Je me couds une robe (point par point)
Je fais nettoyer mon manteau
et vous m’emmenez danser
à Chinatown, NYC.
Photos faites dans ce quartier en avril 2014 : bientôt un an, il serait temps d’y retourner dans la ville des villes.
le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Je me couds une robe (point par point)
Je fais nettoyer mon manteau
et vous m’emmenez danser
à Chinatown, NYC.
Photos faites dans ce quartier en avril 2014 : bientôt un an, il serait temps d’y retourner dans la ville des villes.
Moins fort, s’il vous plaît,
plus loin, s’il vous plaît, écartez-vous
Place au rêve.
Dix visions saisies un samedi matin, entre Williamsburg et ses confins polonais, d’un entre-deux que les chantiers gagnent petit à petit ; les agences immobilières aussi. Je ne me souvenais pas en avoir vu autant en 2012. Je suis descendue du métro à Bedford Avenue, c’est sur la ligne L (Stand clear of the closing doors Please) et je suis partie vers le Nord jusqu’à Greenpoint. Place encore à l’imprédictible, mais pour combien de temps ?
Long arrêt, fascinée, devant cette petite figure méso-américaine du Metropolitan Museum – Female Figure, Mexico, Xochipala, 15th – 10 th B.C. (?), Ceramic, Anonymous Loan. Femme que, ne serait l’étiquette explicative, je prendrais pour ma contemporaine tant sa coiffure, l’habit sur ses épaules et le geste même de la pose de ce gilet-châle à côtes horizontales sont d’aujourd’hui, sont les miens. Je ne pourrais pas vraiment l’expliquer mais la précision des côtes et de la petite frange au bas du vêtement ne comptent pas pour rien dans l’émotion suscitée par le face à face avec la dame de Xochipala. Je sais bien peu de ce site archéologique de provenance, Xochipala, et moins encore du sculpteur ou de la vie des modèles des figurines qu’on y a trouvées, mais je sais bien notre ressemblance et forcément certaines de nos pensées communes.
La section Arts of Africa, Oceania, and the Americas était celle que je me proposais d’explorer plus en détail lors de cette troisième visite du musée. A chacun de mes séjours à New York, j’ai passé une belle journée au Metropolitan et je compte qu’il m’en faudrait bien encore au moins deux ou trois. Pour l’heure, impasse totale sur l’antiquité grecque et romaine comme sur les “64 500 square feet” consacrés aux arts d’Asie – rien que ça !
Quand on marche sur la High Line à New York en ce moment, la remontant du Sud vers le Nord – l’Hudson donc coulant à main gauche – on vient buter au bout des rails sur un chantier à l’échelle de tout ce qui se fait dans cette ville. Un chantier bien échafaudé : au point que l’on ne voit ni même ne devine quoi que ce soit de ce qu’ils fabriquent ou réparent derrière. On aura la surprise quand on y retournera – parce qu’à peine rentrée de mon troisième séjour en quatre ans dans cette ville je ne pense qu’à y repartir.
Comme je photographiais le savant assemblage, ma voisine de rambarde faisait de même et répondait, en substance et en VO, au compagnon qui lui demandait pourquoi elle saisissait cette image : If you ask me the shape of my mind, it looks like this.
Je ne crois pas mon esprit aussi confus ni aussi anguleux mais j’aime bien l’idée que le réseau de nos connexions neuronales tiendrait un peu de cette profusion. Et puis cela me rappelait la gare de La Rochelle en d’autres temps ; moi je photographiais par amour des beaux échafaudages et en hommage au travail des échafaudeurs.
Je m’étais d’ailleurs amusée, quelques jours plus tôt, visitant l’exposition Marville du Metropolitan Museum d’y découvrir la coupole du Panthéon parisien tout échafaudée lors des travaux de restauration consécutifs à la guerre de 1870, juste comme elle l’est actuellement, moins le capuchon blanc.
Soit cette enclave extraterritorialisée de la gare au droit des voie 9 voie 10, zone de friction TGV/Transilien : hé bien, je ne l’avais jamais remarquée jusqu’à une date très récente. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Mais je ne dois pas être la seule à ne pas m’être aperçue de son existence puisque même en heure de pointe – à Grand Central ils diraient pick hour – je n’ai aucune peine à en réaliser des clichés sans âme qui vive. Pas même celle d’un moineau comme il en picore souvent sur ce genre de table dans la gare. Ceci pour dire s’il n’y a pas un chat.
Grand Central j’y ai plusieurs fois, pendant mon séjour d’octobre dernier à New York, pris le Metro North Hudson Line de 8:20 a.m. pour Tarrytown (c’était pick hour – j’aime bien cette expression – le billet aller coûtait quelques dollars de plus que le billet retour). A Tarrytown m’attendait une voiture qui m’emmenait à Sleepy Hollow (oui,vous avez bien lu : Sleepy Hollow) au Rockefeller Archiv Center. C’est très bien organisé : on vient vous chercher et on vous ramène à la gare en voiture pour le 5:57 p.m. arrivée à Grand Central 6:39 p.m. La nuit tombait juste à ce moment là.
Mais je n’ai jamais réussi à photographier Grand Central : c’est trop pour moi. Pas à ma petite mesure de montparnassienne. J’arrivais en avance, buvais one single expresso, explorais la gare avant de prendre mon train, me demandais ce que pouvaient bien avoir dans la tête les hommes alignés sur les fauteuils capitonnés surélevés se faisant cirer les chaussures par trois jeunes femmes et un jeune homme (plus le caissier) latinos en uniformes, gilet vert, pantalon ou jupe noir. Les clients, car je n’ai jamais vu que des hommes se hisser jusqu’aux fauteuils peut-être vrai cuir, uniformes costume sombre cravate ; journal, tablette numérique ou ordinateur sous les yeux. A Montparnasse on vous fait coupe-brushing sur cheveux propres dans une belle bulle beauté au niveau Celio, pour dix euros, mais on n’entretient pas vos souliers.
Quoi qu’il en soit, mon prochain café in situ, je le bois au Manhattan’Store : j’ai trop peur qu’ils ferment boutique faute de fréquentation suffisante.
Rappel s’il en était besoin ou pour les nouveaux venus : outre une série sur ce blog, Montparnasse monde est aussi un livre paru aux éditions Le temps qu’il fait.
Des coups d’épingle, un jour, aboliront son commerce plus sûrement qu’un coup de dé le hasard.
Marchant vers un flea market ce samedi matin d’octobre, juste avant l’ouragan, tomber en arrêt devant le plus harmonieux alignement de pots de fleurs qui se puisse concevoir, insolemment insoucieux des grillages cadenassés et autres injonctions à ne pas stationner. Les dépassant même de plusieurs têtes.
Y repenser parfois depuis. Ce qu’il en en advint du bel alignement ? Si les pots et leurs coupelles avaient été rentrés à temps ? Moi de l’autre côté de l’East River j’avais reçu des instructions – débarrasser les rebords de fenêtres et les balcons – laissées bien en évidence pour mon successeur dans l’appartement de Washington Square Village.
C’est hier matin le brouillard qui cachait à la vue la moitié de la tour repère du Montparnasse monde – où ils n’ont toujours pas changé les ampoules des deux “s” du fronton de la gare – qui me ramène vers cette photo faite en octobre dernier lors de mon heureux séjour d’un mois à l’Institut Remarque, NYU, sur lequel se greffait une belle échappée ferroviaire montréalaise à bord de l’Adirondack.
Transposons : on prendrait le métro à Paris, Porte de Clignancourt, donc la ligne 4, et sortant au terminus Porte d’Orléans, il y aurait
entre la station et la plage une foire, à laquelle les mouettes tourneraient résolument le dos
et un concours idiot (chez nous on compterait les andouillettes) avec son male record et son female record, naturellement beaucoup moins spectaculaire, mais pour une fois cela nous serait bien égal,
de toutes façons, sur la plage, on les oublie vite Sonya Thomas et Joey Chestnut encore champions pour 256 jours 22 heures 47 minutes 52 secondes 7 dixièmes.
Juste qu’on leur envie Coney Island
et les étés indiens.