le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Soit le bureau de poste au bout de la rue dans laquelle je me rends quotidiennement à mon bureau. Il y avait deux boîtes. Il n’y en a plus qu’une. Celle qui reste recueille seulement le courrier destiné à nos cousins de Province, des DOM et de l’étranger, le long courrier. Ce qui tombe plutôt bien puisque ce matin j’envoyais une lettre verte à Limoges où je n’ai pas de cousinage mais des factures de télécommunications à régler. Mon TIP a donc pu partir. Ceux à qui on ne peut plus écrire sont les habitants de la capitale (fente à gauche de la boîte disparue) et de sa couronne (fente à droite).
Je me demande qui a bien pu partir avec la boîte.
La solitude de sa jumelle m’a rappelé le beau film Martin et Léa, d’Alain Cavalier (1979), pour sa scène où le héros qui se mord les doigts de ce qu’il vient d’écrire et poster à son amoureuse, impuissant à rattraper la missive, incendie la boîte qui l’enferme. Je pense que nous sommes en présence d’un événement du même ordre, sauf que l’épistolier au repentir n’avait pas de briquet sur lui mais un tournevis.
Ce qui est sûr c’est qu’à Paris ou dans sa couronne, une lettre de rupture – à moins qu’il s’agisse d’une déclaration enflammée – n’arrivera pas à sa ou son destinataire. Bien que j’habite Paris, qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, je ne pense pas qu’elle m’était adressée.
Ce qui ne m’empêche pas d’être choquée par l’atteinte au mobilier postal urbain constatée ce matin : j’ai toujours été maniaque avec le courrier.
Est-ce là une manifestation de la présence/absence du Grand Paris dans les faits (qui peut savoir ?) ? Je trouve votre explication tout à fait plausible, Employée, mais cependant je mets en doute la pertinence de l’idée ayant présidé au choix de celui (ou celle) qui s’est emparé de cet objet que, pour ma part, je trouve assez laid (s’il se pouvait, je vous posterais (!) ici un travail sur une boîte aux lettres améliorée, réalisé par un de nos contemporains) (peut-être vous arrivera-t-elle par mail, qui sait ?)