le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Soit ce que je j’écrivais ici-même le 18 avril 2009 de ce magasin, quand Montparnasse monde était le feuilleton du samedi de ce blog :
Extension de la gare : à Inno, appellation qui proviendrait de l’abréviation d’une enseigne antérieure, “Innovation”, mais c’est sans importance et d’ailleurs depuis les travaux de l’été 2007 ils ont rebaptisé « Monoprix » ce supermarché de la rue du Départ. Manoeuvres fréquentes dans l’univers de la grande distribution. Ne plus dire aux miens que je fais les « courses à Inno en rentrant », le temps qu’il me faudra. Et penser à me faire établir la carte Monoprix pour répondre enfin « oui » au passage en caisse : à chaque client ils demandent et moi, tête baissée fourrageant dans mes sacs, un « non » contrit. Inno traversé aussi en ligne droite, sans céder à la séduction des gondoles, comme raccourci propre à gagner au plus vite la place Edgar Quinet depuis la rue de l’Arrivée et vice versa. Plaisir gratuit renouvelable à l’infini de passer la porte au tambour tournant sans altérer d’un bémol le rythme de ma marche. Aux comptoirs longés, bouffées successives et rapprochées de soupe asiatique qui réchauffe, de viennoiseries qui cuisent et de café qu’on moud. Racourci pratiquable du lundi au vendredi de 9 h à 21 h 50, 20 h 50 le samedi.
Soit cette image saisie hier comme j’y faisais mes courses de vendredi soir,
occasion de constater (comme je l’ai signalé immédiatement sur twitter) que je n’étais pas la seule à me souvenir de ces temps anciens. Relisant sept ans après l’épisode de mon vieux feuilleton consacré au magasin, un certain nombre de mises à jour m’apparaissent indispensables :
1) Je ne dis plus jamais que je fais des “courses à Inno en rentrant” puisque depuis près de trois ans que j’habite Paris intra muros et plus précisément les confins du Montparnasse monde, j’y vais exprès et non plus en passant sur mon chemin de retour quotidien en banlieue. Quand je saisis mon cabas toilé réutilisable (aux armes d’un Proxi normand) il me suffit de dire que “je vais faire des courses à Inno”point.
2) Je réponds désormais oui quand on me demande en caisse si j’ai la carte Monoprix, puisque mon intention exprimée en 2009 s’est depuis traduite dans les faits.
3) J’accède dorénavant au magasin le plus souvent côté Edgar Quinet, entrée dépourvue de porte à tambour. De même lorsqu’il m’arrive de l’utiliser encore comme raccourci pour gagner la gare.
4) La bonne odeur de café a disparu avec la fermeture récente de l’espace Malongo que je regrette infiniment ainsi que son personnel sympathique. Une enseigne de café américain, que je boycotte systématiquement, devrait prendre la place m’a-t-on dit à l’accueil quand je me suis inquiétée de la disparition du café Malongo.
5) Attention, les horaires d’ouverture que j’indiquais ne sont plus valables. Le magasin ferme désormais à 21h du lundi au samedi.
et donc, si je comprends bien, vous restez sur l’ancienne appellation (bien que ce cafetier ait été viré) pour faire vos courses dans la nouvelle (?) enseigne : je vous trouve bien conciliante (en même temps où aller sinon , je sais bien) (il y avait dans le temps – je me demande si je ne radote pas par rapport au commentaire que je me suis certainement permis de poser sur le billet d’il y a sept ans – un magasin de cette chaîne rue de Passy où allait je ne sais plus qui (une tante, ou une cousine que sais-je, je ne goûte point cette partie de ma famille) (l’autre à peine plus, mais comme elles se sont plus ou moins réunies à un autre moment, je ne sais plus trop qu’en dire) (enfin bref hein) laquelle disais la même chose que vous, à savoir “je fais des courses chez Inno en rentrant” (et en effet, elle ne disait pas “à” mais “chez”…)
L’innovation va loin (What else ?)…
“Le Paris où nous marchons
N’est pas celui où nous marchâmes
Et nous avançons sans flamme
Vers celui que nous laisserons.”
Jacques Roubaud, d’après Raymond Queneau
“La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le coeur des humains”
Vous écriviez déjà, page 66 de “Montparnasse monde” : “Si le Montparnasse monde bouge en même temps que je l’écris, je n’aurai jamais fini.”
Merci de vous en souvenir et merci pour vos commentaires bienvenus (comme Montparnasse…)