le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Ne dites surtout pas au service cartographique de la RATP que l’usine a fermé il y a près de 20 ans, qu’ils sont tous partis (même si certains reviennent tourner autour), que les ateliers ont été dépecés, démolis (qu’on en a fait des livres en mots et en images), qu’il n’en reste plus rien et que l’on construit autre chose à la place : ils croient la forteresse ouvrière toujours dressée. Pas la peine d’aller désespérer les cartographes
qui ne savent pas que même le grand portail noir a disparu
(un jour
j’ai posé ma main dessus
il était grand temps).
L’écorchure de rouille à portée de la main. La persistance de l’usine fantôme dans la mémoire des cartographes. Le goût d’un dimanche d’août gris comme un loup.
Etait-ce passé ce portail que de longues files de voitures attendaient aux congés d’été les hommes fourbus d’une longue année de labeur, pour s’enquiller la Nationale 7 ou la route de l’Espagne ? En ces temps on ne désespérait pas le soleil…