L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

De la qualité du sommeil selon son éternité ou pas

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Posted by ms on 2 août 2015 at 20:08

Ces temps-ci un homme, pas jeune, vient souvent dormir sur un banc entre contre-allée et boulevard. Il glisse un semblant d’oreiller sous sa tête et pose sur lui une large couverture de laine rose format lit pour deux personnes  dont les pans flottent de chaque côté du banc. Il ne s’enveloppe pas et personne pour le border. Au pied du banc, posés, deux grands sacs plastiques dans lesquels il rangera son attirail une fois son somme fait, avant de disparaître du quartier aussi discrètement qu’il y est apparu. A certaines heures du jour et en fonction de l’ensoleillement, l’homme qui n’est pas remarquable sauf quand il dort sous sa couverture rose, se reflète dans la vitrine de l’une des nombreuses officines de pompes funèbres – j’en compte sept dans un rayon de moins de 5 minutes à pied – ceinturant les deux hôpitaux du quartier. (Profusion d’offre de services qui laisserait à penser quant à la confiance relative accordée à ces établissements). Sous un certain angle l’homme couché se reflète en surimpression des panneaux muraux latéraux de la boutique exposant au choix du client la gamme des cercueils et de leurs habillages. Du satin, de la soie qui sait ? Du doux et du moelleux dans une débauche de coussinets et de petits volants. Fugitive mais troublante surimpression du dormeur du banc au sommeil dépouillé de tout égard et des petits soins garantis au sommeil éternel par la Maison R*** qui sait y faire depuis le temps qu’elle bichonne chèrement les chers disparus. Paradoxe de ce confort, aussi vain que dispendieux, offert au repos des morts quand tant de vivants dorment aujourd’hui à la rue, la nuit le jour, comme et où ils peuvent, dans la ville.

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2 Comments

  • On 7 août 2015 at 8:30 Dominique Hasselmann said

    Vu récemment que ROC ECLERC, une filiale style B*** des hypermarchés du même nom, s’était fait racheter par FUNÉCAP afin de former un groupe qui porte enfin de grandes pompes.

    Je note que ce banc, de plus en plus rare dans nos espaces urbains (ou dans les gares et métros) n’est pas encore scindé de petits arceaux (ou de picots métalliques) empêchant la station allongée. Une adresse à indiquer !

  • On 10 août 2015 at 13:47 PdB said

    (il y a dans ce monde quelque chose qui me dit que cette éventualité qui, en août donc, et pour cette personne “pas jeune” dites-vous, nous serait promise : parfois ce fantasme m’effleure, j’ai alors sur la peau du dos, de sueur, des gouttes qui se forment, sous mon nez sans moustache d’autres m’humidifient, un frisson tout entier me parcourt)
    Il n’existe, en face du cimetière de Belleville (il se trouve tout en haut de la rue, nous y fûmes un jour alternativement, monsieur Hasselmann et moi-même, afin d’échanger nos respectives adresses virtuelles lors de Vases Communicants) qu’une officine d’un même acabit -elle est au 267- qui indique (sur son site) :
    « la présidente du directoire compte poursuivre les nombreuses opportunités de développement qui s’offrent au groupe aussi bien sur le territoire national et les régions d’outre-mer, qu’en Europe “.
    Certes galamment dit : devant nous sont les beaux jours…

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