L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Poétique de la voirie (22)

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Place de la Bastille

ils ont cueilli les réverbères

en ont fait un bouquet

l’ont posé

le temps d’aller chercher un vase

mais ne sont toujours pas revenus.

Percée éphémère dans la ville (une de plus)

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Paris, Ve arrondissement, entre rue Henri Barbusse et boulevard Saint-Michel

au niveau d’une intrication de bâtis qui m’a toujours intriguée,

adviennent des choses qui, comme celles advenues un peu plus bas, près du fleuve,

ne m’ont pas échappé.

Aujourd’hui on en est là : plus aucun rapprochement n’est possible,

quand bien même les murs à vifs auraient des penchants l’un pour l’autre.

Moi j’archive la percée éphémère, une de plus. Parce que la perspective sur la rue Herschel depuis la rue Henri Barbusse, faisant fi du boulevard, on ne la reverra pas de sitôt quand ils auront fini leurs affaires.

Et pour découvrir ce qu’il en était des lieux côté boulevard Saint-Michel (et en savoir plus sur la famille Herschel), aller faire un petit tour chez l’ami Pendant le week-end. Merci à lui pour l’enquête.

Poétique de la voirie (21)

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Le camion de poubelles n’est pas toujours celui que l’on croit

à moitié plein à moitié vide comme vous voudrez

et parfois un peu dérangé.

Grand art perdu de la rature

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Les outils de L’employée aux écritures épargnent à ses lecteurs la vision de ses repentirs, ce n’est pas comme pour le notaire parisien Théodore Girardin dont les minutes rédigées à la plume proposent, en l’espace des deux mois (août-septembre 1781) que j’ai consultés cette semaine, d’infinies variations de ratures. Théodore Girardin officiait rue de Bourbon (aujourd’hui d’Aboukir, Paris IIe arrondissement), près du lieu dit “Les petits carreaux” et les minutes de son étude sont conservées aux Archives nationales sous les cotes MC/ET/XV/939 à 2006.

Filed under du XVIIIe siècle

Le ciel ce jour-là

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comme si Rothko était passé par là


Cette dame au chignon vert

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surgie ces jours derniers, bien cadrée, rue de L’abbé de L’Epée (Paris 5e) me fait me souvenir qu’il y avait autrefois chez nous, ce livre, Ces dames aux chapeaux verts, de Germaine Acremant qui avait dû appartenir à l’une de mes soeurs aînées et que je n’ai jamais lu. En vertu d’un principe, bien établi dans ma petite tête, qu’un livre – et surtout un roman – acquis par l’une de mes soeurs n’était en aucun cas susceptible de m’intéresser. Non que l’on m’ait jamais dissuadée d’ouvrir quelque livre que ce soit : j’édictais mes “mises à l’index” toute seule comme une grande.

Ce qui m’impressionnait avec les chapeaux verts, outre leur logique publication dans la Bibliothèque verte, c’était le fait que l’auteure porte le même prénom que notre mère. Nous n’en connaissions pas beaucoup des livres signés d’une Germaine quelque chose et c’était même probablement le seul présent sur nos étagères. A ces côtés étaient rangés  Trois hommes dans un bateau (Jérôme K. Jérôme – autre nom intrigant – Bibliothèque verte également) et Les Carnets du Major Thompson (Pierre Daninos, collection Le livre de poche) que je n’ai jamais lus non plus. Les dames, les canotiers et le Major, tout ce monde-là faisant bon ménage en une improbable trilogie qu’il me reste à lire (ou pas).

PS du 12 août : on trouvera sur le blog Pendant le week-end le même cadre, vide ou autrement rempli. Merci au tenancier attentif.

Poétique de la voirie (20)

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fondue

enchaînée

sculptée

Injonction piétonnière ciblée

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Toujours intriguée par la variété des formules écrites/imagées par lesquelles on nous enjoint, plus ou moins poliment, à passer notre chemin de l’autre côté de la rue. J’en ai déjà ici répertorié quelques exemples. Mais ce modèle-ci, croisé aujourd’hui dans le VIIe arrondissement, entre boulevard Saint-Germain et rue du Bac,  je ne l’avais encore jamais vu.

Certes, le quartier est riche en ministères et qui dit ministères dit bataillons de costards/cravates/serviettes à l’entour, cela va de soi. Mais à l’heure où l’injonction est aussi à être inclusif (jusque et y compris malheureusement en écriture) on aurait voulu me signifier que je n’avais rien à faire dans le quartier qu’on ne s’y serait pris autrement.

Au petit bonheur des “Annonces, affiches et avis divers” dans le Paris des Lumières

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Toujours grand plaisir à l’immersion dans le quotidien des Parisiennes et des Parisiens du XVIIIe offerte (sans avoir besoin de coiffer un casque de réalité virtuelle) par la simple lecture des Annonces, affiches et avis divers disponibles sur Gallica pour les années 1752 à 1778, (sauf 1767, 1770 et 1777). Ce que l’on cherche à vendre, ce que l’on cherche à acheter (biens immobiliers ou effets mobiliers), les objets perdus que l’on voudrait retrouver, les charges, rentes et offices convoités, les emplois offerts ou demandés, les nouveautés commerciales, le cours des changes, les enterrements, aussi bien que le tirage de la loterie ou les spectacles à l’affiche, allez-y faire un tour et vous saurez tout cela. Avec du nouveau deux fois par semaine : la feuille périodique paraît les lundis et les jeudis.

Ce qui me frappe et me réjouit comme je dépouille quelques numéros – les mois de mars et octobre 1768 et la dernière semaine de décembre 1778 pour être précise -, c’est, en moins de trois mois donc, la grande variété des types de véhicules rencontrés sur le marché de l’occasion. Je ne résiste pas à la tentation de les lister. Si certaines appellations me parlent, d’autres me sont moins familiers. Ce qui est certain c’est que pour se transporter, ou plutôt se faire transporter, l’embarras du choix n’était pas mince puisque vous pouviez choisir entre

une berline

une berline à la française

une berline de campagne

une berline de campagne à l’allemande

une berline de ville

un berlingot*

un cabriolet

un cabriolet à l’anglaise

un cabriolet de voyage

un cabriolet du matin

un cabriolet en solo

une calèche de voyage

une chaise de famille à quatre places

une chaise de poste à la milanaise

une chaise de poste à ressorts à l’écrevisse

une désobligeante**

une désobligeante à ressorts

une désobligeante à timon et limonière

un diable en calèche***

une diligence

une diligence à la française

une diligence de campagne

un trois-quarts

un vis-à-vis à la polonaise

une voiture anglaise

une voiture anglaise à flèche

une voiture de provisions

autant de modèles souvent spécifiés de hasard : entendez par là que vous ferez en les achetant une bonne affaire.

Je vous fais grâce de la variété des garnitures intérieures, les velours, cramoisi, gris, jaune ou vert, d’Utrecht ou de Venise, bleu et blanc à petits bouquets ou à ramages, comme je vous fais grâce des précisions sur le bon état des véhicules mis en vente, le meilleur étant probablement ce cabriolet qui n’a fait que le chemin de Versailles à Paris qu’une seule fois. Pour se renseigner sur celui-ci, dont on aimerait savoir quelle désillusion ou déconvenue a conduit à s’en défaire si vite après un aller simple de la cour à la ville, on s’adressera à M.Dulot, à l’hôtel Saint-Louis, rue des Grands Augustins.

* Berlingot : Berline coupée. On dit plus ordinairement Brelingot. (Dictionnaire de l’Académie française, 4e édition, 1762)

** Désobligeante : Sorte de voiture étroite qui ne peut contenir que deux personnes. (Dictionnaire de l’Académie française, 6e édition, 1835)

*** Diable en calèche : inconnu au bataillon des dictionnaires auxquels je me réfère.

Filed under du XVIIIe siècle

De ce qu’il advient… (j’y reviens)

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Moi je trouve qu’ils ont bossé vite. Aujourd’hui c’était démontage de grue rue des Fossés Saint-Bernard. J’y passais rentrant à pied de la bibliothèque de l’Arsenal où je me réjouis toujours d’avoir quelques ouvrages à consulter (on vous les apporte encore à votre place après que vous ayez rempli à la main des bulletins papier de demande – un peu comme à Richelieu au XXe siècle quand je débutais dans le métier). La grue démontée ça sent la fin de chantier. Quelque chose de l’ordre de la commedia e finita, on démonte et on remballe, on va jouer ailleurs. Seulement là, un décor nouveau reste planté.

Pour mémoire quand j’ai commencé à m’intéresser à ce qui se tramait entre rue des Fossés Saint-Bernard et du Cardinal Lemoine on était le 15 janvier 2017 et ce qu’on longeait encore descendant vers la Seine, c’était l’immémoriale façade verte du garage Mercedes Benz “Jussieu automobiles”, photographiée cernée des palissades annonciatrices dès septembre 2016.

Entre temps il y a eu brèche,

respiration dans le vis à vis, percée de perspectives dont, dans la succession des générations de passants dans la ville, nous aurons été les seuls témoins. A charge pour nous d’archiver ces hiatus fugaces du tissu urbain.

PS : la phase table rase du chantier est visible du ciel dans le billet du jour du blog Pendant le week-end, merci à lui de ses compléments toujours bien inspirés et illustrés.

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