le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Là-bas, ces jours derniers, par devant notaire j’ai vendu ma maison. Je photographie avant de partir tous les panneaux de sorties de ville, sauf un. Je me laisse une porte ouverte pour y refaire de temps en temps une apparition. Pas trop souvent ni trop longtemps : je m’ennuie à la campagne, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai vendu la maison que je possédais dans ma cité natale. La maison se situait dans le bourg, à un carrefour. Mais même là, j’ai fini par m’ennuyer : il y a de moins en moins de vie dans nos bourgs de campagne.
Une autre des raisons, et non la moindre, pour laquelle j’ai vendu ma maison est la suppression depuis le 1er janvier 2014 du service de taxi collectif, seul forme – sous conditions d’horaires et réservation – de transport public desservant cette localité ayant la mauvaise fortune de se situer à la limite de l’Orne et de la Mayenne, donc de la Basse-Normandie et des Pays de Loire.
Absurdité de la situation : côté Orne, venant en train de Paris-Montparnasse-Vaugirard à Flers (ce qui en soi est déjà presque un exploit tant la ligne Paris-Granville est peu fiable) vous trouvez un autocar qui vous amène pour 2 euros à Domfront, mais il vous reste 10 km à parcourir pour atteindre Céaucé ; côté Mayenne, venant en TGV de Paris à Laval vous trouvez deux autocars qui vous amènent pour 2 euros de Laval à Mayenne puis de Mayenne à Ambrières-les-Vallées, mais il vous reste aussi 10 km à parcourir pour atteindre Céaucé. Entre les deux, rien de rien. Paradoxe des temps : jusqu’à la mise en place du TGV Ouest, un autocar assurait quotidiennement la liaison Laval-Domfront, se jouant des frontières de départements et régions… Je doute malheureusement que la réforme territoriale en cours empêche les uns et les autres de continuer à s’ignorer superbement.
Pour vendre et vider ma maison, j’y suis allée six fois depuis mai dernier. J’ai calculé que ces 6 voyages m’ont coûté, SNCF et taxis complémentaires compris, 832 euros soit un aller-retour Paris-New York.