le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Que je n’aime pas ces outrages, ces fins de non recevoir opposées, à grand renfort de scotch maison, à nos belles lettres ! Moi toujours à attendre le passage du facteur et déçue à chaque fois que j’ouvre une boîte vide, moi maniaque du courrier sous toutes ses formes et à titre personnel comme à celui d’historienne faisant souvent son miel d’échanges épistolaires de longue date décachetés. Je souffre avec ces deux boîtes, becs cloués, de la grande Poste du boulevard du Montparnasse que la mainmise d’un promoteur sur le bel édifice commandé à l’architecte Michel Roux-Spitz à la fin des années 1940 par l’administration du TELEGRAPHE POSTE TELEPHONE, pour y loger sa direction parisienne, a condamné à leurs dernière levée. La cachet de la Poste n’est plus ce qu’il était.
PS : ce mercredi un complément historique illustré de ce billet nous est gracieusement offert par Pendant le week-end.
Employée, ces boites avaient il y a dix ans un autre cachet : elles étaient alors trois, et tout comme vous, j’estime ces outrages contemporains parfaitement illégitimes (un siège social vous dites, une “direction parisienne” ? Quel gâchis…) – je poste quant à moi des preuves historiques ainsi qu’un micro feuilleton en date de juillet dernier.
Et ce scotch siglé, sur les boîtes fermées sans aucune explication donnée… La Poste, on a envie de dire : “La ferme !” à ce service public qui sous prétexte de baisse du courrier, au lieu de lancer une action pédagogique en faveur des échanges par lettres, capitule en rase campagne ou en rase ville devant Internet, et propose à la place de donner des leçons de permis de conduire : Ubu Roi, toujours vivant !
La Poste (oh pardon, “La Banque postale” !), une bien belle institution sabotée par des “managers” qui n’ont que la rentabilité comme horizon à courte vue, exactement comme à la SNCF où l’on supprime les trains de nuit tandis qu’on lance dans le même temps des TGV aux fonctions et tarifs adapté selon l’épaisseur des comptes bancaires des “clients”.
Et on dira que la “lutte des classes” (même ferroviaires) n’existe plus ?
Guillaume Pepy aura été le fossoyeur d’une SNCF démocratique comme son homologue, dont le nom est moins connu, pour la Poste sans boîte aux lettres, sans guichetiers et bientôt peut-être sans “préposés”.