L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Archives for variétés parisiennes

Solitude de Condorcet, quai Conti, Paris 6e

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Pauvre Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794), cerné d’algécos et de palissades de chantiers qui l’affichent mal. Je me suis émue de son triste sort l’autre matin, au presque encore petit jour quand l’autobus 27 s’est obstiné à faire son Terminus Pont-Neuf et que j’ai continué à pied pour gagner la galerie Vivienne.

Cruelle mise en quarantaine posthume quand ses contemporains ne lui ont déjà pas fait de cadeaux. L’historienne de l’éducation des filles que je demeure (en dépit parfois des apparences) éprouve quant à elle une admiration certaine pour ce penseur des Lumières. Son Nouveau plan d’Instruction Publique présenté à l’Assemblée Législative le 20 avril 1792 est bien le seul plan d’éducation révolutionnaire revendiquant la mixité de l’enseignement au nom de l’égalité des sexes. Egalité évidente pour Condorcet et source, dès 1790, de son discours Sur l’admission des femmes au droit de cité. C’est dire si, de son vivant tristement abrégé, avec des idées pareilles Condorcet a suffisamment souffert de la solitude… Les algécos c’est trop.

Je m’aperçois que L’employée aux écritures éprouve une certaine fascination pour les algécos, si vous la partagez vous en trouverez d’autres sur le blog ici et .

jan 27, 2014

Complexité du bâti

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Un enchevêtrement tel que je me demande, passant en plein jour sur ce trottoir, comment la nuit venue chacun parvient à regagner son chez soi et ce qu’il advient des fors intérieurs, des prés carrés et du quant-à-soi de tout un chacun quand les logis s’emberlificotent pareillement.

Et les employés du cadastre, eux-mêmes, s’y retrouvent-ils mieux qu’une chatte qui aurait eu le malheur d’égarer ses petits dans le quartier ?

Ce qui est sûr, c’est que passant sur le boulevard, de l’autre côté, façades bien ordonnées, nul n’imagine le méli-mélo des arrières cours.

nov 11, 2013

Illustration d’un précédent propos

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Quand j’écrivais dans mon billet d’avant hier à propos de ce salon de coiffure que la porte était gardée par un chat angora installé sur un drap de bain plié dans un fauteuil placé précisément en travers de la porte sous l’affichette “Je suis dans l’appartement”, ce n’était pas une fiction. J’avais juste omis de préciser la couleur du drap de bain : disons framboise.

Vous remarquerez aussi sur le plan de travail la tête mannequin à côté de laquelle deux roses fanent tranquillement dans un soliflore bien qu’elles soient deux (*). A noter également, chose devenue rare dans les salons de coiffure, le casque de séchage accroché à sa potence articulée.

(*) Il ne s’agit en effet pas d’une rose unique dupliquée par son reflet dans le miroir comme l’on pourrait croire en passant trop vite.

sept 28, 2013

Mystère échevelé aux Feuillantines

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C’était ce matin dans la rue des Feuillantines, inexplicablement, entre mégots et débris végétaux, trois longues, longues, nattes de cheveux blonds abandonnées sur la chaussée, juste à la jointure du caniveau et du bitume, sur la petite bosse traître aux cyclistes.

Certes dans la rue des Feuillantines, en face du lycée spécialisé dans les arts du verre occupant l’emplacement du couvent des Feuillantines dans lequel Victor Hugo vécut enfant avec sa mère – une plaque sur le mur du lycée le rappelle – se trouve bien un salon de coiffure.

Mais salon des plus modestes, de quartier, à l’antique plutôt même qu’à l’ancienne, sans décorum, sans nom ni enseigne autre que “coiffure”(*), fermé le plus souvent, une affichette “Je suis dans l’appartement” apposée sur la porte à l’attention d’éventuelles passantes en mal de permanentes. Porte gardée par un chat angora installé sur un drap de bain plié dans un fauteuil placé précisément en travers de la porte sous l’affichette, si jamais vous vous avisiez d’entrer néanmoins.

Quand d’aventure la coiffeuse descend dudit appartement pour officier c’est généralement sur une tête (une seule à la fois) des plus chenue ayant depuis des lustres et belle lurette en veux-tu en voilà passé l’âge qu’on lui tire les nattes et n’offrant que de bien maigres mèches à tournicoter autour des quelques bigoudis qui suffiront à créer éphémère illusion. Même à grand renfort de laque sur la frisure obtenue au déroulé du bigoudis.

Je ne relie donc pas les reliefs capillaires découverts à ce salon. Le mystère reste entier.

(*) note de bas de page : un salon par conséquent indigne de figurer un jour dans l’Invent’Hair de Philippe Didion.

sept 26, 2013

De l’air, de l’air

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J’entends d’ici les Diafoirus, le père, le fils, en choeur

- Le poumon

-  Le poumon vous dis-je

- C’est ici qu’il habite !

août 10, 2013

Celle à sa croisée : une et multiple

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Comme moi désormais souvent scotchée à ma fenêtre sur le boulevard (j’habitais jusqu’à très récemment au bout d’une allée sans grand spectacle, ceci explique cela), mais elle réduite à sa plus simple absence d’expression, je l’ai aperçue ce jour vers 14 heures.

Quand je suis repassée vers 20 heures (j’avais fini ma journée) ma quasi voisine avait refermé sa croisée et s’était légèrement décalée vers la droite. Pourquoi ?

Elle m’a fait penser à la femme 100 têtes de Max Ernst. Le ciel avait changé lui aussi.

Additif : et ce lundi torride, à la croisée grande ouverte, elles étaient deux.

juil 19, 2013

Trottoir en fleurs

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Très jolie idée, vraiment, que l’emploi de papier peint pour dissimuler avec élégance ces tristes plaques bouche-trous de trottoirs en attente de rebitumisation. Espérons que l’heureuse initiative du service en charge des solutions de continuité temporaires de nos trottoirs parisiens à l’oeuvre rue Gay-Lussac fera école. Moi j’ai toujours été sensible aux motifs de papiers peints.

(Une fois passée par là au matin m’est restée dans la tête pour la journée cette chanson de Bobby Lapointe, avec sa  maison tapissée partout…)

juil 10, 2013

Fin de marché

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Le marché qui s’y tient les mardi, jeudi et samedi n’est pas le moindre des agréments du boulevard sur lequel j’habite depuis peu. J’aime en particulier voir, vers 13 heures, s’empiler les cageots, les paniers et la marchandise remballée par le marchand de légumes dont l’étal est juste à la verticale de ma fenêtre. Un artiste en heureuses compositions dont nous autres dans les étages sommes les seuls à pouvoir goûter toute la saveur.

Un peu plus tard, autour d’amoncellements de hasard, cageots jetés en vrac avec leurs derniers fruits ou légumes oubliés ou trop défraîchis pour repartir pour un tour, c’est l’heure des glaneuses et des glaneurs.

Je gardais très présent à l’esprit le beau film d’Agnès Varda et son glaneur humaniste du marché Edgar Quinet, figure familière à qui fréquente assidument le Montparnasse monde, mais je n’imaginais pas que les glaneurs puissent être aujourd’hui à Paris aussi nombreux ni aussi dissemblables. Un défilé de silhouettes de tous âges et de toutes mises, mêlant ceux qui passent en voisins chercheurs d’aubaines à ceux venus de plus loin, ballottés d’un marché à l’autre au gré des jours de la semaine et à qui, hormis les restes récupérés en fin de marché,  la vie ne fait pas de cadeaux.

juin 30, 2013

Le petit Bescherelle est demandé à l’accueil (en allant voir “Entrée du personnel”)

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Mon sang d’employée aux écritures n’a fait qu’un tour hier soir, passant devant la librairie Gibert Joseph, au vu de l’affichette prévenante placardée sur chacune de ses portes. Si vous souhaitez vous défaire d’un Bescherelle, d’un Grévisse, voire d’un Bled CP-CE1-CE2, courez leur vendre, ils en ont grand besoin.

Je descendais le boulevard Saint-Michel pour aller à l’Espace du même nom (cinéma où l’on ne peut payer sa place ni par carte bancaire ni par chèque – préparez votre monnaie) voir Entrée du personnel, film fort et terrifiant à bien des égards de Manuela Frésil. Il y est question du travail, de ses cadences et de ses effets dévastateurs sur la santé notamment musculo-squelettique des ouvriers et ouvrières dans les abattoirs de l’Ouest. (Et à propos de cadences et d’introduction de nouvelles machines qui sous couvert de progrès ne font que les accélérer, je croyais parfois entendre les gars du 62 évoquer leurs presses…)

Film à voir, bien sûr, dont je regrette juste qu’il soit dénué de contextualisation environnementalo-socio-économique – brèves allusions aux lois de la grande distribution et aux traites des maisons à payer mises à part. Mais comment traiter ce sujet sans en amont le relier à d’autres ravages à l’oeuvre sur la même terre, ceux de l’élevage intensif ? J’ai repensé à La vie moderne de Depardon et au beau Temps des grâces de Dominique Marchais, il me semble qu’avec celui de Manuela Frésil, ces films se complètent d’une certaine façon.

Entrée du personnel est d’abord un film sur le travail mais il dit aussi des choses sur notre rapport à la nature. Parce que si les bêtes entrent à l’abattoir sur leurs quatre ou deux pattes elles en sortent réduites en barquettes. Les images crues de l’industrialisation de leur mise à mort au service de nos assiettes suscitent nombre de questions, dont la moins dérangeante n’est pas : finalement, de ces bêtes, du personnel de l’abattoir et du consommateur, qui nourrit qui et à quel prix ?

mai 8, 2013

Bibliothèque Faidherbe jeudi 2 mai : du blog à la scène

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Plaisir à annoncer, juste avant déconnexion pour cause de déménagement (et souvenir ému du forfait mensuel de 3h avec lequel on s’était connecté pour la première fois en 1999 à l’arrivée dans cet appartement que nous quittons – c’était un autre siècle), cette lecture collective du blog à la scène à laquelle Mathilde Roux m’a conviée à me joindre jeudi 2 mai à 19 heures à la bibliothèque Faidherbe.

Dénominateur commun des textes lus : tous suscités par les échanges de blogs à blogs du premier vendredi du mois, opération autrement dite vases communicants. Je n’en détaille pas les participants parce qu’il faut que je retourne scotcher mes derniers cartons, mais l’affiche vous aidera à les reconnaître.

Donc si vous êtes à Paris et avez toujours rêvé de savoir, par exemple, qui ouvre ses belles Fenêtres open space ou qui se cache Pendant le week-end, rejoignez nous jeudi soir…

avr 28, 2013

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