le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
et à perte de vue, quand d’habitude il se trouve toujours quelques passants, quelques joggers considérant qu’au fond, de part ou d’autre des grilles, les longer, ça ne change pas grand chose, ou au moins quelques élèves du lycée, assis sur le muret, fumant l’interclasse. Sans parler de la longue file des cars de touristes, venus des PECO (langage de politologue/économiste/statisticien), et dont le stationnement le long du jardin est autorisé, sans doute même organisé et dument rémunéré à la ville. Les chauffeurs, chacun chez soi, tête dans le volant, en attendant. Entre les grilles, plusieurs fois j’ai photographié des poiriers bien élevés – mais pas cette année ; c’est un peu répétitif le cycle des saisons au Luxembourg. Pas blasée, non, juste en ce moment un léger accès de paresse photographique sur mes trajets quotidiens et leurs variantes – car c’en est une, et même une variante à variante : de part ou d’autre des grilles moi aussi, même si je ne vois pas la nécessité de courir.
J’avais lu “les chauffeurs, chacun chez soi, têtent dans le volant en attendant”, et de suite je m’imaginais des volants creux, dissimulant une bibine alcoolisée – le guide montagnard m’a fait la même il y a quelques années, dévissant son piolet, et puis quand même, ils risquent gros les chauffeurs s’ils sont topés à glouglouter à même le volant, j’en étais là de mes réflexions et puis je vous ai relue plus attentivement et…
Ouf.
Cependant, ne me refaites pas des coups pareils s’il vous plaît. Et puis je ne sais même pas ce que sont les “PECO”, alors, vous imaginez bien ce que je peux mettre là-dessous…
- heu pays d’europe centrale et orientale (les nouveaux venus, là, type bulgares, roms ou autre polonais dont l’idéal typique se présente en plombier-enfin se présentait, car ils en sont revenus vu que l’ignoble de beauvau s’enorgueillit de les chasser par plus trente mille à l’année)
c’est une de mes rues préférées de la rive gauche, avec celle de l’abbé de l’épée (mais c’est pour son nom,je ne sais pas) (elle suit la votre d’ailleurs, en passant par Louis Marin…) (il y a aussi le boyau nommé Visconti que j’aime bien enfin) celle-ci était (est toujours) juste à côté de ce bâtiment de briques rouges arabisant où on enseignait le cinéma (l’institut d’arts et archéologie) aussi se promenait-on sur cette voie (mais de nos jours, à présent, maintenant je n’y vais que tard le soir et il n’y a pas un chat, ni un abbé ni même un car, il y a la lumière des lampadaires, peu de bruits, on longe ces grilles, au loin bruissent les arbres et les sculptures, le vent domine un peu, si on avance on aperçoit dans l’ombre sur sa droite le dôme de l’Observatoire, là où Mitterrand failli bien périr corps et âme, enfin toute une pléthore d’événements et de bruits qui hantent cette si belle rue…) (j’en passe)