L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Montparnasse monde evanescent

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Certains jours, toutes ces histoires que je vous raconte à propos de Montparnasse,

je n’en vois pas le bout : leur dénouement reste nébuleux.

(Pour ne rien vous cacher, sauf le sommet, la photo n’est pas d’aujourd’hui, je la trouve en faisant un peu de ménage de début d’année)

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Fonds de poches

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Pour finir l’année je retourne mes poches

(mais sans les coudre comme je ferais du col et des poignets râpés d’une chemise pour qu’elle sauve encore une pauvre apparence)

seulement pour les vider

poussière grenue qui en tombe

rien qui justifie le vide-poche – au mieux le coup de plumeau

juste des mots

grains sans éclats de voix

impropres au phrasé

sans suite

ni tenants ni aboutissants

mots pas justes : ceux-là je continue à les chercher l’an prochain

je n’ai pas fini (j’ai commencé tard)

l’écriture condition de continuité

ma seule solution

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Grosses coupures et déchirures

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Le fric (très grosses coupures) des pros

ce qui résiste aux déchirures

Montparnasse monde plein de cailloux

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Il y en a de gros arrondis type galets à prétentions aussi démesurées que celles de certaine grenouille rêvant de faire un effet boeuf  : on s’assied dessus – au passage remarquez comme l’état du sol ne s’arrange pas depuis que je vous en parle.

Il y en a de maigres anguleux, sur lesquels je ne conseille pas de s’asseoir, fichés dans le pseudo terreau de ces végétaux dont en désespoir de cause ils ont repeint les bacs en rouge parce que plus personne ne les regardait (depuis le temps qu’ils sont là). Dans le nuancier de la gare ce rouge est un hapax.

Mais moi, les petits cailloux, dans le Montparnasse monde je n’en ai nul besoin : je connais mon chemin.

(Pour info, si vous arrivez là par hasard :  Montparnasse monde c’est une série sur ce blog mais aussi un livre)

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A quai

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Ne s’arrêtent dans cette gare que des trains qui ne vous mènent pas bien loin.

J’en ai pris beaucoup. Mais c’est fini. Je ne les prends plus.

Complexité du bâti

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Un enchevêtrement tel que je me demande, passant en plein jour sur ce trottoir, comment la nuit venue chacun parvient à regagner son chez soi et ce qu’il advient des fors intérieurs, des prés carrés et du quant-à-soi de tout un chacun quand les logis s’emberlificotent pareillement.

Et les employés du cadastre, eux-mêmes, s’y retrouvent-ils mieux qu’une chatte qui aurait eu le malheur d’égarer ses petits dans le quartier ?

Ce qui est sûr, c’est que passant sur le boulevard, de l’autre côté, façades bien ordonnées, nul n’imagine le méli-mélo des arrières cours.

Montparnasse monde controversé

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J’ouvre un livre de Jean Echenoz que je n’avais jamais lu, Un an, court roman paru aux Editions de Minuit en 1997, où d’entrée de jeu je lis (p.7-8) :

Gare Montparnasse, où trois notes grises composent un thermostat, il gèle encore plus fort qu’ailleurs : l’anthracite vernissé des quais, le béton fer brut des hauteurs et le métal perle des rapides pétrifient l’usager dans une ambiance de morgue. Comme surgis de tiroirs réfrigérés, une étiquette à l’orteil, ces convois glissent vers des tunnels qui vous tueront bientôt le tympan.

J’en conclus que Jean Echenoz et moi n’avons pas les mêmes goûts en matière de gare. Je ne lui en veux pas, je continuerai à le lire. Au moins sommes nous sensibles aux mêmes matériaux/couleurs de la gare. Moi j’avais écrit à leur propos :

Gare grise, mais de toute la gamme chromatique des gris. Unis le plus souvent, plus ou moins dégradés par l’usure générale, mais aussi granités des bordures de quais ou des marches des grands escaliers à l’ancienne du hall Maine – qui tremblent sous nos jambes par moment sans qu’on comprenne pourquoi, par quelle loi mécanique de déformation nécessaire à cette imbrication complexe d’escaliers et d’escalators suspendus dans un grand vide. Ailleurs, gris mats ciment, luisants béton, brillants métal ; sans oublier l’anthracite crasse toujours prête à rajouter sa couche ni le gris souris des souris qui traversent les traverses. Montparnasse monde gris répétitif (comme certaines musiques que je goûte assez). Nuancier de la gare dicté sans nuance par celui des matériaux qu’on ne s’est pas amusé à peindre.

(Pour mémoire ou si vous passez par là par hasard, Montparnasse monde c’est une série sur ce blog mais aussi un livre)

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D’un usage perdu du dimanche soir

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Beaucoup plus jeune, je cirais mes chaussures tous les dimanches soirs et l’avenir me souriait tous les lundis matins. Mais les années filent et les semaines naissantes portent de moins en moins de promesses alors je me suis défaite de cette habitude. Je ne cire plus mes chaussures que tous les 36 du mois comme je me mets sur mon 31 : en prélude à un événement de la carrure d’un entretien d’embauche ou d’un rendez-vous avec un éditeur renommé – événements dont la probabilité de m’advenir tend désormais vers le zéro virgule zéro. Le dimanche, quand je m’y adonnais le dimanche, l’opération cirage s’imposait comme l’un des rites d’une soirée qui voyait tous les compteurs se remettre à zéro pour les sept jours à venir. Il y avait lieu, dans ce temps-là, d’attaquer les lundis du bon pied, certes, mais les deux chaussés comme à neufs. Toutes mes paires de chaussures susceptibles d’être de saison étalées sur du papier journal dans l’entrée de l’appartement, je lançais un appel à la cantonade proposant d’étendre mes services à tous les souliers qu’on voudrait bien me confier et dont je prendrais un soin irréprochable. Assise par terre en tailleur, autour de moi, posés en rond, chaussures et matériel : une boîte ronde métallique de cirage noir et un tube de Baranne crème incolore qui ferait l’affaire pour tous les autres coloris, un chiffon de coton fin, découpé dans un dos de chemise blanche usée pour étaler, un chiffon doux, laine et soie, ancien foulard, pour reluire. Matériel que je rangerai dans sa boîte – boîte à chaussures – et cette dernière dans un bas d’armoire normande, la procédure terminée. Rien à voir avec l’accablement qui me saisit aujourd’hui quand, mue par un sursaut d’espoir, je me résouds à la même tâche après avoir en vain tenté de la déléguer. Le cirage trop vieux se craquelle dans sa boîte quand le Baranne incolore au contraire, liquéfié, fuit son tube. Dieu merci, comme les dimanches soirs les chaussures ont bien changé et la plupart des modèles que nous portons s’accomodent de l’absence de toute forme d’entretien leur vie durant tout en sauvant leurs apparences, même les grands jours.

(Une version précédente de ce texte était parue anonymement dans le blog collectif Le convoi des glossolales)

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Variation sur un thème de Francis Poulenc

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L’heureux événement s’est produit récemment dans le hall d’entrée de mon lieu de travail : la vénérable cabine téléphonique a donné le jour à un petit photomaton encore collé au flanc de sa mère (dont on pouvait raisonnablement penser qu’elle avait passé l’âge d’enfanter).

Le petit photomaton est de la famille de ceux des gares, il ressemble comme un frère à celui du Montparnasse monde dont je vous avais entretenu au temps où je veillais quotidiennement sur ces lieux. Même rayonnement et même gabarit.

Moi cette apparition me fait penser au charmant poème de Maurice Carême mis en musique par Francis Poulenc, Le carafon, que je vous invite à écouter chanté par Régine Crespin.

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Illustration d’un précédent propos

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Quand j’écrivais dans mon billet d’avant hier à propos de ce salon de coiffure que la porte était gardée par un chat angora installé sur un drap de bain plié dans un fauteuil placé précisément en travers de la porte sous l’affichette “Je suis dans l’appartement”, ce n’était pas une fiction. J’avais juste omis de préciser la couleur du drap de bain : disons framboise.

Vous remarquerez aussi sur le plan de travail la tête mannequin à côté de laquelle deux roses fanent tranquillement dans un soliflore bien qu’elles soient deux (*). A noter également, chose devenue rare dans les salons de coiffure, le casque de séchage accroché à sa potence articulée.

(*) Il ne s’agit en effet pas d’une rose unique dupliquée par son reflet dans le miroir comme l’on pourrait croire en passant trop vite.

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