L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

RSS Feed

"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse Monde 34

Comments Off
Posted by ms on 16 mai 2009 at 22:05

 

Au restaurant dans la gare, mon couvert serait mis que ma place à table n’en resterait pas moins vide. Je n’ai jamais déjeuné en gare – si l’on excepte les beaux pique-niques au Jardin Atlantique, à ciel ouvert, en d’autres temps. J’aurais encore moins l’occasion d’y dîner et je sais bien que, midi ou soir, je manquerais d’appétit. Je n’ai jamais consommé intra muros les sandwiches dont il a pu m’arriver de faire provision à l’une ou l’autre des officines qui en délivrent. Jamais de croissants pour accompagner mes cafés matinaux. Il ne me viendrait pas à l’esprit, non plus, d’acheter sur place les cannelés, bonbons ou chocolats que je m’étonne d’y voir vendre, ni des cochonnailles ces jours de déballage des terroirs comme il en advient saisonnièrement. Incompréhension même que certains puissent succomber à la tentation. Et comme une incompatibilité radicale, que je m’invente bien sûr, entre mes fringales, quand il est l’heure, et leur satisfaction par la gare. (Pour mieux comprendre diverses choses, à une époque, j’ai rêvé d’un divan donnant vue sur l’eau qui s’étale si bien au coeur de la place de Catalogne – sans même savoir s’il s’en trouve à cette adresse – mais trop d’eau avait déjà coulé).

 

 

Bien consciente que parvenue à ce point de mes observations, il serait temps, pour soutenir l’intérêt, que je sorte de mes sentiers battus et rebattus : en premiers lieux et lieux premiers de l’histoire, les voies 10 à 17 et leurs quais, le hall Montparnasse Pasteur et l’annexe Vaugirard. Aller voir ailleurs si j’y suis ou d’autres à ma place. Dévier de mes pratiques et circuits les plus quotidiens, de mes terrains les mieux balisés, de mes espaces maîtrisés. Explorer plus avant certains recoins et marges ou ces territoires ayant pignon sur rue ou voie mais dont je reste un peu distante, mon usage de la gare n’y légitimant pas forcément ma présence. Par exemple, cette salle de restaurant, rapide pourtant, sur laquelle je n’avais jamais pris le temps d’aller poser les yeux et dont je ne risquais pas, par conséquent, d’imaginer à quel point, grâce à ses verrières, la ville s’invite heureusement dans la gare. Ces jours d’avril, poussant un peu sur ses bords, j’y lisais avec bonheur les façades des maisons d’en face et goûtais fort ce vert, propre et neuf des premiers jours, accroché aux feuilles des arbres du boulevard. La gare se marche idéalement de long en large et ses traverses sont multiples : veiller à ne pas se priver des extrêmes.

 

Filed under Montparnasse monde
Both comments and pings are currently closed.

1 Comment

  • On 17 mai 2009 at 8:56 PdB said

    C’est le plus beau de la gare quand elle ouvre sur la ville, et pas seulement sur ses voies, de garage ou pas, ses emprises. Et c’est sans doute la qualité moderne de Montparnasse (encore que le restaurant Train Bleu hors de prix de la Gare de Lyon donne aussi sur la place).

Rubriques du blog

Recherche

Archives du blog depuis avril 2008

Sur Twitter

tous textes et photos copyright Martine Sonnet, sauf mention spéciale
var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-25117361-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();