le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Saisie au vol, cette cithare posée au bas de la vitrine du loueur d’instruments de musique, sur le boulevard en descendant vers les Gobelins. Décorative, je ne pense pas qu’elle soit à louer.
Cette cithare m’en a rappelée une autre, une réplique un peu plus petite, au bois plus clair, pareillement pourvue de sa clé, mais une clé moins ouvragée si je me souviens bien. La cithare était arrivée chez nous, un Noël du tout début des années soixante de l’autre siècle, par la grâce du Comité d’établissement de la Régie Nationale des Usines Renault. Cadeau aux enfants du personnel.
Les cordes de cette cithare sans prétention autre que d’amusement enfantin, justement pincées, jouaient parfaitement leur partition. C’est peut-être ce qui a le plus attiré mon attention comme je passais devant la boutique du loueur, ce jeu de partitions surgies du fond de mon âge, glissées entre table et cordes. Nous avions exactement les mêmes, feuilles cartonnées à la savante découpe trapézoïdale tronquée et aux notes hors de portées.
Pas besoin de connaître la musique, oeil et doigts agiles, aptes à suivre leurs zigs et leurs zags suffisaient à faire naître la mélodie, pas forcément au bon tempo, mais reconnaissable. Que des airs relevant d’un répertoire assez populaire pour supporter nos anicroches sans perdre leur entrain.
Et je trouvais ce système de notation musicale absolument prodigieux : une invention sur mesure faite pour nous.
(vos billets nous manquent quand même) (vous devriez croiser plus souvent ce type d’objet réminiscent) (ce que j’en dis…) (cet épisode du CE Billancourt – je fais court – je ne veux pas désespérer non plus – me fait souvenir de celui de la Compagnie Française GoodYear – qui, si lâchement, a abandonné, voilà peu, le lieu et ceux – et celles, moins nombreuses – qui y oeuvraient (ouverture de l’usine en 60 du siècle dernier)- remise des cadeaux au Cirque en dur du Mail Albert Premier ou au cinéma Le Picardy de la rue Ernest Cauvin – ça n’existe plus qu’en piéton cette voie, et le ciné a été remplace par des fringuistes – et en place de cithare, je reçus une année (62ou3) un garage (mon père y bossait en Tunisie) (modèle réduit, malheureusement) (le cadeau, je veux dire) enfin tout ça – les cadeaux vont au genre comme le gant à la main
J’ai “découvert” votre écriture (donc vous) fort tard (avec “Atelier 62″) – mais pas trop (tard), heureusement !- Elle (vous) me bouleverse(z). Totalement. Et les mots me manquent…
Jolie vitrine des réminiscences…
La cithare me fait penser au sitar que j’avais ramené d’Inde mais très difficile à jouer et qui, un jour, las sans doute d’être à Paris et non plus à New Delhi, fendilla sa coque de manière irrémédiable à cause du climat hivernal et du chauffage, Ravi Shankar était encore vivant à l’époque.