi pourtant familière du vieux papier. Celui là a été fabriqué à Nantes, par les frères Guéneux, imprimeurs papetiers spécialistes en fournitures de bureau. J’en ai soigneusement recopié la liste des ouvrières et tout ce qui les concernait, avec l’intention d’écrire d’une part (en historienne) sur la main d’oeuvre féminine des forges, d’autre part (en non-historienne) sur le registre lui même (ou plus exactement à propos du registre, sur je ne me le permettrais pas !), extraordinaire support d’écritures passé en plusieurs mains.
Quand je n’étais pas à l’Ecomusée d’Inzinzac-Lochrist, on me trouvait à la médiathèque Eugène Guillevic d’Hennebont, où avaient lieu des rencontres avec classes de bac pro horticoles et de collégiens, à propos du monde ouvrier et d’Atelier 62, et une dernière, publique, vendredi soir au cours de laquelle étaient évoqués à la fois Atelier 62 et Montparnasse monde. Occasion rêvée pour parler d’écritures au pluriel.