le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
J’avais évoqué ici-même mon intention de relire, cinquante ans tout rond après ma première lecture, A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust : c’est chose en cours. Une lecture infusée de longue date, préparée par les visites des expositions suscitées par les anniversaires célébrés en 2021 et 2022, cent-cinquantenaire de la naissance et centenaire de la mort, au musée Carnavalet, au musée d’Art et d’histoire du Judaïsme et à la Bibliothèque nationale de France. J’ai aussi assisté, les 19 et 20 janvier dernier, au Collège de France, au colloque marquant la clôture de ces célébrations.
Ayant en outre achevé, juste avant d’aborder, ou plutôt de ré-aborder, le premier volume de la Recherche, la lecture de la biographie de l’auteur par Jean-Yves Tadié, forte de ce bagage j’entre directement dans le texte – “Longtemps…” (vous connaissez la suite). Ne consultant donc pas la chronologie des pages introductives, je ne découvre pas les quelques discrètes annotations au crayon noir que comportent ces pages de mon volume de la Pléiade acheté d’occasion. Les folio ou livre de poche, selon les tomes, de ma première lecture avaient trop mal vieilli ; jaunis et ne demandant qu’à se débrocher, ces livres n’ont pas été de mon dernier déménagement.
C’est donc par hasard, hier, que je m’aperçois que chaque mention initiale d’année de la chronologie comporte la précision de l’âge correspondant de Marcel Proust et que le prix de l’avion que celui-ci projetait d’offrir à Alfred Agostinelli a été actualisé par un lecteur ou une lectrice à la fin du XXe siècle : vingt-sept mille francs de 1914 soit indique la mention anonyme “1998 =452 520 F”.
Mais surtout, surtout, il y a cette dernière mention qui m’émeut à l’ultime entrée de la chronologie, p. CXLIII
Je la reçois un peu comme cette poignée de main que l’on dit être passée, de main en main, d’Arthur Rimbaud à André Breton et qui n’en finit pas de courir.
J’ignore la généalogie de la famille Gineste/Albaret mais que la petite-nièce ou le petit-neveu de Céleste qui s’est un jour défait de ce volume sache que celui-ci est arrivé en de bonnes mains, sous de bons yeux. J’ai dès lors suspendu mon entreprise de gommage.
(J’aime assez savoir, Employée, que vous tombâtes sur une version du pléiade annotée par un neveu ou une nièce de la Céleste -j’adore aussi le “servi/subi/adoré” qui m’a fait souvenir de celui du bien connu Jules “veni vidi vici” de nos jeunes et latineuses années (sans compter le “vierge vivace et bel aujourd’hui” dont m’informe le wiki d’Alfred) : (je m’égare) cependant c’est d’ailleurs à ce propos (i.e : nos jeunes années) que je me suis permis d’aller ici
https://www.insee.fr/fr/information/2417794
où je vous prie de bien vouloir avoir l’obligeance de trouver la somme en euros vingt-vingt-deux que,pour les plus jeunes du lectorat, je reporte ici soit
Résultat : 98 812,63 Euros
quand même… Ah l’amour.
Avec mes compliments.