le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Comme j’avais à lire dans la vieille BN rue de Richelieu, en attendant d’être servie je suis allée voir ce que Sophie Calle, mise en scène par Daniel Buren, a installé dans la salle Labrouste autour de son mail de rupture gentiment conclu « prenez soin de vous » et signé X, goujat patenté. 107 variations sur le texte, écrites, filmées, chantées – tango, fado impossible, rap – etc. par des femmes sollicitées pour leurs talents interprétatifs professionnels à très large spectre. Les appropriations les plus techniciennes m’ont semblé les plus riches, comme celles de la commissaire de police, de la juriste, de la lexicographe, de la psychologue clinicienne, de la comptable, de l’exégète, de la chasseuse de tête ou de la correctrice typographique. Il y a aussi la physicienne Françoise Balibar qui en appelle à la physique des matériaux et à sa mécanique des ruptures fragiles, celles qui ne préviennent pas et font si peur aux constructeurs de ponts (par opposition aux ruptures ductiles) pour décrypter le message. Et l’écriture manuscrite d’Arlette Farge, spécialiste elle des vies fragiles, identifiée sans avoir besoin de lire son étiquette (entre croqueuses d’archives on se reconnaît). J’ai moins goûté les explications de textes de veine littéraire, plus convenues (et je n’ai pas lu celle d’une normalienne que je me garde de lire quelque soit le contexte). Grand plaisir à circuler à nouveau entre ces tables et ces fauteuils qu’on a usés quand tout se passait là : si longtemps lectrice assidue dans cette salle et le souvenir de la petite dame frisée, moitié aimable seulement, qui distribuait les places à l’entrée, côté vert ou côté gris, le gris plus calme que le vert qu’il fallait traverser pour descendre à la salle des catalogues. Un peu dommage que la sonorisation aux voix de fond trop criantes trouble l’écoute des vidéos, parce qu’il y a aussi d’émouvantes, belles et drôles lectures à entendre comme celles de Yolande Moreau, Ariane Ascaride, ou – avec commentaires cinglants – Jeanne Moreau. Exceptionnellement j’ai laissé un mot sur le livre d’or – allusion à une rupture dans un passé antérieur à l’âge du mail – et regretté que l’objet-catalogue coûte 79 euros : partie sans…
quel que soit le texte, voyons, ms… et un mot pour vous sur le site de FB
je vais aller voir l’expo peut-être bien (j’ai proposé au chargé d’études hec de la binaf de faire une étude des publics : le type n’a pas pipé mot, c’est dire le courage et la sincérité, il est en formation peut-être…? oui, voilà, c’est ça), je me souviens de la première nuit blanche où la sophie calle recevait en haut de la tour Eiffel des gens dans son lit afin qu’ils lui racontent des histoires, disait-on – je n’y fus pas, mais au muséum d’histoire naturelle ça avait été sympa aussi…)
et pour la bnf de richelieu, je n’y ai jamais mis les pieds : pour la documentation des bandes dessinées, il fallait aller se traîner à versailles (c’était assez marrant,d ‘ailleurs, comme succursale…
Pour l’enquête, non ce n’est pas moi… vous connaissez “veste à carreaux ou bien smoking, un portefeuille dans la tête, chemise en soie pour les meeting, déjà voûté par les courbettes” ? C’est l’homme, par Catherine Sauvage c’est chouette. Les rendez-vous avec les gens qu’on a connus sont toujours importants, pas vrai ? Hier matin, il y avait un documentaire formidable sur france culture, sur le magazine actuel, drôle comme c’était dans ce temps-là… et sur els artistes, ça vaut l’écoute : je vous le conseille…
On en parle ici aussi (de l’expo) :
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2008/04/11/les-femmes-quittees-naiment-pas-les-livres/