le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Etre chaleureusement accueillie par Nadine et Patrice samedi dernier à la librairie des Temps Modernes à Domfront, c’était venir au plus près de l’épicentre bas-normand et bocager de l’Atelier 62, de ces lieux-mêmes dont s’était arraché le marcheur parti grossir les rangs du peuple de Billancourt.
J’ai donc rencontré des lecteurs contents de pouvoir me garantir que l’homme sur la couverture, c’était tout à fait lui et son allure et bien le béret posé toujours comme ça. Et j’ai rencontré aussi directement certains personnages du livre ou leurs descendants, lecteurs qui se sont bien reconnus, comme ils ont reconnu leurs voisins. Des gens qui s’étonnent que moi, la plus petite, je me souvienne de leurs histoires à eux tous dans ce temps-là et qui pensent qu’il fallait que je sois drôlement observatrice.
Tous heureux de reparler ensemble de la camionnette de l’épicier ambulant – et qui la revoient bien, bleue comme j’ai dit, mais quel modèle c’était ? – ou de la folle vitesse qu’on pouvait prendre en descendant à vélo la grande côte de Montgaucher.
La rencontre la plus émouvante a été celle de Christiane, fille de Fernand G. qu’on appelait le Zouave du fait de son service militaire qui avait beaucoup marqué les esprits, et elle “la Petite Zouave”. Elle m’explique que le bon compagnon de son père, le ramoneur dit “Patte de Pie” avait aussi une fille, comme elle orpheline de mère, et que toutes les deux avaient été mises en pension chez les soeurs. Elle se souvient d’un dimanche où elles étaient allées déjeuner ensemble avec leurs deux pères et qu’elles avaient emporté de chez les soeurs un livre lu à l’ombre dans un champ pour passer l’après-midi.
C’est quand elle me racontait tout cela que le photographe du Publicateur libre est passé, ça tombait bien, il y avait aussi des amis à elle, dont une autre Christiane qui lui avait offert Atelier 62, ma tante Hélène et mon cousin Antoine, d’autres personnages du livre résidant sur le Mont Margantin. Photo de groupe très attendue.
J’ai repensé après à tous les doutes qui étaient les miens pendant l’écriture, sur le fait que j’embarquais avec moi dans cette histoire à leur insu des gens qui n’avaient rien demandé… et à celui qui me disait ne pas comprendre mes inquiétudes et que tout ce monde-là serait content qu’on parle de lui ; il avait raison.
Merci Nadine et Patrice d’avoir permis ces échanges (et aussi pour les délicieux petits gâteaux de la pâtisserie d’en face). En rentrant de Domfront à Céaucé, arrêt à Saint-Laurent pour y cueillir des cerises du meilleur effet à notre fenêtre de cuisine.
Ces rencontres de personnages qui s’animent ou se réaniment soudain, c’est la trame du tome deux… La vie revit, les revoici tous, et même le personnage principal…
chouette… continuez alors
sympa aussi l’article de libé… vous avez lu l’autre bouquin sur roussel-uclaf ? hier, je suis allé en face de votre bureau, reçu comme un chien dans un jeu de quilles (c’est comme ça qu’on dit ?) : je pensais avoir affaire à une personne, je n’ai trouvé qu’une cynique : c’est que la fin de la vie, et la mort ne sont pas seulement cachées par “la société” et que ce sont les humaisn aussi qui font cette société… heureusement j’avais rendez-vous avec un ami ensuite, je vous jure…
je n’ai pas lu le roman RU, mais l’avais repéré et suis bien sûr intéressée (d’autant plus que je me sens incapable de romancer ces affaires-là)
et pour ce qui est de la rue d’Ulm, dans laquelle il y a des humanités d’un côté (et des arts décoratifs), bien besoin d’humanité, aussi et surtout à la fin, de l’autre côté…
courage à vous
Merci.
J’y suis retourné aujourd’hui, je n’ai pas vu, en repartant à droite, le studio des ursulines, je me suis dit “merde il est plus là ?” et je suis parti en courant après un appel téléphonique (ouille j’ai un portable… dur dur…) en attendant ma fille a eu son bac avec un bien en mention, ce qui fait que je lui ai offert une paire de lunettes de soleil blanche “comme kate moss” -c’est moi qui me moque- et qu’elle est contente… en plus, la cynique d’hier n’était point là (en fait une sadique je pense) mais son “patron” lui m’a rappelé : rendez-vous avec la fratrie la semaine prochaine… hum… je vous dirais…
Juste vous signaler, Martine, la page d’écriture n°58 (juillet 2008) de Michel Volkovitch qui parle d’Atelier 62.
Dire aussi que je suis en accord avec la belle (et juste) remarque de Dominique Hasselmann, qui ouvre cette page de commentaires, et qui concerne la trame du livre deux.