le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Premier vendredi du mois : Cécile Portier, de la très belle Petite Racine, de Contact, de saphir antalgos, et de nombreux textes sur remue.net, rend visite à L’employée aux écritures et réciproquement. Nous nous sommes toutes les deux prises au mot : valises, il y aurait des valises dans notre échange. Et comme chaque mois, Brigitte Célérier a établi la liste des blogs participant aux “vases communicants” : merci à elle.
Voyager léger
C’est préférable de voyager léger. N’est-ce pas.
Est-ce vraiment raisonnable, alors, de prendre cette petite jupe d’été, ces 2 robes mi-saison, ces 3 pulls chauds, ces 4 jeans? Ces 5 petites culottes, les faut-il? Ces 6 paires de chaussettes?
Mieux vaut ne pas s’encombrer, d’accessoires ou de scrupules.
Alors laissons tout.
Pourtant, les petites culottes…
Mettons deux petites culottes et un scrupule en moins.
Mais lesquelles choisir? Celle à fleurs, celle à dentelles, celle en soie, celle en coton? Celle dont l’élastique lâche mais qui est si douce à porter, qu’on dirait qu’elle vous accompagne, comme une vieille amie bienveillante à qui on ne la fait plus? Ou bien celle-ci, sévère, inconfortable, mais plus élégante ?
Mettons cinq petites culottes mais un regret de plus (d’avoir renoncé à celle dont l’élastique lâche).
Mettons cinq petites culottes, mais si le temps est froid, s’il est chaud, si d’aventure il fallait aller danser, ou bien jardiner, ou bien ou bien ou bien…
Comment choisir entre la paire de galoches et celle d’escarpins, entre la pelisse et le maillot de bain?
C’est impossible de choisir.
Alors tout redéfaire, tout déballer.
Désespérer.
Et puis se dire cela, que ce qui pèse lourd ce n’est pas les choses qu’on emporte, mais ce qui les contient. Que ce qu’il faut, pour voyager léger, c’est une valise légère. Légère mais solide. Une valise qui tienne son contenu comme on dit de quelqu’un qu’il tient parole.
Les paroles données, les paroles tenues pèseront toujours moins lourd que les scrupules et les regrets.
Ce qu’il faut, c’est une valise à paroles.
Ca tombe bien, nous avons ça en magasin. Et avec elle, on peut y aller, ça tient sans craquer, la petite jupe d’été, les 2 robes mi-saison, les 3 pulls chauds, les 4 jeans, les 5 petites culottes, non, les 6, et puis aussi la brosse à dents, la brosse à cheveux, la brosse à sourcils, et même la brosse à reluire, ainsi que les 7 pêchés capitaux, les 8 merveilles du monde, les 9 vies du chat, les 10 commandements, les 11 coton-tiges, les 12 coups de minuit et les 36 chandelles.
Et va aussi pour les chemises de nuit et les petits bibis.
Valise en papier – suitcase mail – de l’artiste Vanessa Notley (et merci à Juliette Mezenc pour la découverte!)
Pas besoin de primaire pour ça, tous les hommes votent pour la petite culotte dont l’élastique flanche. Mais seuls les malappris oseront ajouter qu’une petite jupe d’été, c’est tellement agréable à porter, les jours de grand vent, non ?
c’est une manie sans doute, bénigne j’espère : j’aime les histoires de valises, & celle-ci est un petit bijou. Tiens, il n’y en avait pas dans la valise ?
D’accord avec leno. Un petit bijou ce texte, cette histoire de valise. La valise qui fait le voyage, et la route qui fait le paysage
Merci Cécile Portier.
impossible de choisir, je prends tout de ce très agréable moment !