le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
La gare, j’y vais toujours le coeur battant ; tellement fort, même, que je suis rassurée par la récente et soudaine apparition dans le Montparnasse Monde d’un défibrillateur prêt à l’emploi : sous tension, avec deux petites lumières fixes vertes, meilleur indice de ses bonnes dispositions à notre égard que ne le seraient des clignotants rouges. Un défibrillateur qui a pris place au niveau quai, entre bureau ACCUEIL et composteurs ; en plein dans le passage mais c’est exprès. Du matériel fiable : pas lui qui refuserait de remplir son office sous prétexte qu’il faudrait d’abord retourner votre billet, et jusqu’à trois fois, comme l’exigent parfois ses voisins de potences mal lunés. Une présence rassurante, parce que les raisons pour les coeurs de défaillir dans une grande gare parisienne, quand bien même ne ferait-on qu’y transiter entre deux trains, ne manquent pas. Et je ne parle pas de l’état dans lequel sont nos oreillettes et nos ventricules, à nous usagers ballotés quotidiens du Tumulte des lieux, toujours à la merci d’une sévère mise en garde pour notre bien ou d’une annonce catastrophe par haut-parleur. Dans la gare, désormais, quoi qu’on nous dise, nos coeurs fatigués peuvent lâcher en toute sécurité.
Souvenir de gare, un peu par raccroc. Dans les années 1990, plutôt vers le début, B. avait un temps fait le ménage chez une cardiologue – justement -, qui vivait seule avec sa fille adolescente dans l’immeuble d’habitations à longue façade donnant soit Jardin Atlantique, soit avenue du Commandant Mouchotte. Mais B. n’aimait pas trop s’y rendre, malgré les seulement 10 minutes porte à porte qui l’en séparaient – 7 minutes de train de banlieue pour Montparnasse en partant d’une chambre meublée alors sous-louée place de la gare. Arrivée là, il ne lui restait plus que l’escalier qui repousse les voies 1 et 2 à gravir pour accéder à l’immeuble par une petite grille dont elle détenait la clef. Une aubaine pour B. qui n’aimait pas du tout marcher (je n’oublie pas sa démarche si particulière, lente, presque douloureuse, elle si active par ailleurs). Donc B. s’était assez rapidement brouillée avec la cardiologue, à cause de sa fille et de son fouillis disait-elle. Des années plus tard, quand elle est partie de chez nous aussi sans prévenir – sa façon habituelle de rompre, avec tout le monde – nous nous sommes demandés si B. supportait la présence d’adolescents dans les familles ; elle qui ne connaissait plus ses propres enfants depuis longtemps quand ils avaient atteint cet âge-là. L’ultime malheur de B. c’est que son coeur n’a pas lâché au bon endroit : pas de défibrillateur au fond de sa cour.
Ben elle est gaie dis donc ta chute
J’aime bien
- ton style d’écriture
- le parc atlantique qui se trouve au dessus de la gare montparnasse (peu de gens le connaissent)
- le fait de découvrir que je ne suis pas le seul à avoir un blog qui parle (entre autre dans ton cas) de Paris et à utiliser Twitter pour le faire connaître…
Un lecteur de plus pour ton blog !
Martin
La vie est un mystère.
On s’attend presque à voir surgir G. Clooney, non ? Ou plutôt Lambert Wilson, quelque chose, Azéma Arditi et tout le bataclan de Resnais, non ? C’est peut-être parce que on connaît la chanson ? je veux dire “Boum, quand votre coeur fait boum” …
Difficile de ne pas être fébrile… dans une gare.
Sinon, en poche, l’Atelier, une bonne surprise !