le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Dans l’arrondi, entre rue Saint-Dominique et boulevard Saint-Germain, en lieu et place de ce si voyant magasin de chaussures pour enfants, tellement trop blanc, il y en a eu longtemps un autre qui, si je ne me trompe, avait pour seule enseigne “VETEMENTS POUR PAYS CHAUDS”. Il ne s’appelait pas autrement. Et de l’autobus 94 dans lequel je me trouvais allant à, ou revenant de, mon bureau alors situé du côté du boulevard Haussmann, j’en regardais les étalages, perplexe, me demandant à partir de quelle durée de séjour il devenait pertinent de se vêtir (sans aucun doute fort coûteusement) à cette adresse en vestes sahariennes, bermudas et autres chemisettes couleur sable aux plis impeccablement repassés et aux multiples poches. Poches de tous formats et sous toutes les coutures : à se demander s’ils les remplissaient toutes, une fois là-bas, les acheteurs de “VETEMENTS POUR PAYS CHAUDS”. J”ai rêvé ou les mannequins des deux sexes qui habitaient, étés comme hivers, légèrement vêtus, les vitrines de la boutique étaient coiffés de casques coloniaux ? En tout état de cause, je ne crois pas que dans la ville, à un autre coin de rue, il y ait jamais eu de magasin à l’enseigne “VETEMENTS POUR PAYS FROIDS”, ou alors pas sur le parcours de mes autobus habituels.
PS : le tout petit pan de mur jaune, sur la rue Saint-Dominique, extrême gauche du cadre à hauteur de la voiture grise, c’est le mur d’enceinte de l’hôtel particulier qu’habitait sous le Second Empire Caroline Brame, avec son père. Son journal intime a été publié en 1985, j’en avais rendu compte dans Le mouvement social. Je pense toujours aussi à elle et à son triste destin quand je passe par là.
aimé ce que ça dit, bien sûr, plus aimé encore le rythme des phrases qui m’a fait instinctivement me le lire à mi-voix
Vous ne rêviez pas, Employée – les casques, s’il m’en souvient bien, coloniaux oui mais en bambou ou quelque chose… Permettez un souvenir personnel (le “nous” n’est pas de majesté mais signifie la compagnie de mon amie) : fin des années soixante dix, certains vendredis soirs, après “Apostrophe”, nous revenions de dîner chez ma mère, nous prenions le 63 pour aller jusqu’à son arrêt de la rue du Bac (une chambre assez minuscule au troisième sur une cour d’un mètre-carré de surface….)(la cour, pas la chambre qui en faisait certainement au moins neuf…) (nous passions alors, un peu plus loin, devant un café nommé “L’Escurial” (cafés et croissants chauds croquants dimanche matin vers 7 heures avant d’aller embaucher à Pont Cardinet…), qui marquait le coin du boulevard et de cette rue – à présent, un magasin de meubles italien et “design” comme on dit) et passions aussi devant ce magasin (l’arrêt de l’autobus en favorisait – et en favorise toujours – la contemplation) (je regarderai pour vous les diverses évolutions de l’enseigne, mais voilà bien longtemps qu’il ne s’agit plus d’un magasin de vêtements pour pays chauds, j’en ai peur, depuis la fin des années 90 il me semble…) (Par ailleurs, il y a rue Gay-Lussac, un magasin dévolus (imaginé-je) aux frimas norvégiens ou finlandais, je ne sais plus, j’en informerai l’EAE-sphère un de ces quatre matins…) (merci pour ce billet)
Merci de confirmer pour les casques, et maintenant que vous le dites, en effet ils avaient un côté végétal ces casques. Et merci aussi pour vos souvenirs, toujours plaisir à les lire.
En ce qui concerne la magasin de la rue Gay-Lussac auquel vous pensez, je viens de vérifier (je suis toujours un peu dans ces parages comme vous le savez), l’enseigne est double : Breizh – Norway. La vitrine côté Breizh propose marinières, cirés et bottes en caoutchouc, la vitrine côté Norway propose des gros pulls, des chaussettes et des bonnets fourrés, mais on ne peut pas dire pour autant que la boutique fait tout son fond de commerce de “VETEMENTS POUR PAYS FROIDS”.