le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Soit, collés aux rails, dressés, ces deux immeubles, longs, minces, de même élévation, reliés à leur sommet par une passerelle.
Immeubles qui, forcément, fonctionnent comme des vases communicants* entre lesquels les couples échangent leurs unités constitutives ; les familles se recomposent pour tendre à l’égalisation des fratries (en nombre et en sexes) ; les niveaux de vie (hauteurs de revenus, d’endettements et d’épargne) s’équilibrent. C’est là que le bât blesse et surtout les nouveaux habitants un peu mieux nantis que la moyenne et ignorants de la fonction exacte d’une passerelle qu’ils ont prise, avant de s’installer dans les lieux, pour un élément du dispositif d’évacuation en cas d’incendie. Ceux-là ont vite fait de rechanger d’adresse et malheureusement chaque déménagement, puis chaque emménagement, remettent toute la donne des équilibres à plat.
Dans la passerelle aveugle, comme la circulation est intense et continue, chacun est sommé de tenir sa droite (à la façon des nageurs de lignes d’eau encombrées des piscines municipales). La mise à l’essai d’un sens de circulation alterné avec feu de signalisation n’a pas fait ses preuves : générateur d’embouteillages et par tant de mouvements de panique dans les escaliers. Il est formellement déconseillé d’emprunter les ascenseurs pour accéder à la passerelle car ceux-ci ne suffisent plus alors à leur usage ordinaire de desserte des appartements hauts perchés.
Tout ce que j’espère quand je vois du train ces deux immeubles et leur trait d’union c’est, qu’au bout du compte, le bonheur des uns n’y fasse pas le malheur des autres.
* Petit hommage d’une non participante aux vases communicants d’hier, premier vendredi du mois, ayant suscité de beaux échanges d’écritures sur les blogs. On peut, pour les repérer, les aborder par le magistral, comme chaque mois, compte rendu de Brigitte Célérier ou grâce au cut-up, c’est nouveau, de Christine Jeanney.
J’aime bien l’idée d’une sorte de balance entre les deux immeubles et des populations qui ainsi s’équilibreraient.
Moi non plus pas participé, j’ai un mal fou à anticiper et comme personne ne m’a proposé, c’est en lisant un touite d’un des participants que je me suis dit Hein ! Comment ? Déjà ?
un peu de ciel bleu sur Paris (même s’il s’agit de sa périphérie immédiate) ça ne fait pas de mal. Hommage à C. Jeanney pour son montage assez saisissant (@Gilda et @ l’Employée aux passerelles : comme c’est tous les mois, vous avez le temps de vous préparer aux prochaines passes)(en même temps chacun-e- fait ce qu’il p/v-eut hein)(le sens alterné de circulation est une affaire qui n’est jamais aussi usitée que dans les départements de Normandie-notamment celle qu’on dit “basse”- et ça a toujours été un objet de franche rigolade sur le chemin des vacances)
Les déficits d’équilibrage des échanges de recomposition des unités constitutives seraient compensé selon un rapport du ministère de l’intérieur, intitulé “les péripéties des péripatéticiennes y compris ceux de sexe masculin” qui y feraient des passes réelles.
En vrai J’aime ce mot “passerelle”
c’est bizarre la passerelle coupe le ciel et en-dessous ça fait comme un trompe-l’œil, j’aime bien
J’aime tout : le texte, la photo, le clin d’oeil aux vases co : tout !