le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Pour essayer de répondre à la question posée par François Bon de ce qu’on a lu, et à quel âge, de plus déterminant pour le reste du parcours et pas seulement celui des lectures, mais en faisant l’impasse sur l’enfance et la première adolescence (pas envie d’y réfléchir maintenant).
Juste remonter un peu en partant de la pierre angulaire : la lecture d’A la Recherche du temps perdu, à 17 ans et demi très précisément, l’été après le bac en attendant la rentrée de la fac, tard en octobre. Les volumes, moitié livre de poche et moitié folio, achetés au fil des librairies accessibles cet été-là, passé en grande partie en Normandie sur un chantier de fouilles dans le Cotentin, ou dans la maison des parents : j’en ai acheté probablement à Caen, à Carentan, ou à Valognes si je me souviens bien, et puis à Bagnoles-de-l’Orne et à Domfront. Sur le chantier ma lecture, livre en main dès que je pose ma truelle, m’attire des réflexions du genre “un bon écrivain ne doit pas se sentir obligé d’emmerder le monde” – je laisse dire et j’avance, j’enchaîne, dans l’émerveillement.
Ce qui m’a permis de recevoir la Recherche si tôt et sans déperdition de compréhension – j’en reçois d’emblée tout ce que sa lecture peut m’apporter, je le sais pour y replonger régulièrement – ce sont les lectures des trois années précédentes prises en main par A. H. prof de lettres, toute jeune agrégée, que j’ai la chance d’avoir en seconde et en première. Plus de français en terminale (classe scientifique), mais nous sommes une poignée à continuer avec elle une heure par semaine et là plus du tout de programme, vannes grandes ouvertes.
Pendant trois ans A.H. nous secoue intellectuellement comme des pruniers, nous sort de notre torpeur. Nous assène dès le premier cours que 20 ans n’est pas le plus bel âge de la vie – on en a 15 ou 16 et on ne pense qu’à ça, en avoir 20 – pour enchaîner très vite qu’on ne naît pas femme on le devient, et on court derrière des idées et des livres pareils. On n’arrête plus. Des livres indissociables des collections dans lesquelles on les découvre, dont beaucoup n’existent plus, et qu’on écumera par la suite. Tous encore sur mes étagères.
On a démarré avec Nizan, Aden Arabie, dans la Petite collection Maspéro où elle nous fera vite acheter aussi Fanon Les damnés de la terre. Présence du futur, abordée par Bradbury, Chroniques martiennes. 10X18 on découvre avec Malson, Victor l’enfant sauvage de l’Aveyron, suivent Butor, La modification et les Vian évidemment. Freud, Introduction à la psychanalyse et Psychopathologie de la vie quotidienne en Petite bibliothèque Payot. Chez Folio, Cortazar, Les armes secrètes, Flaubert, Bouvard et Pécuchet, des Maupassant, Breton, Nadja et l’hôtel des grands hommes place du Panthéon qu’on ne verra plus autrement que comme un point de départ, et Le planetarium de Sarraute. Les Garnier-Flammarion blanc pour toujours ce sera Le lys dans la vallée “elle était comme vous le savez déjà…”. D’autres romans longtemps lus comme celui-là en boucle, mais en collection éponyme livre de poche : La princesse de Clèves, Gatsby le magnifique, Le bal du comte d’Orgel “et maintenant Mahau, dormez je le veux”, Madame Bovary et Nerval, Les filles du feu “le sang des Valois coulait dans ses veines” et Aurélia ”chacun sait que dans les rêves on ne voit jamais le soleil…”. En J’ai lu, on achète Les choses et on découvre Perec qu’on ne lâchera plus, et en Idées Gallimard Le deuxième sexe, un fameux vaccin.
Comme enveloppée de la gangue de ce qui reste de chacun d’eux, parée pour la Recherche.
il faudrait mettre l’hiver en jaune et non en noir, qu’est)e que vous en diriez ? pour les autres saisons, c’est joli comme tout mais l’hiver noir, alors là, non : blanc comme la neige si vous voulez ?
bleu comme la glace alors peut-être, mais j’utilise déjà beaucoup le bleu, il ne faut pas que ça fasse technicolor non plus…
le bleu est déjà pris pour votre nom, ça va aller… vous avez vu la place du prof de français dans la plupart des réponses ? en même temps, il y a la topique du site littéraire…? (eh la “topique”, ça ne jette un petit peu ou bien ?)
des profs de français qui ont compté pour moi il y en a eu 2 : celle-ci, qui anime aussi des ateliers d’écriture (que je revois depuis quelques années mais par pour ça) et qui a fini sa carrière il y a 2 ans comme proviseure du lycée Jacquard, je ne sais pas si vous connaissez, gros gros établissement technologique côté Buttes-Chaumont) et celui de 5e, la première année qu’on avait des profs hommes et qu’on était mixte (1967-1968), un radical question qpprentissage de l’écriture, qui nous corrigeait 2 versions de brouillons avant la version définitive de la rédaction. Et pas plus de 2 verbes être, avoir et faire par page ! Pas mauvais comme école…
je ne connais pas cet établissement (je connais pailleron cependant, qui a brûlé il y a quelques lustres, je pense), mais en même temps j’ai une sorte d’horreur de l’école (pourtant sur mon cv vous verriez une licence et deux dea, la vache, ça doit encore être peter); et puis je me dis que les sciences ne sont pas de cette utilité dans la vie (littéraire) : si on plante un clou et que ça se casse la gueule on ne va pas tout de suite aller égorger son prof de physique malgré la gravitation universelle… bon le premier prof masculin ne fait pas honneur à son genre, je vous le dis tout net…! vous avez entendu la calle, samedi avec l’autre neveu à tonton ? a-t-elle quelque chose de désopilant – ou seulement ignoble?- à ne pas vouloir rire -d’elle- ? (elle m’est antipathique parfois cette femme-là)
Le premier prof masculin, j’en étais plutôt contente, ça nous changeait un peu… Et puis ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain : l’école et ses défauts, certes ça existe et je connais d’autres allergiques que vous, mais des chouettes profs qui ont compté sur la route ça existe aussi…