le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Voilà que ce boulanger-pâtissier de la rue Delambre s’invente une nouvelle spécialité : le Montparnasse, étiqueté comme tel et placé d’honneur dans sa vitrine. Surgissement récent de ce gâteau dans le Montparnasse monde, recette secrète comme toute spécialité maison qui se respecte. Pas besoin d’être grand clerc ni maître queux, cependant, pour présumer que le chocolat figure en bonne place dans la liste des ingrédients. Je ne prends pas trop de risques non plus en présupposant que ce chocolat (de couverture à faire fondre dans une casserole au bain marie ?) est vigoureusement battu au fouet, à une certaine étape de la préparation, avec des oeufs (entiers ou blancs soigneusement séparés des jaunes et battus en neige ?), du sucre, de la farine stimulée par un sachet de levure et un corps gras – je ne sais pas si dans cette boutique la pâtisserie est pure beurre. Pas de grand mystère à imaginer ces quelques ingrédients et un modus operandi qui conduirait à la confection d’une sorte de cake au chocolat. Mais alors le secret ? Parce qu’il faut bien une touche personnelle, d’inspiration locale qui plus est, pour que le Montparnasse spécialité maison n”usurpe pas son appellation.
Certes, au lieu de me contenter de lécher la vitrine, je pourrais entrer dans la boutique et demander, rougissante, un Montparnasse, le déguster en bonne compagnie – je ne sais pas s’il en existe une version individuelle, comme en ce moment les bûchettes ramenant à des proportions amplement suffisantes leurs soeurs aînées crème au beurre – et tenter de percer par mes propres papilles ce secret (vous en faire profiter éventuellement si la recette me paraît bonne). Mais je n’en ferai rien : j’ai beau les reluquer dans un sens le matin, dans l’autre le soir (sauf le lundi jour de fermeture), le Montparnasse ne me met pas plus que ça l’eau à la bouche.
Je devrais néanmoins peut-être tenter un deal avec le boulanger-pâtissier de la rue Delambre : en échange de la publicité faite à son gâteau sur mon blog, une petite place en vitrine, à côté dudit gâteau, pour un excellent livre sur le quartier. Et lui suggérer l’instauration d’une carte de fidélité : pour cinq Montparnasse à croquer, un Montparnasse monde à dévorer. Irais-je jusqu’à lui proposer d’expérimenter la rencontre lecture/dégustation dans sa boutique un samedi après-midi ? Peut-être la bonne recette pour faire connaître in situ nos spécialités respectives…
Il aurait dû l’appeler le Delambre ça vous aurait eu un petit goût d’inconnu… (je l’aime bien cette petite rue-là)
Je trouve aussi l’appellation Montparnasse un tantinet présomptueuse, le Delambre semblerait plus approprié en effet.
Il pourrait appeler ses éclairs au chocolat des “BB 8500″, ça rappellerait ces belles locos…