L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Des mains et des couleurs

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Celle ou celui qui avait eu la main bleue, comme d’autres l’ont verte, l’avait perdue sur le bord du chemin. Du moins la droite. Ses deux mains étaient-elles de la même couleur ? Rien n’est moins sûr. La gauche pouvait être verte, favorable à la luxuriance de la végétation, encore qu’au sol sur lequel la main bleue s’était égarée, l’herbe rase et rêche ne laissât rien présager d’un tel talent.

La main bleue passe pour être favorable à la pureté des cieux, tenir à distance tout nuage, mais celle-ci, égarée, à laquelle il manquait déjà un doigt, poussiéreuse qui plus est, avait vu de longtemps s’émousser ses pouvoirs, ne dissipait plus grand chose. J’aurais pu me baisser, la ramasser, la secouer avant de la glisser dans ma poche droite et de la porter aux objets trouvés. Je ne l’ai pas fait : je crois qu’on m’aurait ri au nez.

Filed under utopiques

Coup de pinceau, juste un

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Le peintre en herbe s’est découragé trop vite.

Paysage rapporté du bord de la falaise

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à l’éolienne tronquée

Brexit, valises et stéréotypes (ou Brexit au Montparnasse monde)

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Comme je suivais ce couple, hier à la mi-journée marchant sur le trottoir des numéros impairs du boulevard du Montparnasse, je songeais que, quoi qu’il advienne des discussions en cours, ces deux valises-là, Grande Bretagne et Petite Bretagne, au pas cadencé, avaient décidé se faire la malle.

Pour être honnête, je prenais aussi acte du fait que fusionnel dans le choix de ses bagages, ce couple n’en échappait pas pour autant aux stéréotypes de genre les plus éculés : Monsieur traînait la grande Bretagne et Madame le modèle réduit. Alors qu’ils auraient pu tout aussi bien répartir équitablement leur fardeau dans deux valises de volumes identiques égaux à la moitié de la somme des volumes d’une grande et d’une petite ; soit deux moyennes Bretagne sexuellement interchangeables.

Jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette : suite des Carnets de Pierre Bergounioux

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Je repique ci-dessous, d’un précédent billet, la scrupuleuse consignation des dates de floraison des premières jonquilles sur le talus de Gif-sur-Yvette servant en la matière de butte témoin, issues des trois premiers tomes (1980-2010) du Carnet de notes de Pierre Bergounioux. Et je les complète au fil de ma lecture du quatrième, 2011-2015, qui vient de paraître toujours sous la belle couverture jaune des éditions Verdier. Cinq années qui nous donnent beaucoup à lire puisque le livre (1203 pages paginées) est aussi épais que chacun des carnets décennaux qui l’ont précédé : il va de soi que je ne m’en plaindrai pas.

2016. Comme celles de 2012 apparues dès 2011, les jonquilles 2016 prennent de l’avance, beaucoup d’avance. Des jonquilles qui mettent un peu de couleur dans la plus sombre des fins d’année. C’est Gabriel, en visite, qui le premier s’en aperçoit :

Dimanche 6 décembre 2015. C’est lui qui a attiré notre attention, au retour de la promenade, sur les premières jonquilles, trois, dont deux sont écloses, l’autre bien près de le faire, sur le talus. Les éclosions continuent : Mercredi 9 décembre 2015. Trois jonquilles supplémentaires ont fleuri. Dimanche 13 décembre 2015. Deux jonquilles supplémentaires ont éclos – huit en tout.

Jeudi 8 janvier 2015. Voilà plusieurs jours, déjà, que la première jonquille a éclos, à la place habituelle, sur le talus, près de l’allée.

Le doute demeure donc quant au jour exact de primo-éclosion mais il faut dire qu’en ces jours sanglants de janvier 2015 le coeur n’y est pas.

Dimanche 19 janvier 2014. Je descends l’allée pour voir, comme ça, où en sont les jonquilles. La température est si clémente, depuis le début du mois, que je ne suis pas outre mesure surpris de découvrir que trois d’entre elles ont fleuri et que deux autres, un peu plus loin, sont bien près d’éclore.

Jeudi 7 mars 2013. Deux jonquilles ont fleuri, deux autres déplissent leur corolle et le bouton du restant a jauni.

En 2012 rien ne va plus sur le talus : la première jonquille fleurit dès 2011 :

Jeudi 22 décembre 2011. On vient d’entrer dans l’hiver et trois jonquilles, déjà, ont percé, au flanc du talus, dont l’une semble tout près d’éclore. Son jaune, visible, transparaît dans le bouton. En conséquence de quoi, logiquement : Lundi 26 décembre 2011. La première jonquille vient d’éclore – un 26 décembre !

Jonquille qui ne reste pas solitaire puisque

Mercredi 11 janvier 2012. Cinq jonquilles sont écloses, au flanc du talus, et les oiseaux se sont remis à chanter.

Tout rentrerait dans l’ordre, mais ce serait compter sans les gelées tardives, et

Dimanche 4 mars 2012. De nouvelles jonquilles sont sorties, après les six écervelées qui avaient fleuri dès le début de l’hiver et que le froid du mois dernier a cuites.

Dimanche  27 février 2011. Trois nouvelles jonquilles se sont ajoutées aux dix qui avaient fleuri, sur le talus, dès la mi-février. (Ce qui nous fait, si je compte bien, treize jonquilles en tout à cette date sur le talus).

Samedi 27 février 2010. Je découvrirai, en descendant à la boîte aux lettres, que trois jonquilles ont déplissé leur corolle, sur le talus, et j’y vois comme la promesse, fragile, de survivre à cet hiver que j’ai cru le dernier.

Dimanche 22 février 2009. La première jonquille a déplissé sa corolle, sur le talus.

Dimanche 24 février 2008. Il fait bon. Toutes les jonquilles sont fleuries. (Mais dès le mercredi 13, noté déjà :  Du RER, j’aperçois les premières fleurs sur un prunus).

Mardi 20 février 2007. Les prémices de printemps font d’une pierre trois coups puisque : Un merle chante, sur un arbre, près de la gare de Courcelle. Les premières fleurs viennent de sortir aux branches du prunier sauvage et la plupart des jonquilles sont écloses.

Mercredi 1er mars 2006. En début d’après-midi, le soleil aidant, la neige a fondu et j’ai découvert que la première jonquille venait d’éclore, au jardin.

Jeudi 10 février 2005. La première jonquille vient d’éclore.

Mardi 3 février 2004. Lorsque je rentre, à midi, je découvre que deux jonquilles viennent d’éclore. Elles avaient attendu le 28, l’an passé.

Mais malheureusement, pas d’entrée datée 28 février 2003 dans le journal publié ; on imagine que celle-ci n’a pas été dactylographiée, est restée au stade manuscrit sur l’un des cahiers qui contiennent en moyenne neuf mois de vie. Peut-être que le 28 février 2003 rien n’avait été notable hormis l’éclosion de la première jonquille, qui du coup, en a fait les frais. Nous savons juste que le jeudi 20 février 2003, Cathy montre à Pierre, en lui faisant faire le tour du jardin les premières primevères, derrière la maison, le mercredi 26 février que la saison accuse un retard de deux semaines, au moins sur l’an passé. Enfin, le mardi 4 mars seulement : Les jonquilles s’épanouissent l’une après l’autre mais rien n’est encore apparu aux branches des arbres fruitiers.

Deus semaines de retard, cela conduit à chercher l’éclosion des jonquilles vers la mi février 2002. Et effectivement, le jour même du retour de son voyage à Cuba, le mardi 12 février 2002, Cathy attend Pierre à la gare RER du Guichet, ils rentrent ensemble et : à Gif, les jonquilles viennent d’éclore.

Mercredi 7 février 2001. La première fleur vient d’éclore à une branche basse du prunier sauvage. Mais pas trace encore de jonquille quand Pierre part pour les forges de Syam dans le Jura, le lundi 12 février, où il passera la semaine. Il quitte Syam le vendredi 16 à  six heures et quart après avoir gratté le givre qui couvrait le pare-brise, et atteint Gif à onze heures et quart. Première chose qu’il y remarque : Cinq ou six jonquilles viennent de se déplisser, sur le talus, et de nouvelles fleurs sont venues aux branches du prunier sauvage.

Jeudi 24 février 2000. La première jonquille vient d’éclore, sur le talus.

Samedi 20 février 1999. En descendant chercher le courrier, je découvre que la première jonquille s’est ouverte, sur le talus. Deux autres la suivront, en fin de journée et j’entendrai chanter le merle, à la nuit tombante.

Vendredi 27 février 1998. Les fleurs continuent d’éclore aux branches des arbres, ainsi que les jonquilles. (Elles “continuent” : la toute première à fleurir n’est pas datée cette année-là).

Mardi 18 février 1997. L’hiver tourne. Les jonquilles sont en bouton, au flanc du talus.

Dimanche 17 mars 1996. Après l’hiver aigre dont nous sortons à peine, les signes sont en retard, les jonquilles en bouton, les jacinthes mussées en terre. Le prunier sauvage devant la terrasse n’a pas sorti une seule fleur. Mardi 19 mars. De nouvelles jonquilles viennent d’éclore, après les trois qui se sont ouvertes hier. C’est donc du lundi 18 qu’il convient de dater les premières éclosions 1996, même si le journal n’a pas d’entrée pour cette date.

Jeudi 16 février 1995. Les premières jonquilles – trois – ont éclos hier, et les premières fleurs sont apparues aux branches basses du prunier, devant la terrasse. Et douze jours plus tard, le mardi 28 : Il fait doux et toutes les jonquilles sont écloses. Nous sommes sortis de février, des mois noirs.

Dimanche 27 février 1994. Matin calme, couvert et doux. Hier, la première jonquille avait fleuri. Deux autres l’ont suivie.

1993 : PAS DE JONQUILLE ! Ou alors, elles sont bien cachées. A défaut, se contenter du prunier. Dimanche 7 mars. Le prunier sauvage se couvre de fleurs – la première avait éclos le 30 janvier mais la vague de froid a retardé d’un mois l’apparition des autres.

Mercredi 18  mars 1992. La lumière est éblouissante. Les oiseaux s’égosillent. Jonquilles et jacinthes sont fleuries, le prunier devant la terrasse, gainé de blanc.

Dimanche 10 mars 1991. Le ciel est pur, l’aube pleine d’oiseaux. Les jonquilles ont fleuri. Les premières étaient déjà écloses vendredi me dit Cathy.  Mais faute de regarder comme il faut, comme elle, je ne m’en étais pas aperçu. Je retarde sur la saison. Les neiges de février, le froid, m’ont fait supposer que la reverdie était loin, encore, et je n’attendais rien.

Dans le tome 1 du Carnet de notes, 1980-1990, ce ne sont pas les jonquilles du talus qui annonçaient la fin de l’hiver, et pour cause : en février mars 1990, la famille vient de s’installer dans la maison près du bois, le terrain n’est pas encore tout à fait défriché ni aménagé et ce sont les pruniers en bordure de l’avenue du Général-Leclerc qui donnent le signal du printemps. Jeudi 15 mars 1990. Encore une journée radieuse, délicieuse. (…) Je remonte avec ravissement l’avenue du Général-Leclerc entre deux haies de pruniers roses en fleur. Un an plus tôt, alors que la maison est en cours de construction, le mardi 14 mars 1989 : Le premier printemps a pomponné de blanc et de rose les arides talus de la ligne de Sceaux. Je ne remonte pas au delà puisque m’intéressaient les jonquilles du talus.

PS du jeudi 3 mars 2016 : Si vous êtes arrivés jusque là, c’est que vous êtes sensibles aux écrits et peut-être aussi aux sculptures de Pierre Bergounioux. Je me permets donc de vous fournir les liens vers quelques autres articles de ce blog dans lesquels il en est question, par exemple :

Art de la jonquille chez Pierre Bergounioux : mise à jour 2016-2020

Un printemps bergounien malgré tout

Ouvrir l’année à Gif-sur-Yvette avec Pierre Bergounioux

Une jonquille par temps de chrysanthèmes (offerte par Pierre Bergounioux)

Tristesse des mois en -bre (selon Pierre Bergounioux)

Compression d’étés bergouniens

Lui et nous : à propos du Carnet de notes 2011-2015 de Pierre Bergounioux

“Vies métalliques”, rencontres avec Pierre Bergounioux

Enfin visibles à Paris : des ferrailles de Pierre Bergounioux

Mots de la fin (provisoire) du Carnet de notes 2001-2010 de Pierre Bergounioux

Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010, lecture in progress

Lecture en cours : Pierre Bergounioux, Carnet de notes 2001-2010

“Un concert baroque de soupapes”, Pierre Bergounioux sculpteur

Dans Les moments littéraires, Bergounioux

Histoire, littérature, sciences sociales – et Bergounioux

D’une page 48 de Bergounioux, et tout son monde est là

Couleurs Bergounioux (au couteau)

Filed under coin lecture

Celle, échevelée, qui dort

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Celle, échevelée, qui dort, revenue de loin,

ses perles au cou sur quatre rangs c’est tout ce qui lui reste.

Et l’oiseau de paradis.

Arts croisés de l’encadrement et du trompe l’oeil

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Dans cette chambre d’hôtel où, de mercredi à jeudi cette semaine, je passais la nuit, occasion de découvrir ainsi la belle ville ancienne de Nîmes, une insolite fenêtre donnant sur un couloir et faisant face à un miroir s’ornait d’une peinture en trompe l’oeil côté chambre, se dissimulait derrière un autre miroir côté couloir. Je n’ai pas trop bien compris le pourquoi de tous ces agencements/dissimulations/reflets mais m’en suis joué (ou jouée ? je ne sais jamais pour ce genre d’accord et un peu la flemme d’ouvrir Grévisse ce soir). A Nîmes, j’étais invitée à l’initiative d’Annalisa Bertoni par Arnaud Vasseux à parler de l’écriture d’Atelier 62 et de ses matériaux dans le séminaire “Parlons travail” de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts dans laquelle tous les deux enseignent. Merci à eux pour cette invitation : heureuses rencontres et riches échanges d’où il ressort qu’entre écriture comme je l’ai pratiquée, un peu de bric et de broc, dans ce livre et visual arts auxquels se destinent les étudiants qui étaient là, les ponts ne manquent pas. Et ce n’est pas du trompe l’oeil.

Epilogue en blanc

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Je repasse par la rue du Château. C’est un autre dimanche après-midi : je marche beaucoup dans Paris les dimanches après-midi, souvent aux confins du Montparnasse monde. J’y reviens. Je reconnais la palissade. Y glisse, entre deux panneaux vert/gris/vert mal raccordés, l’objectif du téléphone – je n’ai plus d’appareil photo opérationnel ce qui me gêne un peu. Pas encore de chantier derrière la palissade, juste une lacune temporaire dans le tissu urbain. Et je constate que pour mettre tout le monde d’accord, alors que, souvenez-vous, les carreaux ni les rayures n’avaient jamais fait l’unanimité en ces lieux, le badigeon blanc a fait son office. Les briques de base aussi en ont reçu une bonne couche (même pas peur les monstres) . L’incongruité de la porte suspendue reste intacte, souveraine, mais délestée de ses deux verrous. Ce qui saute aussi aux yeux, maintenant, c’est combien le crépi du mur était à revoir : les bigarrures des restes d’occupation cachaient encore tant bien que mal ses défauts.

Matière à penser

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sans maître

Désertion du maçon

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Il resterait encore beaucoup à construire, à consolider, à parfaire.

Gros oeuvre et finitions, entreprendre, restaurer.

Avant l’hiver.

Le maçon a posé sa truelle trop tôt, découragé, vaincu par la tâche.

Bilan déposé, rayé du registre et de la carte.

Porte laissée ouverte, comme une invite,  mais personne n’a repris la taloche.

Dans l’auge, le plâtre, séché.

Et puis le chiendent qui pousse autour, partout, envahit.

Même pas sûre, pourtant, que nos maisons soient hors d’eau.

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