le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Disposée sur un buffet bas ou, mieux, au creux d’une niche amplifiant son effet, on en attendait bien plus que la lumière – mais quoi au juste ? Le premier pied de lampe venu surmonté de son abat-jour petits plissés suffisait à nous éclairer. La lumière n’était donc pas l’enjeu et celle diffusée par les ampoules dissimulées dans les profondeurs avait à percer les écailles, arrêtes, viscères des poissons, avant de nous parvenir, tamisée. A quelle abyssale illusion demandions-nous à croire ?
Tant d’années après avoir rêvé qu’un tel objet entre dans mon décor d’enfance, je guette à chaque passage dans cette rue ce coin de vitrine avec l’espoir que la grotte qui est portable, munie d’une anse, n’a pas trouvé preneur. L’amateur porte-feuille garni, entré décidé dans la boutique et ressorti avec, à bout de bras, juste du papier bulle autour. Anse laissée libre pour le transport.
Je préfère les jours où l’antiquaire éclaire la grotte – le cordon électrique bleu bien que tortillé, le courant passe – pour m’aider à percer le mystère.
Ce bazar-là fait penser à ces petits bol de saké qu’on offre parfois dans les restaurants chinois – ou asiates- (y’en a un certain nombre par ici, probablement plus que dans le Montaprnasse Monde) , où après un sifflement on découvre en son fond une femme plus ou moins dévêtue – d’un goût disons douteux (la représentation, pas l’alcool) (encore que) (celle ou celui qui t’offre ce type de frivolité (pas le saké ni son bol, mais la “grotte marine”) est quand même à considérer avec une certaine méfiance) ( sinon une méfiance certaine, je trouve) (malgré tout et même pour Pâques) (hein)