le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Découvrir Dublin, ce sera pour une autre fois (c’est convenu – consolation), ainsi en ont décidé les cendres…
Préparation pourtant soignée, avec Christine Weld et Fabrice Rozié, et je me réjouissais de parler et entendre parler là-bas de villes et de littérature, puisque la ville était le thème de ce 11e festival franco-irlandais.
J’aurais parlé de tout ce que je lis de l’histoire et de l’invention littéraire de Paris sur les façades de ses maisons quand je marche quotidiennement dans la ville, de tous ces écrivains qui collent à mes basques.
Je me réjouissais aussi d’avoir l’occasion de tracer en lecture un parcours de découverte dans le cher Montparnasse monde et d’en montrer des images.
Et puis, de vive voix, j’aurais dit à Enrique Vila-Matas l’heureux moment passé à lire son récent Dublinesca, fourmillant de réflexions aussi réjouissantes et référencées que le “Avoir une mère et ne pas savoir de quoi parler avec elle !” de la page 150 emprunté à la plume de l’écrivain tchèque (qui gagne à être connu) Vilém Vok. Un écrivain publié par le héros du roman, éditeur au catalogue estimé mais à la maison périclitée.
Toujours dans les parages, Joyce et Beckett, bien sûr, puisque la grande affaire c’est d’aller à Dublin LE jour où il faut aller à Dublin, mais jamais très loin non plus, parmi beaucoup d’autres, Paul Auster ou Edward Hopper (et Hammershoi aussi). Les villes autour de l’éditeur Riba grouillent de génies en tous genres, tandis que ses démons à lui le rongent de l’intérieur – sans parler du harcèlement exercé par son épouse et ses vieux parents, des gens qui “s’aiment depuis toujours, voilà précisément pourquoi ils se haïssent”.
Entre Barcelone, qu’habite le héros, Dublin, New York, Londres et Paris, les fils d’écriture se croisent et se recroisent jusqu’à tisser une toile qui n’attend plus qu’un bon moteur de recherche… Parce que l’éditeur retiré des affaires est devenu un peu hikikomori sur les bords.
Dublinesca n’a fait que croître et embellir mon envie d’aller à Dublin, mais au terme d’une journée passée à scruter le nuage, j’ai fini par me résoudre ce soir à défaire mon bagage et ranger ma tenue de voyage.
J’espère qu’au moins tu ne renonceras pas à lire le livre qui est posé là. (C’est le tout récent d’Anne-Marie Garat, n’est-ce pas ?)
Dommage (j’aime Dublin, Joyce et Beckett…)
(Et j’espère encore arriver à passer entre les cendres, demain ou après-demain.)
Merci Martine, je crains finalement de ne pas passer à travers les cendres – mais je ne les laisserai pas me noircir mes vacances pour autant.
Oui, quelle déception ! Quelle frustration, mais grâce à nos échanges sur le net et nos lectures croisées, quelque chose -de ce qui aurait pu advenir à Dublin mais n’a pas eu lieu- s’est tout de même produit à vous lire.
Vous êtes restée à Paris, Vila-Matas à Barcelone, mais nous, nous lisons que la rencontre s’est produite, à un certain degré…
Amitiés.
Fabrice, sous le ciel bleu de Paris avec à l’horizon le nuage formé par Björk…
j’ai failli partir à Barcelone, mais mon amie a offert Vila-Matas à l’une des siennes (d’amies) et comme pour vous Dublin, Employée, ce n’est que partie remise (en attendant, quel beau ciel si bleu sur Paris, hein…)
Dommage pour vous : il va vous falloir encore voyager, pour l’instant, dans les livres.
Mais pensez aux compagnies aériennes : déjà une perte de 1,7 milliard d’euros (ce soir le chiffre aura encore gonflé) ! Il leur faut un peu de compassion !
J’ai découvert l’écrivain dont vous parlez à l’occasion de “Vila-Matas, pile ou face” (Argol), pour lequel l’éditrice m’avait demandé des photos de la rue Jacob où a habité Marguerite Duras. J’avais été en refaire quelques-unes qui sont parues in extremis dans cet ouvrage de rencontre avec André Gabastou.
Dublin, j’y ai accédé en ferry après la pire nuit de tempête que j’aie jamais connue. Le mal de mer est plus fort que le mal d’écrire !