J’ai passé un beau samedi, hier, à fêter les 50 ans de la Petite bibliothèque ronde de Clamart. J’étais invitée à rejoindre les enfants et leurs familles qui la fréquentent aujourd’hui, ainsi que l’équipe qui l’anime aux côtés de Marion Moulin depuis 2014, parce qu’au premier jour de son ouverture, en octobre 1965, j’étais déjà là, impatiente d’en pousser la porte, du haut de mes presque 10 ans.
Belle et émouvante occasion de revenir en ce lieu qui a tellement compté comme je l’évoque dans le petit chapitre “Bibliothèque” d’Atelier 62. Grand plaisir à retrouver là, 50 ans après, les premières bibliothécaires qui nous y ont accueillis, nous ont ouvert un monde un peu plus vaste que celui de notre cité de la Plaine, nous ont fait confiance pour faire vivre avec elles un lieu dont l’extrême qualité de la conception, notamment architecturale, reste intacte. Etaient présentes hier Geneviève, qui dirigeait la bibliothèque alors de “La joie par les livres ” – du nom de l’association réunie autour du projet – fou – de la mécène Anne Gruner-Schlumberger, ainsi que Lise et Christine qui l’entouraient en un rayonnant trio.
Présents aussi d’autres lectrices et lecteurs de la première génération, en particulier Dominique, Patrick et Michel avec lesquels j’ai partagé, entre ces murs arrondis, tant de samedis après-midis occupés de clubs de lecture ou de théâtre ou encore de la mise au point du prochain journal. Retrouvailles avec le sentiment que nous nous sommes quittés la veille… Et tous les quatre de constater que ce que nous faisions aujourd’hui n’était pas sans lien avec les découvertes faites ici.
L’anniversaire était aussi l’occasion de découvrir le film réalisé par le jeune cinéaste Kaspar Vogler, La bibliothèque est à nous, qui a partagé le quotidien de la Petite bibliothèque ronde au printemps 2015, mais est aussi revenu, archives et entretiens aidant, sur son demi-siècle d’existence. Un beau film grâce auquel nous “les anciens” avons découvert combien aujourd’hui la bibliothèque était largement ouverte, au-delà des enfants, aux familles de la cité, et comment ses livres avaient été rejoints, dans une complémentarité intelligemment pensée et accompagnée, par les outils numériques indispensables à la lecture du monde d’aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas de faire aussi pousser des radis dans le jardin : c’est cela l’esprit du lieu.
Un film engagé, parce que, malgré son impérieuse nécessité pour les habitants du quartier, l’existence de la bibliothèque a connu des jours sombres – notamment une fermeture en 2006 – et en connaît encore du fait, notamment, de lourds travaux rendus nécessaires par l’âge du bâtiment dans un contexte peu propice à la pérennisation des idéaux sociaux et humanistes des années 1960. Souhaitons au film la meilleure diffusion possible et qu’il devienne à son tour archive incontournable quand on célèbrera le centenaire de la Petite bibliothèque ronde.