le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Pour Anne à qui je disais récemment qu’échouaient chez L’employée aux écritures de nombreuses requêtes d’internautes portant sur des questions vestimentaires, ces quelques échantillons.
Au rayon dames certaines sont prévoyantes, songeant déjà à acheter des robes d’hiver en France et même des robes d’hiver pour toujours – souci d’éternité que ne partage pas celle qui veut une robe de moins de trente ans. Mais l’été n’a pas jeté ses derniers feux et les estivantes tardives – comme moi qui ne suis pas encore partie en vacances – rêvent encore d’une robe pour se promener le soir à porter sous un chapeau avec cerises. Ma boutique est fréquentée aussi par des clientes lettrées, sensibles aux souffrances du jeune Werther et désireuses de porter ses couleurs. Sinon, pourquoi vouloir assortir robe bleue souliers jaunes ou se lancer dans la recherche éperdue d’une robe jaune et bleue longue d’occasion avec malheureusement un budget limité contraignant à devoir se contenter d’une seconde main ?
Je me demande si la robe billet de métro que je suis incapable de fournir procède du même principe de confection qu’une robe vue dans mon enfance – mais sur qui et dans quelles circonstances je ne m’en souviens plus – résultant d’un assemblage de cravates de soie cousues bord à bord. D’abord on ne remarquait que le chatoiement et la bigarrure, et puis la porteuse-créatrice de la robe révélait son secret : la longueur qui était bonne avec le chic de l’effet cranté et l’ampleur évasée pile poil conférée par la forme des cravates. La matière des tickets de métro s’y prête moins, sans parler de la patience de la couturière.
Au rayon hommes, le vêtement de travail est bien porté, qu’il s’agisse du bleu de travail qui dit son usine, de la tenue professionnelle employé de rayon, qui dit son grand magasin (à ce propos, connaissez-vous le magnifique Calicot de Xavier-Edouard, Michel et Philippe Lejeune ?) ou du costume employé aux écritures XIXe siècle, dont les manchettes de lustrine s’usent sur les bureaux des ministères. Le dimanche et les jours fériés on se met sur son 31, on s’interroge sur le noeud papillon d’avant et de maintenant et, jusqu’à Montigny-le-Bretonneux, on cherche un gilet homme beau. La requête pour une robe de chambre homme n’est pas localisée mais proviendrait d’un Langrois que ça ne m’étonnerait pas, sans vouloir me mêler de ses affaires je lui déconseille toutefois de se défaire de sa vieille, il s’en mordra les doigts.
Une chose qu’il ne faut plus me demander, ce sont les jupes noires : le rayon est liquidé.
“robe bleue souliers jaunes”… on dirait du Marguerite Duras !
Merci Martine, je prends bonne note de tout cela !
Il me semble qu’un de tes visiteurs aurait pu te demander quelques détails sur la fameuse robe couleur du temps, également…
Merci pour cette étrange mise en garde quant à la robe de chambre à garder. J’ignorais qu’en changer pût avoir de si larges conséquences.
Curieux abandon, aussi, si radical de la jupe noire.
Employée, je me souviens que l’un de mes premiers commentaires était sur un forum du Tiers Livre dans lequel vous recommandiez une émission de radio diffusant quelque chose sur Delphine Seyrig, vous souvenez-vous de ça ? C’est la robe “couleur du temps” de la “dame des fenêtres” qui m’y fait penser, tiens…(merci pour le magnifique calicot)
billet dont je ne pourrais pas m’inspirer, au demeurant : une maquette d’un camp de nudistes, photo prise dans un musée de Berlin, me vaut sans cesse des recherches de type : “nudisme en Bretagne”, “nudisme à la plage”… point de vêtements, donc !
alors il te reste à Vêtir ceux qui sont nus avec Luigi !