le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Je sais bien que c’est une bouée de sauvetage, mode d’emploi superflu, juste écrit dessus, dans le blanc, le nom du port d’attache rendu peu lisible, non par le déchaînement des flots, mais par la succession des averses qui l’ont battue de plein fouet. Il n’y pas de vitre protectrice ni de petit marteau accroché à saisir pour la briser : ce serait perdre un temps précieux. Une bouée de sauvetage, objet utile s’il en est, qu’il y aurait lieu d’arracher au plus vite à son support pour lui faire remplir son office si les circonstances l’exigeaient ; toute autre considération, notamment d’esthétique paysagère, serait alors la plus malvenue, passible même de poursuites pour non assistance à personne en danger. Mais, franchement, je souhaite que nul, promeneur trébuchant sur un rivage sapé par les ragondins, pêcheur aux ambitions démesurées, désespéré aux semelles de plomb, n’y contraigne : dépourvue de son heureux contraste circulaire ma photo perdrait son petit charme. Rien de plus monotone que cette promenade autour du plan d’eau un jour vaquant d’août sans soleil, mais il faut bien, sur le soir, finir par se dégourdir un peu les jambes. De quoi se jeter à l’eau. Heureusement, tout est prévu.