L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

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Lectures 1970-1973

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Pour essayer de répondre à la question posée par François Bon de ce qu’on a lu, et à quel âge, de plus déterminant pour le reste du parcours et pas seulement celui des lectures, mais en faisant l’impasse sur l’enfance et la première adolescence (pas envie d’y réfléchir maintenant).

Juste remonter un peu en partant de la pierre angulaire : la lecture d’A la Recherche du temps perdu, à 17 ans et demi très précisément, l’été après le bac en attendant la rentrée de la fac, tard en octobre. Les volumes, moitié livre de poche et moitié folio, achetés au fil des librairies accessibles cet été-là, passé en grande partie en Normandie sur un chantier de fouilles dans le Cotentin, ou dans la maison des parents : j’en ai acheté probablement à Caen, à Carentan, ou à Valognes si je me souviens bien, et puis à Bagnoles-de-l’Orne et à Domfront. Sur le chantier ma lecture, livre en main dès que je pose ma truelle, m’attire des réflexions du genre “un bon écrivain ne doit pas se sentir obligé d’emmerder le monde” – je laisse dire et j’avance, j’enchaîne, dans l’émerveillement.

Ce qui m’a permis de recevoir la Recherche si tôt et sans déperdition de compréhension – j’en reçois d’emblée tout ce que sa lecture peut m’apporter, je le sais pour y replonger régulièrement – ce sont les lectures des trois années précédentes prises en main par A. H. prof de lettres, toute jeune agrégée, que j’ai la chance d’avoir en seconde et en première. Plus de français en terminale (classe scientifique), mais nous sommes une poignée à continuer avec elle une heure par semaine et là plus du tout de programme, vannes grandes ouvertes.

Pendant trois ans A.H. nous secoue intellectuellement comme des pruniers, nous sort de notre torpeur. Nous assène dès le premier cours que 20 ans n’est pas le plus bel âge de la vie – on en a 15 ou 16 et on ne pense qu’à ça, en avoir 20 – pour enchaîner très vite qu’on ne naît pas femme on le devient, et on court derrière des idées et des livres pareils. On n’arrête plus. Des livres indissociables des collections dans lesquelles on les découvre, dont beaucoup n’existent plus, et qu’on écumera par la suite. Tous encore sur mes étagères.

On a démarré avec Nizan, Aden Arabie, dans la Petite collection Maspéro où elle nous fera vite acheter aussi Fanon Les damnés de la terre. Présence du futur, abordée par Bradbury, Chroniques martiennes. 10X18 on découvre avec Malson, Victor l’enfant sauvage de l’Aveyron, suivent Butor, La modification et les Vian évidemment. Freud, Introduction à la psychanalyse et Psychopathologie de la vie quotidienne en Petite bibliothèque Payot. Chez Folio, Cortazar, Les armes secrètes, Flaubert, Bouvard et Pécuchet, des Maupassant, Breton, Nadja et l’hôtel des grands hommes place du Panthéon qu’on ne verra plus autrement que comme un point de départ, et Le planetarium de Sarraute. Les Garnier-Flammarion blanc pour toujours ce sera Le lys dans la vallée “elle était comme vous le savez déjà…”. D’autres romans longtemps lus comme celui-là en boucle, mais en collection éponyme livre de poche : La princesse de Clèves, Gatsby le magnifique, Le bal du comte d’Orgel “et maintenant Mahau, dormez je le veux”, Madame Bovary et Nerval, Les filles du feu “le sang des Valois coulait dans ses veines” et Aurélia ”chacun sait que dans les rêves on ne voit jamais le soleil…”. En J’ai lu, on achète Les choses et on découvre Perec qu’on ne lâchera plus, et en Idées Gallimard Le deuxième sexe, un fameux vaccin.

Comme enveloppée de la gangue de ce qui reste de chacun d’eux, parée pour la Recherche. 

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mai 4, 2008

Les livres du soir

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Livres de mon côté et où j’en suis avec eux. Trois piles sur deux étages d’une petite table ronde en bois de pommier récemment substituée à une vieille chaise moins pratique pour poser des livres. Ils sont empilés sans hiérarchie d’estime d’un étage à l’autre ou du dessous au dessus des piles, alors classés ici par ordre alphabétique des auteurs (et secondairement par titre pour celui qui est présent deux fois). A l’étage du bas, aussi ma paire de lunettes qui ne sert que pour lire dans mon lit ; l’autre reste le soir sur mon bureau.

  • Lise Beninca Balayer, fermer, partir, lecture récente, belle découverte, conseillé aux trois amis avec qui j’ai dîné hier soir (parmi eux ma prof de lettres de 2nde et 1ère) comme nous parlions de maisons que nous avions à vider et fermer ;  C. l’a lu aussi : à ranger
  • Pierre Bergounioux La cécité d’Homère, acheté en juin 2007 au marché de la poésie en discutant longuement avec les éditeurs, Circé à Belval dans les Vosges, à qui C. en profite pour commander L’hydre et l’ascenseur, essai sur Heiner Müller de Jean-Pierre Morel qu’il a envie de lire depuis longtemps mais qu’ils n’ont pas apporté sur leur stand ; je garde à portée de main La cécité d’Homère dont je n’ai pas encore lu toutes les conférences
  • Pierre Bergounioux La Toussaint, acheté récemment après une première lecture il y a 2 ans et demi en l’ayant emprunté à la bibliothèque municipale. Intention de le relire avant de le ranger avec les autres livres de l’auteur
  • François Bon Temps machine, acheté à la librairie bien garnie du théâtre du Rond-Point l’hiver dernier quand j’étais allée voir La mastication des morts de Patrick Kermann, dont j’avais acheté le texte en même temps. Les deux ont été lus aussitôt, Kermann est rangé, je garde encore un peu Temps machine ici
  • Geneviève Fraisse Le privilège de Simone de Beauvoir, c’est tout nouveau et l’amie Geneviève vient de me l’envoyer, lecture prochaine
  • Jean-Paul Goux Mémoires de l’enclave, reparcouru avant à la table ronde “Littérature et mémoire ouvrière” à laquelle j’ai participé au salon du livre de Limoges, à ranger
  • Yannick Haenel Cercle, offert par des amis en décembre dernier, pas lu encore
  • Gérard Haller Fini mère, livre que j’avais eu envie de lire quand il est paru l’année dernière, acheté seulement en janvier dernier après la mort de la mienne de mère, lu un peu plus tard et je ne peux pas le ranger encore
  • Christoph Meckel Un inconnu, donné par notre éditeur commun une fois que je suis allée à Cognac, C. l’a lu et l’a aimé, moi pas encore
  • Jérôme Meizoz Père et passe, éditeur commun avec celui-là aussi, mais achat : beau texte lu et apprécié par C. aussi, mais pas envie de le ranger encore
  • Henri Michaux Oeuvres complètes 1 et 2 en Pléiade achetés d’occasion, je guette le tome 3. Pour piocher n’importe quand
  • Marcel Parent Paulhan citoyen, l’auteur, père d’un ex-collègue, me l’a offert à Limoges, pas encore lu mais je sais que ça concerne Paulhan conseiller municipal de Châtenay-Malabry, ville limitrophe d’ici ; j’avais écouté l’auteur quand il était passé chez Veinstein
  • Marius Daniel Popescu La symphonie du loup absorbé la moitié le week-end dernier, je le reprendrai ce soir, une belle découverte et la lecture des premières pages m’a rappelé le choc reçu il y a longtemps à l’ouverture de Cent ans de solitude dont j’avais lu deux fois de suite le premier chapitre pour être bien sûre de ce qui m’arrivait. Impression jamais retrouvée avec ce qu’a écrit Garcia Marquez par la suite, j’espère qu’avec Popescu ça continuera
  • Sei Shonagon Notes de chevet, pour picorer comme le titre l’indique, là à cet usage depuis un an
  • Romain Verger Grande Ourse, reçu en service de presse parce qu’il était au programme des mêmes mardis littéraires que mon Atelier 62. Impressionnant et gonflé comme livre, bien aimé et je l’ai dit à la radio (découvert comme ça l’existence d’un éditeur – Quidam – à Meudon, autre ville limitrophe) ; livre à ranger
Dans une pile, entre deux de ces livres, il y a une enveloppe avec l’écriture de ma mère “photos de L. et L., 2001″, elle est vide mais je la garde précieusement : je suis devenue avare de toutes ses traces.
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avr 19, 2008

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