le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Difficile ces jours-ci dans le quartier de ne pas savoir qu’il s’y tourne un film – intitulé Redoutable – à grand branle-bas de combats de rue : voies de circulations coupées, bus détournés, stationnement et trottoirs interdits même aux piétons. Il s’agit d’un film de Michel Hazanavicius dont je n’ai jamais vu aucune réalisation et donc sur lequel je n’ai pas d’avis critique cinématographiquement éclairé. La question n’est pas là. Ce qui me trouble dans ce tournage ce sont les moyens matériels et humains considérables mis en oeuvre pour reconstituer le Paris de mai 1968, ses vitrines, ses kiosques, ses affiches, ses voitures, ses cars de CRS, ses manifestants, etc., ; bref, replanter le décor pour de vrai d’un mois chargé en événements comme chacun sait et dont beaucoup d’images ont été archivées. Si j’ai bien compris de quoi il re-tourne, le film raconte les amours d’alors de Jean-Luc Godard (dont j’ai déjà vu des films) et d’Anne Wiazemski.
Difficile de ne pas songer qu’évoqués à bien moindre frais, de forts souvenirs restent d’autres amours par chaudes journées parisiennes, qu’il s’agisse des amours de Frédéric et de Rosanette en 1848 ou de celles de Marius et de Cosette en 1830. Dans 150 ans que restera-t-il de Redoutable ? Je ne peux m’empêcher de penser au coût de la reconstitution de ce mai 1968 en me demandant si le rapport investissement/trace durable sera aussi bon chez Hazanavicius que chez Flaubert et Hugo. A vrai dire je suis quasi sûre du contraire, même si l’on peut toujours se réjouir, en attendant, des heures de travail qu’un tel tournage assure à nombre de comédiens, figurants et techniciens.
PS1 à propos des manifestants, si je peux me permettre : il m’a semblé l’autre soir comme je les voyais affronter un cordon de CRS à boucliers ronds type couvercles de lessiveuses au bout du boulevard Raspail, qu’ils projetaient beaucoup trop en hauteur les faux pavés qu’on leur avait distribués étant donné le poids des vrais.
PS2 à propos de Jean-Luc Godard et d’Anne Wiazemski, si je peux me permettre : ils en pensent quoi de ce cinéma ?
Moi, j’ai vu le film The Artist de Michel Hazanavicius… j’ai adoré mais ce branle-bas de combat pour Redoutable (j’habite pas le même quartier, ça ne m’a pas dérangé) mais j’étais dans le quartier en mai 1968… pas évident d’en recréer l’atmosphère, les gaz lacrymogène que je me suis reçues dans les narines et dans les yeux… (ça, pas difficile d’en respirer encore)… Bon, ce que tu nous dis m’amuse et ne m’incite pas à voir dans (X mois) REDOUTABLE. (Bof!) En tout cas, tu as bien fait d’en parler (d’en écrire plutôt).
Une scène de la vie parisienne au mois d’aout 2016…
(il me semble que le mieux, dans “The Artist”, ce furent ses dialogues)(je ne goûte guère le premier rôle masculin de ce film, ni du suivant de ce réalisateur : d’ailleurs, je n’ai vu aucun de ses films – ce n’est pas à mon honneur, je le reconnais) La privatisation des voies publiques, comme des emplacements de parking et autres trottoirs par les tenants du cinéma ou de la télé m’horripile, cette fatuité dans l’étalage de ce qu’ils oseraient même nommer leur “art” me donne des envies de meurtre mais je me refrène, je fulmine et maudis puis passe mon chemin (ça c’est Paris : ville lumière musée ou tout ce que vous voudrez, Employée, mais on peut craindre le pire pour ce film dont le nom emprunte à la force de frappe atomique de notre si beau pays) (je crois que la nouvelle BB est, à la ville comme dit, l’épouse dudit réalisateur producteur scénariste dialoguiste : un peu de “peuple” ne peut nuire)