le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Les moteurs de recherches qui savent le zèle déployé par L’employée aux écritures pour répondre aux questions orphelines (requêtes que nul ne se bouscule pour satisfaire) n’hésitent pas à lui en soumettre. Ainsi du saugrenu crématorium combien pèsent les cendres ?
Je ne sais pas m’en dépêtrer et saisis donc la question à mon tour, afin de voir au bout de combien de pages l’internaute a été dirigé chez moi. Parvenue à la dix-neuvième page de réponses sans m’être reconnue je renonce : je ne partage ni sa patience ni sa curiosité. Personnellement, je ne me pose pas cette question tous les matins (ni même un sur deux).
Faire, le moment venu (rien ne presse), le choix des cendres comme trace résiduelle laissée à ses continuateurs, me semble relever d’un louable souci de discrétion, sans que j’éprouve le besoin d’en peser, au delà du pour et du contre, toutes les conséquences. Et je fais confiance aux catalogues des professionnels pour fournir le réceptacle adéquat, qu’intègre et vif on ait combattu en catégorie poids lourd ou en catégorie poids plume.
Alors je me demande ce qui peut bien conduire à se poser une question pareille. Pragmatique, j’élimine néanmoins la recherche d’un tarif d’affranchissement pour une expédition en colissimo suite à l’augmentation des tarifs postaux entrée en vigueur le 1er juillet dernier.
Reste la crainte d’un excédent de bagages par qui profiterait des vacances pour transporter dans les airs, sous cette forme, un être cher réduit à sa plus simple expression, en vue d’une dispersion en mer ou du sommet d’une montagne.
Et sa variante : l’alourdissement redouté d’un sac à dos arrimé sur de frêles épaules, pour peu que d’ultimes volontés aient spécifié que le sommet devait être atteint non au moyen d’une dépose hélico mais bravement gravi pédestrement.
A ces heures-là plus personne n’a le dos large. Et le poids comme la chaleur des cendres traversent les épidermes et toutes les épaisseurs, percent tous les matériaux.
On le sait bien pour se souvenir de la brûlure des dernières pages d’un livre fort.
De l’art de nous faire sourire sur un sujet pas spontanément rigolo.
Merci à L’employée aux écritures !
PS : certaines fois où je me suis donnée la peine d’y aller voir (dans les recherches correspondantes) impressionnée de jusqu’où les personnes sont prêtes à aller chercher et parfois pour des babioles (de la question sur les cendres, on peut supposer qu’elle a une solide raison de se poser mais de “Plastic Bertrand n’a jamais chanté” (sic de cette semaine) moins (j’ai vérifié Traces … arrivait page 36 (!) chez google))
Bien d’accord avec Gilda : merci, Martine, pour ce texte.
Suis allée de mon côté voir ce qui envoyait vers Fenêtres en ce moment. Première réponse : un mystérieux “soleil noir”…
La réponse est pourtant simple : le poids des cendres soustrait à celui du défunt avant crémation permet de savoir combien pesait son âme.
Mais voyons, PhA, chacun sait depuis 1907 et Duncan McDougall que l’âme humaine pèse 21 grammes… (cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Poids_de_l%27%C3%A2me)
Reconnaissez, Elizabeth, que ma théorie a l’avantage sur celle de MacDougall de donner du poids à l’âme.