le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Un matin, une porte, dont vous n’aviez jamais même simplement soupçonné l’existence, est ouverte et il vous semble devoir tout reprendre à zéro avec la gare. Au sol, ce carrelage de couloir, unique, incompréhensible : un hapax tardif dans le Montparnasse monde qui remettrait en cause toutes vos constructions, vos échafaudages savants. Pourquoi, ici précisément, dans l’invisible, s’être soucié de disposer des carreaux et demis carreaux bleus (ces derniers formant triangles en frise) ? Pour rompre la monotonie d’un pavage blanc terne sale ? Mais le goulot conduit à une aire de service interne à laquelle accèdent des camions. L’image n’est pas nette – je n’ai plus de zoom et n’ai pas eu l’audace de m’avancer ni même de prendre le temps de faire le point -, mais à l’arrière plan, croyez-moi, un poids lourd stationne. Approvisionnant sans doute par son arrière-boutique l’un des commerces séparés par l’étrange couloir. Le camion : arrivé là comment ?
Dans la gare je furète, du verbe fureter, par tous les temps, à tous les modes et sur toutes les voies. Certaines choses m’échappent néanmoins et de plus spectaculaires, même, que la porte d’accès au fameux couloir. Pour être tout à fait honnête, je dois préciser maintenant que l’un des deux magasins achalandés par le camion n’est autre que celui de vêtements d’enfants dont j’avais signalé la disparition*. L’enseigne a en effet réouvert une succursale à côté de la parapharmacie qui lui a succédé. Et comme lors de la transformation du local en parapharmacie, je n’ai pas senti le coup venir, rien anticipé. Le tour de passe passe se joue sans que je m’en mêle. Je n’ai pas surveillé les travaux. La graphie de la marque seule a changé, l’ancien Tout compte fait en trois mots est devenu Toutcomptefait en un seul – façon adresse internet. Plus moderne. Rajeuni. Ce qui me froisse dans l’histoire, c’est le démenti cinglant infligé à mon explication rationnelle du départ des marchandes d’habits pour enfants de l’espace banlieue de la gare. La mansuétude extrême dont je fais preuve à l’égard du Montparnasse monde n’est pas forcément payée de retour. Je continuerai néanmoins.
*Voir Montparnasse monde 38
la gratuité du carrelage vaguement coquet le mérite
Le couloir qui apparaît, ça me rappelle “La maison des feuilles” de Mark Danielewski
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Maison_des_feuilles
Le Montparnasse Monde serait-il à l’orée d’un virage fantastique ?
Un palimpseste … en revanche le Toutcomptefait c’est comme si on remontait le temps, au temps où l’on ne mettait pas d’espace entre les mots.
Continuez ,c’est passionnant surtout pour ceux qui comme moi n’ont plus mis les pieds dans cette gare depuis des lustres.
@brigetoun : carrelage absolument incompréhensible
@gilda : merci, je ne connaissais pas
@cairo : votre vie a-t-elle encore un sens ?
@jérôme : apport décisif, un immense merci, film hors norme et intemporel, dont je n’avais jamais retrouvé le générique sur youtube
L’intérieur du Montparnasse Monde fait penser à cette rue, dans le 13°, nommée du Javelot (il en est une, non loin, du Disque) qui dessert les tours des Olympiades, et leurs boutiques (pourtant toutes, m’avait-il semblé, légèrement à l’abandon). Puisque j’y vais ce soir (eh oui) je regarde si je ne trouve pas quelque chose de dérobé, dans cet imbroglio : n’en attendez rien, Employée, mais continuez à pérégriner – du mot pérégrination) :°))
Je n’avais pas remarqué que vous n’aviez pas dépassé la pierreménarde quarante huitième apparition (les pages, ici, ça ne compte pas…!) mais qu’elle apparaissait aujourd’hui… Coïncidence…
Oui , tant que je suis votre blog tous les jours
Comme disait David Ps 137
Si je t’oublie gare Montparnasse
que ma droite m’oublie !
Que ma langue s’attache à mon palais,
si je ne me souviens de toi
la genèse de Montparnasse a une existence matérielle:
http://www.potemkine.fr/Potemkine-fiche-edition-video/Maine-ocean-/pa23m5pr1891.html
Rozier, inventeur de monde(s), m’ a surpris un soir devant ma télé sur ce générique. J’ai observer quelque chose de rare dans le cinéma français. Et depuis je rêve que de l’île…
Chemin de traverse, invisible.