le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
A saisir à l’Antiquités/Brocante du boulevard, des meubles colonnes de fichiers en bois, destinés à ordonner alphabétiquement des fiches de grand format dans des tiroirs à la profondeur remarquable. Pas du 75X125 de bibliothèques manipulable à bout de bras et d’une seule main une fois le tiroir sorti de son logement.
A y regarder de plus près, je constate que longtemps avant que ces meubles échouent en vitrine, le personnel qui en avait la charge et l’usage ne s’amusait plus à glisser des étiquettes cartonnées dans les porte-étiquettes adéquates, support métal à glissière avec protection transparente. L’apparition sur le marché du matériel de bureau d’étiquettes adhésives avait simplifié une tâche auparavant chronophage. Sur celles-ci on écrivait que le tiroir contenait les fiches de LUG à MAIZ et le suivant de MAJ à MARC – l’alphabet se déployait donc horizontalement, de gauche à droite et non verticalement de haut en bas. Venu le temps du traitement de texte et de l’impression à la portée de tous, les étiquettes avaient gagné en lisibilité et effet typographique de liseré encadrant les bornes alphabétiques. On peut toutefois douter du caractère adhésif du support désormais employé : je verrais plutôt de simples feuilles de papier A4 découpées en bandes horizontales et scotchées sur les tiroirs.
D’autres questions resteront irrésolues à propos de ces fichiers.
Pourquoi ces seuls tiroirs-là mis à l’encan sur le boulevard ? Où sont les autres ? La petitesse des tranches alphabétiques renfermées par chacun d’eux – on ne progresse pas beaucoup de LEGRO à LEM ni de MERM à MIC – laisse supposer qu’engranger l’alphabet entier nécessitait un nombre de meubles plus conséquent que ceux proposés à la vente, superposés dans la boutique : 24 tiroirs en tout insuffisants à recueillir l’intégralité des lettres L et M.
Et si le découpage était si fin, c’est qu’il y avait foule à mettre en fiches. Parce que je pars du principe qu’il ne pouvait s’agir que de fiches nominatives personnelles. Je n’imagine pas pareille finesse, par exemple, pour un fichier géographique des 36 000 communes françaises ; il a bien dû en exister dans certaines administrations avant que l’on dématérialise leurs procédures à marche forcée et tant pis si vous ne suivez pas. Quant à un fichier de bibliothèque je rappelle que ce n’est pas le format. Donc ces tiroirs, ces fiches par milliers (je me souviens de 3 cm = 100 fiches du temps où j’étais intercaleuse) : pour qui pour quoi ?
“je me disais mais on en a déjà parlé, non ? (la brocante du boulevard va avoir droit – demain – à une spéciale “sur les pas” – ou pendant le week-end peut être) mais ce ne sont pas les mêmes tiroirs et étiquettes – il y a une certaine constance – c’est avec plaisir qu’on vous suit, Employée -je me croyais dans un de vos “habiter Paris” mais non (j’avais à l’esprit les boites aux lettres)