le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Cette vieille dame jeune d’esprit qui marche, appuyée sur sa canne, face à moi sur le trottoir de la rue Notre-Dame-des-Champs s’arrête, accote sa canne contre le mur, se baisse précautionneusement, ramasse au sol une samare (arrivée sur ce bitume je me demande bien comment : ni érables ni frênes plantés rue Notre-Dame-des-Champs) et la lance en l’air au dessus de sa tête pour la regarder, tout sourire, tourbillonner en redescendant au sol. Nous échangeons un clin d’oeil et reprenons chacune notre route. Heureux effet printanier. Je me souviens qu’on les appelait hélicoptères dans ma cité d’enfance.
Illustration : Erable sycomore à fruits rouges, par Lefèvre, gravure extraite de la Revue horticole, 1864. Fonds ancien de la Bibliothèque de la Société nationale d’horticulture de France, via Gallica (cette mine).
on les appelait pareil à A.où y’en avait aussi (la rue notre dame des champs, à la hauteur de la rue Joseph Barra, est bordée d’une fondation, probablement religieuse, où fourmillent des arbres – les jardins de l’observatoire – où chut tonton, lors de la krypto-tentative de meurtre dont il prétendait avoir été l’objet dans ces années-là – ne sont pas loin non plus, une souffle de vent peut-être… ?)
Le vent probablement, mais la rue Notre-Dame-des-Champs est longue et je vous parle d’une portion bien aride, entre rues de la Grande-Chaumière et rue Jules-Chaplain (quant aux jardins de l’Observatoire, vous m’accorderez qu’ils sont plus près de la rue d’Assas que de la rue Notre-Dame-des-Champs).