le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Interloquée, à la mi-journée, comme je traversais le Montparnasse monde pour rejoindre Benoît Melançon, L’oreille tendue aux aguets de la vie parisienne ces jours-ci, par cette injonction à nous autres marcheurs assez inhabituelle.
Le texte et son mode impératif, pour commencer, quand le non verbal et impersonnel “Piétons traversée obligatoire” nous est malheureusement si familier. Pour ne rien dire de la notion d’ “en face”, toute relative et ne faisant pas le poids par les grands vents d’automne
Ensuite, le manque manifeste d’élévation de la mise en garde : approchez tête en l’air et vous vous prendrez les pieds dedans. Ce contre quoi est néanmoins censé vous prémunir le cône fluo avertisseur de danger, porte-pancarte de (mauvaise) fortune. D’une pierre deux coups, certes, mais il n’empêche : la voirie est tombée bien bas.
On nous donne des ordres, anonymement…
Bientôt, les piétons seront obligés de porter des vignettes sur la veste ou la robe (cela rappellera des temps historiques), comme les voitures : fumeurs (marron), non conformes (arc-en-ciel), Juifs (l’étoile sur l’étole), Arabes (noir), Noirs (jaune), etc.
Les cônes auront pris le pouvoir.