le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Quels sont les accidents de lentille ?
A cette question transmise par Google, je pourrais bien sûr répondre, en tant que porteuse de lunettes, que l’accident de lentilles le plus fréquent s’appelle le caillou oublié. En effet, un tri déficient de ces légumineuses, vertes, blondes ou plus rarement corail (délicieuses celles cuisinées par A.A. la dernière fois qu’elle m’a invitée à déjeuner), et le petit caillou oublié, rond, sournois, ressemblant comme deux gouttes d’eau à une lentille, risque d’être la cause d’une prise de rendez-vous rapide chez votre dentiste habituel.
Mais je sais bien que l’arrivée de cette question sur le blog résulte mécaniquement du billet consacré au beau livre de Sébastien Rongier, Ce matin, et toute la gravité masquée par l’incongruité. Alors je la lis autrement et je suis frappée par la capacité du moteur de recherche à abstraire et traduire la matière du livre : une mère meurt dans un accident de voiture le jour où son fils étrenne les lentilles de contact substituées à ses vieilles lunettes, et la vie neuve promise avec par l’opticien.
Je suis troublée par ce raccourci surréaliste qui rapproche la mort accidentelle d’une mère, événement des plus graves qui soient, d’un souci avec des lentilles. Juxtaposition improbable de la taille et de la violence de l’événement avec la petitesse et l’insignifiance de la lentille, plante aux tiges si fines qu’elles ont vite fait de plier dans tous les sens quand on en cultive dans du coton humide pour montrer aux enfants.
D’accident et de mère, il est aussi question dans le livre de Patrick Souchon que je viens de lire, comprendre et aimer, La chanson de Nell. Celui qui meurt dans l’accident de voiture, c’est le père du narrateur, mais de cet accident naissent plusieurs écrivains, de mère en fils – mère dont la disparition, bien des années plus tard, justifie l’écriture de cette émouvante chanson de Nell. Se dire que les livres importants procédent souvent d’un accident, survenu ou à survenir, dans la vie de leurs auteurs ?
Pour en revenir à la question prétexte à ce billet, la logique des internautes qui posent en toutes lettres, formulées sous forme de question sémantiquement correctes avec point d’interrogation final, les questions qui les tracassent aux moteurs de recherche, me surprend toujours. Parce que cette logique suppose, en la poussant un peu, que certaines questions renfermeraient dans leur formulation même tous les termes de leurs réponses.
Allez, pour vous, une jolie chanson :
Le surnom d’infâme me va comme un gant
D’avec ma femme j’ai foutu le camp
Parce que depuis tant d’années
C’était pas une sinécure
De lui voir tout le temps le nez
Au milieu de la figure…
Je bats la campagne
Pour dénicher la
Nouvelle compagne
Valant celle-là
Qui bien sûr laissait beaucoup
Trop de pierres dans les lentilles
Mais se pendait à mon cou
Quand j’perdais mes billes…
Ah ce Brassens… ! Quel visionnaire… :°))
extension pertinente des marges ! merci PdB
le hasard ne manque pas de talent, quand on lui laisse sa chance
(me fait aussi souvent cette remarque en consultant les chemins étranges qui mènent chez moi).
Amusant, nous en parlions hier avec un ami non pas des lentilles alimentaires ou de contact mais de ces questions complètes qui font que des lecteurs imprévus débarquent sur nos blogs après avoir tenté de consulter g**gle ou ses cousins comme ils l’auraient fait d’un oracle humain, d’une diseuse de bonne aventure, d’un bon copain très calé. Quelque chose comme :
- ô g**gle tout puissant, pourriez-vous dans votre infinie bonté, enfin me dévoiler “pourquoi me quitte t il aprés six moi d’amour sans explication” (sic d’une recherche effectuée le 24 mars sur un de mes blogs ; j’ai dû décevoir la requérante n’est restée que 0 seconde) ?
La gare Montparnasse conduit-elle jusqu’à celle de Meudon ?
Céline est-il toujours médecin et cousin d’un edelweiss ?
Le RER entre-t-il en gare de la Ciotat ?
Les caténaires forment-ils à eux tous une concaténation imprudente ?
Martine Sonnet trie-t-elle patiemment des lentilles ou regarde-t-elle subrepticement la réalité et ses souvenirs par la lunette de visée d’un téléscope ?
Je vais poser ces quelques questions à Google et vous ferai part des réponses !
La gare Montparnasse conduit à Meudon et à Bellevue, mais pas à Val Fleury, Dominique, desservie par le RER dont le prolongement n’a pas encore atteint la Ciotat à ma connaissance, pour les autres questions posées et en particulier la dernière, remettons nous en à ce Monsieur Je Sais Tout
Vous savez ce que j’aime particulièrement sur la photo d’entrée de blog ? C’est la ceinture de l’Amand, ses mains, et celle de sa jeune femme et ses cheveux (et savez-vous qu’au cinéma le plan coupé de la photo est américain et que la pierre où elle se tient, pour lui arriver aux épaules, se nomme “hausse mioche” ? et dans la poche de sa veste, qu’a-t-elle ?)
PdB j’aime vraiment beaucoup cette photo qui est ici
oui, les mains, émouvantes, et les cheveux dans le vent, même les siens à lui qui n’en a pourtant pas beaucoup, et dans la poche, je me demande aussi ce qu’il y a, en tout cas ils ont l’air heureux
dommage que la photo ait été longtemps pliée…
Nos parents avaient le même âge, ou approximativement, et moi aussi, j’aime beaucoup cette photo, le soleil, la plage, oublier la forge, les reprises, les déménagements… Oui, vraiment
je découvre votre site en me promenant depuis celui de Philippe Annocque, qui parle justement sur le votre des chemins de hasard. Belle découverte, belle clairière dans la forêt. Comme quoi il n’y a pas forcément besoin de poser des questions à l’oracle pour qu’il se mette à parler tout seul.
merci à vous, j’aime bien l’image de la clairière et l’idée qu’elle donne qu’il y aurait par endroits où se poser dans nos entrelacs