le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
A quelques jours d’intervalle, mes déambulations dans la ville m’en font croiser deux : d’abord celui accroché en toute rigueur scientifique probablement, sur des grilles du Jardin des Plantes, Paris 5e, puis celui relevant d’une initiative et interprétation personnelle de street-artiste sur un mur de l’avenue de Clichy, Paris 17e, sensiblement en face du Cinéma des cinéastes (où j’étais allée voir Les faussaires de Manhattan).
Deux hippocampes en plein mois d’août à Paris quand, à force de ne pas en rencontrer j’avais quasiment oublié leur existence. Et pourtant. Dieu sait si, gamine, ces bêtes-là m’avaient occupé l’esprit dans leur version incluse sous résine – plastique ? ambre ? – munie d’un mince lacet de cuir et portée en pendentif. Je rêvais d’en accrocher un à mon cou, moi qui n’ai jamais été une femme à bijoux ; je les contemplais longuement s’il s’en trouvait sur quelque présentoir dans une vitrine (de quelles boutiques ? de quels distributeurs automatiques de fêtes foraines ? je ne me souviens plus), je jalousais celles qui en arborait un. Je me serais volontiers ruinée – à la mesure de mes très faibles moyens – pour en faire l’acquisition, si l’on m’y avait autorisée.
Devant les hippocampes qui me rattrapent ces jours-ci, je m’interroge sur ce qui pouvait à ce point me fasciner : peut-être bien l’idée qu’en dépit de leur petitesse il s’agissait de “chevaux de mer”, la maîtrise possible de cette puissance miniaturisée, mise à ma portée et qui ne m’aurait pas même rompu le col ?
Je me souviens de mes sentiments mêlés, soulagement et dépit, le jour où avait été annoncée l’interdiction, ou du moins la restriction drastique, du commerce des hippocampes, et par tant, de leurs accommodements en tours de cou.
(les faussaires de manhattan n’était pas mal – marrant, dialogues au couteau hein…) ( vous sortîtes par la rue Biot Employée ? il s’y trouve un véritable bestiaire, sur la façade de cette salle L’Européen (concerts de jazz manouche, je ne sais plus) je ne crois pas cependant – mais je ne vois pas bien où vous avez déniché l’animal (une impasse ou rue adjacente, là où se trouve le BAL peut-être) le second se montre un peu plus fiérot que le premier (ça bombe le torse, dirait-on, alors que ça ne fait pas plus que deux centimètres de haut…) (où va se nicher l’orgueil n’est-ce pas…) (la plus noble conquête de l’homme dans la mer ?)
C’est bien sur l’avenue du Clichy, quelques dizaines de mètres plus haut que le cinéma, trottoir d’en face, que s’expose ce cheval de mer. Bien le film oui (et penser que c’est une histoire vraie !). Vu le bestiaire que vous évoquez en sortant, effectivement.
Il me semble qu’on a presque tous un hippocampe qui campe en nous… //://