le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Je les entends d’ici les pleurs de l’enfant tiré si vigoureusement par la main hors du wagon de métro qu’il en lâche sa poignée de bonbons gélifiés qui ne trouvent rien de mieux à faire que d’aller se loger dans la rainure.
Et pas question de ramasser. Frites, oursons, billes multicolores perdus à jamais. “Je ne t’en rachèterai pas – même pas capable d’y faire attention – encore de l’argent fichu en l’air”.
Cette perte (ir)réparable serait immédiatement oubliée dès la première boulangerie venue (puisque père de deux filles, je ne crois pas avoir jamais grondé l’une d’entre elles pour avoir laissé tomber une frite (de pomme terre, je ne leur achetais pas de bonbons…) ou pour quelqu’autre maladresse) (sans doute parce que tellement maladroit moi-même) (en revanche je me permets d’illustrer votre titre, Employée : ici http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-hommage-a-j-b-pontalis-2013-01-16 on écoutera une voix qu’on n’entendra plus, imitant avec drôlerie Jacques Lacan)
Ne vous méprenez pas : il s’agit d’une fiction. Il m’arrive parfois d’imaginer des choses. Pour le reste et le monde vrai, vous avez parfaitement raison, la perte irréparable, c’est celle de cette voix.
Comme aurait dit Lacan : “le bonbon, c’est ça, la perte appelle l’en-deçà des rails”.