le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Billancourt, le roi chasse
Poursuivant la relecture du journal que le libraire parisien Prosper Siméon Hardy a si heureusement titré Mes Loisirs ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance en vue de son édition (j’en ai déjà parlé), je ne saurais rester indifférente à la petite nouvelle que celui-ci consigne à la date du lundi cinq septembre 1774
Le Roi chasse avec les deux princes ses frères dans la plaine de Billancourt, près de Boullogne.
Ce jour le Roi accompagné de Monsieur et de Monsieur le comte d’Artois ses deux frères, chasse depuis trois heures après midi jusqu’à près de sept heures du soir dans la plaine de Billancourt et dans celle de Boullogne. Je vois Sa Majesté qui paroissoit fort gaie parler très grâcieusement au prince de Soubise capitaine des chasses de ce canton, avant que de remonter dans sa voiture en terminant la chasse au bout du Pont de Séve, où l’on crie à plusieurs reprises ; vive le Roi. Sa Majesté n’étoit accompagnée comme pendant la chasse que des deux princes ses frères et du duc de Villeroy capitaine de ses gardes. Madame Clotilde et Madame Elisabeth sœurs du Roi regardoient la chasse de la terrasse du château de Bellevuë où elles s’étoient rendues de Versailles.
Et je saisis l’opportunité que m’offre Hardy de signaler que j’ai très récemment mis en ligne sur le site complémentaire à ce blog une page de photos faites à Billancourt, justement, le lundi 3 août dernier, dans la matinée, y circulant sur mon vélo (de ville, très différent de celui de campagne).
Où l’on verra que la plaine trapézoïdale se hérisse en certains endroits de grues et que l’île, en son état actuel, ne se prête guère qu’aux châteaux de sable.
Où l’on verra aussi que le portail noir Emile Zola a disparu depuis mon dernier passage. On n’y posera plus les mains. On ne le prendra plus en photo.
5 Comments
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Où comment un journal personnel (n’a pas l’air très intime) de 1774 devient billet de blog en 2009. Parfois j’aimerais pouvoir aller chercher les fantômes, Hé, venez voir, vous ne devinerez jamais, vous vous souvenez quand vous aviez raconté cette chasse à Billancourt, hé bien regardez, voilà.
Que penseraient-ils de notre état du monde ?
Bon, si j’allais voir les photos, au lieu d’écrire des bêtises ?
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1774.
Dans les années 30 et peut-être même 40, il y avait encore, paraît-il, une ferme rue Paul Bert (à Boulogne, tout près de Billancourt, et de la rue du même nom). Mon voisin qui l’avait connue bien (avant que j’y passe tous les jours sans rien voir) ne voulait plus y retourner. -
Il est vrai que le Président actuel ne chasse pas, sauf sur les terres de CNPT et du Vicomte Philippe de Villiers du Bois Joli de Saintignon.
La chasse au faciès se pratique toujours, pendant ce temps, et les Afghans du square Villemin ont été “évacués” il y a quelques jours avec l’assentiment du maire socialiste du 10e arrondissement, Rémi Féraud.
Très belle séquence de chasse à courre involontaire dans le film “Un Prophète”…
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J’ai été voir les photos : la nostalgie enclenche le chromatisme. Images d’un monde en disparition lente au profit – c’est ici qu’il faut le dire – d’appétits mercantiles drapés sous la burqa de l’art officiel.
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gilda : j’aime bien quand tous mes mondes se recoupent
PhA : encore des vaches à Issy-les-Moulineaux jusqu’au début des années 1960…
Dominique : grandes surfaces encore très morne plaine, notamment toute l’île, drôle d’effet
