le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Plaisir à voir, aux beaux jours entre midi et trois heures de l’après-midi, les pelouses du Jardin Atlantique dressées en nappes d’un vaste pique-nique fraternel. Déjeunent côte à côte des groupes d’écoliers, grands banlieusards ou provinciaux, en voyage de fin d’année scolaire à Paris – économes à midi – et des grappes d’employés – collègues et néanmoins amis comme on dit – descendus des murs de bureaux enserrant le jardin ; prêteurs de tire-bouchons à l’occasion. Commensaux sur herbe, partagés entre chercheurs d’ombres, serrés aux pieds des arbres, et goûteurs de soleil cru, étalés, moins vêtus, face au ciel. Presque le silence. Pourtant la gare en dessous, mais juste quelques respirations perceptibles par ses ouies. Savoir et sentir sa présence. Café, si on veut, pour finir, à la cafétéria des tennis, ouverte à tous mais que bien peu des traverseurs du jardin devinent.
Je parle toujours des carrés aux lavandes, mais en fait les planches sont rectangulaires, deux, symétriques, à la naissance de l’axe central du jardin menant de la gare au demi-cercle des bureaux Nord-Pont. Au début de l’hiver, la terre en est soigneusement retournée. Au printemps, dès que les lavandes sortent de terre, le carré de gauche (quand on se tient le dos tourné à la gare, le regard vers la campagne) prend de l’avance sur celui de droite et il la gardera jusqu’au terme de la floraison. Avance qui s’explique mal, tant tout semble pareil. Même surface de plantation, même épaisseur de terre (on le suppose) importée au coeur de la minéralité du jardin, même soins, dépourvus de favoritisme, de la part de l’équipe des jardiniers – souvent des jardinières. Reste l’ensoleillement : les deux longues façades vitrées latérales au jardin déjoueraient toutes ces symétries en n’assurant pas la même réverbération ? Au détriment constant du même carré aux lavandes.
Traversé récemment, le Jardin Atlantique. Il était désert et glacé, balayé par les vents – comme l’Océan.
Pour ma part, j’ai un truc avec la rive gauche… Hors Austerlitz et Montparnasse point de salut, je sais bien, mais tout de même, il est rare … mais l’envie ne manque pas (cependant avec la pluie, le vent, la glace aussi, on va attendre…)
La corporation des jardiniers a quelque chose, à Paris (les jardins à la française, sûrement) on devrait regarder ça d’un peu plus près, juste pour savoir… )
quand tu parles des carrés aux lavandes, qu’est-ce qu’elles te répondent?
Ne me dis pas que la conversation tourne en rond…
Un bonjour de mon jardin atlantique.
elles me répondent petits sachets de fleurs séchées en tissu, fermés par un ruban, accrochés à l’intérieur des portes ou glissés entre les piles de draps sur les planches de hautes armoires normandes
L’image est d’un juste émouvant…L’armoire normande, bien sûr. Lourde, avec des reflets de cire sur les portes, les draps tout en haut, soigneusement pliés des tiroirs au milieu où on range les papiers de la maison.
la raréfaction de mes passages à Montparnasse, alors que jeune c’était une partie de mon cadre, date (sauf Vavin qui est tout de même assez loin) date presque de la construction de la gare d’avant les TGV et je n’ai jamais pu apprivoiser ce jardin (vraisemblablement un décalage dans l’arrivée de la lumière, non .)