le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux
Mon bureau du dessus des voies : une dizaine de métres carrés inscrits, à grand renfort de couloirs courbes, dans le cercle de verre surmontant le hall Pasteur (un grand éditeur y a récemment installé certains de ses services, mais dans le diamètre). J’avais vue sur jardin – cou tordu – et, au mur face à moi quand je travaillais sans utiliser l’ordinateur (disposé sur un plan de travail secondaire perpendiculaire au principal), sur un panneau de liège où, angle supérieur droit, était punaisée la photo. La gare de la nuit des temps des Chemins de fer de l’Ouest, verrière en façade trouée par la locomotive qui pique du nez, pitoyable. Creux de l’après-midi, 22 octobre 1895, le Granville-Paris Express parti à 8h45, 131 voyageurs à bord, indemnes. Pas comme cette femme qui parlait avec le marchand de journaux, place de Rennes. Bilan : une victime.
Au mur de ce bureau quitté maintenant – j’écris d’ailleurs et n’ai jamais reconstitué ce panneau – sous la photo du célèbre accident, il y en avait une autre tout aussi provocante au regard qui la croise pour la première fois. Les hommes en pardessus, chapeautés, déchiffrant le dos des livres sur les rayonnages de la bibliothèque londonienne à ciel ouvert, bombardée. Réduite également au format carte postale et de même provenance : cette librairie à l’ancienne dans la galerie Vivienne. Les deux et toutes les autres, ainsi que les affiches – celle du film Les Oiseaux, avec l’effroi dans les yeux de Tippi Hedren, celle, toute en hauteur, du tramway 28 de Lisbonne parti à l’assaut des hauteurs d’Alfama et celle du livre de Javier Marias au beau titre copié de Shakespeare Demain dans la bataille pense à moi - dépunaisées quand j’ai quitté la pièce 2071 du dessus des voies.
avec toutes mes excuses pour le flou et le reflet du flash, j’ai retouché le cadrage c’est tout ce que j’ai pu faire. Il y a un an quand je photographiais cette pièce que je m’apprêtais à quitter j’étais bien loin d’imaginer l’utilisation à venir de cette photo ! Mais je ne peux pas la refaire et pour cause…
Ce n’était sans doute pas la 2071, elle était du côté des appartements ; mais je me souviens très bien de m’être dit qu’ils vivaient là, presque au dessus des voies :
http://www.fotolog.com/gilda_f/14125836
Au sujet de l’accident célèbre de 1895, d’après certaines sources, il semblerait que la victime soit une dénommée Marie-Augustine Aguilard qui ce jour là remplaçait son mari au kiosque à journaux, et qui fut tuée par un morceau de maçonnerie tombé de la gare. Egalement une passante fut blessée.
merci pour la mémoire de Marie-Augustine!
on branche l’historienne sur recherche plus précise ?
l’historienne est très occupée par ailleurs ces temps-ci à pdfiser ses vieux travaux d’historienne pour les ranger dans la boîte de tirés à part de son site, 3 de plus depuis hier (et ça va continuer, même si c’est beaucoup moins beau que ce que savent faire certains)
http://martinesonnet.fr/Site/boite_tires_a_part.html
(mais pour ce qui est d’y ranger mon Que sais-je pilonné, je ne sais toujours pas si les droits me reviennent du fait de cette opération de destruction massive de la part de l’éditeur – à tirer au clair)
néanmoins un prochain épisode du feuilleton pourrait revenir sur ce malheureux accident survenu à Montparnasse, mais du point de vue du conducteur