A la rue
avec les chiens
tristement
finit l’histoire
(comme un air de table rase)
le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735
gibier de potence
(poids plume)
vous êtes attendu
au coin de la rue
PS. Pour en savoir plus, si vous êtes curieux de ce qu’on avait un jour pendu là, passez sur le blog ami Pendant le week-end qui résoud le mystère. Merci à lui.
Comment les histoires finissent : mal en général – et avec les Rita Mitsuko on en aurait chialé. Au caniveau parfois.
Et pourtant, quand on les avait reçues ces diapos, par la poste, dans leur mince boîtier plastique rigide, pressés d’y jeter un oeil, sans attendre même de les glisser une à une dans une visionneuse, on les avait saisies délicatement entre deux doigts, élevées à hauteur des yeux devant le jour d’une fenêtre ou, le soir, à la lueur d’un lustre. S’en faire au plus vite une idée, même miniature, savoir si elles étaient réussies et mériteraient en conséquence d’accéder collectivement au panier cliquetant d’un projecteur. Voire justifier une invitation lancée à un cercle amical poli qui prendrait son mal en patience.
Toujours la même inquiète perplexité quand je croise des traces de vies personnelles lâchement livrées à la voirie : je me demande comment on en arrive là. Quelles négligences ou vengeances d’héritiers, quels conflits entre bien vivants – jetées par une fenêtre ces diapos ? , ou quels oublis, hors de portée de vue, hors de portée de main, au fond d’un placard d’appartement tout juste VENDU. Au balcon une pancarte d’agence immobilière s’en vante. Chez nous comme cela, inaccessible au coup d’oeil trop rapide, perchée sur la plus haute étagère, une pile de cahiers petit format dont une classe de CE2 n’avait jamais revu la couleur une fois corrigés. La jeune femme, oeil de professionnelle, qui nous faisait visiter l’appartement – à louer celui-là – les avait pris sous son bras (jusqu’à la première poubelle jaune sur son chemin vraisemblablement).
Tâcher, pour soi-même, de se prémunir de tout abandon de cette sorte ; s’en souvenir et anticiper quand on sera vieux.
Reinette grise de Brownlee
Reinette blanche de Champagne
vos fruits passeront-ils la promesse de vos fleurs ?
(j’y veillerai)
Au MUDAM mercredi dernier (j’étais allée livrer un peu tardivement un cadeau de Noël à Luxembourg), dans une présentation temporaire de pièces des collections permanentes je tombe en arrêt devant :
Photographie d’une vitrine luxembourgeoise par Valérie Belin, datée 2003. Je tombe en arrêt parce que je me souviens d’avoir photographié sept ans plus tard, à l’été 2010, une vitrine terriblement ressemblante. Recherche faite dans mes archives photos, le doute n’est plus permis : c’était la même.
Disposée toujours à l’identique : une rangée de jupes au niveau inférieur, surmontée de deux rangées de hauts à leur assortir. Une vitrine corsetée de ses certitudes vestimentaires. Au diable, saisons, collections et fashion weeks ! L’étalage désuet déjà en 2003 avait retenu l’oeil professionnel de la plasticienne comme, en 2010 le mien, parfaitement dilettante. La vision m’avait marquée au point que je l’avais partagée sur le blog.
J’ai envoyé un petit mot à Valérie Belin pour lui faire part de ce croisement de nos regards, elle a convenu de la cocasserie de la chose. N’ayant pas remis, la semaine dernière, mes pas exactement dans ceux de l’été 2010, je ne sais rien, hélas, de la tendance automne-hiver 2023/2024.
Donc je continue à engranger les soupiraux ouvragés dont je n’ai pas encore rencontré les motifs au cours de mes déambulations parisiennes (*).
Il y a donc eu récemment
des volutes papillonnées
de la géométrie inflexible
de l’oeuf de Pâques bien entouré
d’intrigantes pinces
et pour finir, une fois n’est pas coutume, sortons de Paris avec ces trois croissants de Lune capturés à ….
Lunéville en toute logique.
Ajout du 2 février 2024 : on complètera avec une belle série de soupiraux en provenance du VIIIe arrondissement de Paris chez le blog ami Pendant le week-end
(*) Précédentes livraisons : la cinquième, la quatrième, la troisième, la deuxième, la première.
Encore une vitrine et je me calme avec les vitrines mais celle-ci, dans la rue principale de Ribeira Grande, île de Sao Miguel, archipel des Açores, saisie en allant visiter le centre d’art contemporain Arquipélago installé dans une ancienne distillerie, je tenais à la partager. Un choix aussi large de formats et de couleurs d’entonnoirs ne se rencontre pas à tous les coins de rues.
Etalage improbable, à prendre ou à laisser, Paris, rive gauche, 2023.
Ajout du 21 novembre 2023 : passez chez le collègue blogueur Pendant le week-end pour réellement remonter le temps dans cette vitrine…