le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
C’est, dans la ville de Porto, au bout d’une courte rue qui porte bien son nom et le portait mieux encore avant, quand elle s’appelait Rua do Cemiterio, mais sans doute que ceux de l’hôtel, seul édifice un peu conséquent dans cette rue sans façons, n’appréciaient guère cette adresse à tête d’enterrement.
Alors on a débaptisé la rue, préféré comme enseigne la Méditation qui laisse entendre qu’on y dort bien. Ce que les occupants du bout ne démentiront pas, eux qui ne font pas qu’y passer et au service desquels fleurit l’inévitable petit commerce de la dernière heure.
Manoel de Oliveira (1908-2015) repose là, à quelques pas de l’entrée du cimetière d’Agramonte, auprès de quatre des siens, à l’abri d’un toit qui pourrait en abriter un de plus. A moins que Manoel ne soit le dernier : les autres sont là depuis si longtemps. Un homme sans plus de contemporains à force de vivre.
J’aime bien les autres “occupations” indiquées pour ce cinéaste à la longue vie et aux films captivants dans leur originalité fixée.
Ce cimetière mériterait également, en plus de vos photos cadrées (comme on dit d’un tir réussi au foot), un lent travelling arrière – mais pas depuis une caméra installée sur le capot d’une voiture de course.