le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
L’employée aux écritures se pose parfois des questions à propos des mots qu’elle manie, celle-ci par exemple :
pourquoi et par quel prodige UNE marque faite à UNE page devient-elle UN marque-page ? Affubler d’un article masculin deux noms féminins accolés n’a rien d’évident.
Le dictionnaire de l’Académie française date l’apparition du mot-composé marque-page du XXe siècle – précision qui ne mange pas de pain – et, sans en dire plus sur son origine, observe que marque est une forme verbale de marquer. Tout ce qui tient du verbe ne saurait donc être que masculin ?
Pas de marque-page cartonné dans mon exemplaire du Bon usage de Maurice Grevisse ni de marque-page littéral dans son index qui court pourtant de la page 1253 à la page 1317. Mais au paragraphe 142 de la rubrique “Composition populaire” (page 102) relative aux mots composés, le premier alinéa porte sur le cas de ceux unissant “Thème verbal + complément”, thème verbal “sous la forme de la 3e personne du singulier de l’indicatif présent”. Parmi les exemples du grammairien pas de marque-page mais un porte-bagages et un abat-jour. Si 3e personne du singulier de l’indicatif il y a, c’est donc encore une fois IL et non pas ELLE la référence qui imposerait l’article UN au marque-page.
Qu’en pensent la pince et l’oreille du pince-oreille ?
Illustration : mon pot à marque-pages mieux fourni que mon pot à crayons.