le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Encore des livres qui finissent mal et ceux-là avant même d’avoir été lus par quiconque. Sur le boulevard du Montparnasse. Trois cartons pleins qui n’ont jamais été ouverts, juste vaguement écornés par l’usure ou l’humidité. Sortis tout droit d’une cave avec d’autres rebuts. Bon débarras.
Tous contenant le même livre (cave de l’auteur ? cave de l’éditeur ? vidée à la cloche de bois ?). Pas loin d’une centaine d’exemplaires probablement.
Auteur Bancal (Jean). Titre : L’économie des sociologues. Paru aux PUF en 1974. 329 pages, 22 cm, collection “Sociologie d’aujourd’hui”. La notice bibliographique de la BnF ne me dit pas ce que valait ce livre, hormis son coût : 49 francs (broché). Certes pareil sujet, l’économie des sociologues, perd de sa pertinence en cinquante ans sans édition révisée ou complétée et la BnF ne recense que celle de 1974.
Nous serions nous croisés sur le boulevard, Jean Bancal (1926-2008, mort à Paris dans le VIe arrondissement, ceci expliquant peut-être cela) et moi, je doute que nous ayons eu beaucoup à nous dire. Peu d’atomes crochus si j’en crois la liste de ses oeuvres. N’empêche, pareille vision de livres à l’abandon m’attriste et m’attristerait même si mon nom ne figurait pas comme celui de leur auteur au catalogue des PUF.
Nous y croyons tellement à nos livres quand nous parvenons à les publier ! Jean Bancal n’aurait jamais imaginé pareil destin à L’économie des sociologues, j’en suis sûre.
ah ces livres (en avez-vous pris un, Employée ? pour le montrer à C. pour le moins ? les exemplaires étaient peut-être défaillants ? ou mieux, vides ?) Parfois voyant les boîtes à livres qui se multiplient, j’ai l’impression que ces objets sont devenus des “produits comme les autres” (voyant aussi l’engouement de cette production auprès des milliardaires, j’ai quelque scrupule…) mais il est vrai aussi que le livre en a vu d’autres (celui-ci date quand même d’un demi-siècle…) – mais je m’interroge : quel est donc ce titre ? l’économie des sociologues (moi qui suis (un peu) de la corporation, qu’en est-il de mon économie ? il est vrai qu’à l’époque, je fréquentais plutôt une université de sciences dites dures – Paris 6 – où la sociologie n’avait guère de pignon) je m’interroge – dire aussi que les PUF ont laissé leurs vitrines de la place de la Sorbonne à un vendeur alimentaire… quelle pitié…
Hélas, je n’ai pas su quoi en faire moi non plus de l’économie des sociologues et, après mûre réflexion, n’en ai pas pris un exemplaire et ai passé mon chemin (ce que C. m’a reproché !). Il faut dire que les livres avaient pas mal souffert du demi siècle passé dans une cave.