le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Soit cette enclave extraterritorialisée de la gare au droit des voie 9 voie 10, zone de friction TGV/Transilien : hé bien, je ne l’avais jamais remarquée jusqu’à une date très récente. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Mais je ne dois pas être la seule à ne pas m’être aperçue de son existence puisque même en heure de pointe – à Grand Central ils diraient pick hour – je n’ai aucune peine à en réaliser des clichés sans âme qui vive. Pas même celle d’un moineau comme il en picore souvent sur ce genre de table dans la gare. Ceci pour dire s’il n’y a pas un chat.
Grand Central j’y ai plusieurs fois, pendant mon séjour d’octobre dernier à New York, pris le Metro North Hudson Line de 8:20 a.m. pour Tarrytown (c’était pick hour – j’aime bien cette expression – le billet aller coûtait quelques dollars de plus que le billet retour). A Tarrytown m’attendait une voiture qui m’emmenait à Sleepy Hollow (oui,vous avez bien lu : Sleepy Hollow) au Rockefeller Archiv Center. C’est très bien organisé : on vient vous chercher et on vous ramène à la gare en voiture pour le 5:57 p.m. arrivée à Grand Central 6:39 p.m. La nuit tombait juste à ce moment là.
Mais je n’ai jamais réussi à photographier Grand Central : c’est trop pour moi. Pas à ma petite mesure de montparnassienne. J’arrivais en avance, buvais one single expresso, explorais la gare avant de prendre mon train, me demandais ce que pouvaient bien avoir dans la tête les hommes alignés sur les fauteuils capitonnés surélevés se faisant cirer les chaussures par trois jeunes femmes et un jeune homme (plus le caissier) latinos en uniformes, gilet vert, pantalon ou jupe noir. Les clients, car je n’ai jamais vu que des hommes se hisser jusqu’aux fauteuils peut-être vrai cuir, uniformes costume sombre cravate ; journal, tablette numérique ou ordinateur sous les yeux. A Montparnasse on vous fait coupe-brushing sur cheveux propres dans une belle bulle beauté au niveau Celio, pour dix euros, mais on n’entretient pas vos souliers.
Quoi qu’il en soit, mon prochain café in situ, je le bois au Manhattan’Store : j’ai trop peur qu’ils ferment boutique faute de fréquentation suffisante.
Rappel s’il en était besoin ou pour les nouveaux venus : outre une série sur ce blog, Montparnasse monde est aussi un livre paru aux éditions Le temps qu’il fait.