L'employée aux écritures

le blog de Martine Sonnet – ISSN : 2267-8735

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"Le problème de la nuit reste entier. Comment la traverser, chaque fois la traverser tout entière ?" Henri Michaux

Fin de marché

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Le marché qui s’y tient les mardi, jeudi et samedi n’est pas le moindre des agréments du boulevard sur lequel j’habite depuis peu. J’aime en particulier voir, vers 13 heures, s’empiler les cageots, les paniers et la marchandise remballée par le marchand de légumes dont l’étal est juste à la verticale de ma fenêtre. Un artiste en heureuses compositions dont nous autres dans les étages sommes les seuls à pouvoir goûter toute la saveur.

Un peu plus tard, autour d’amoncellements de hasard, cageots jetés en vrac avec leurs derniers fruits ou légumes oubliés ou trop défraîchis pour repartir pour un tour, c’est l’heure des glaneuses et des glaneurs.

Je gardais très présent à l’esprit le beau film d’Agnès Varda et son glaneur humaniste du marché Edgar Quinet, figure familière à qui fréquente assidument le Montparnasse monde, mais je n’imaginais pas que les glaneurs puissent être aujourd’hui à Paris aussi nombreux ni aussi dissemblables. Un défilé de silhouettes de tous âges et de toutes mises, mêlant ceux qui passent en voisins chercheurs d’aubaines à ceux venus de plus loin, ballottés d’un marché à l’autre au gré des jours de la semaine et à qui, hormis les restes récupérés en fin de marché,  la vie ne fait pas de cadeaux.

Siméon Prosper Hardy, homme de saison

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L’employée aux écritures collabore (dans le cadre de sa vie de bureau) à l’édition du journal que le libraire parisien Siméon Prosper Hardy a tenu de 1753 à 1789. Tâche de longue haleine unissant les efforts d’historiens des deux côtés de l’Atlantique, à Paris et à Montréal. Les quatre premiers volumes sont parus – le quatrième pas plus tard que la semaine dernière – aux éditions Hermann. Au total il y en aura douze, ce qui devrait nous mener vers 2017 pour le point final. Des index consultables en ligne complètent les volumes papiers comportant chacun une substantielle introduction thématique.

Siméon Prosper Hardy a donné un très joli titre à son journal

et parmi ces événements, mêlant allègrement aux affaires politiques et religieuses, les faits divers aussi bien que les transformations architecturales et urbanistiques de sa ville qu’il observe en parisien curieux, assez souvent revient le temps qu’il fait.

Comme je relisais hier et indexais géographiquement le texte du volume 6 (1779-1780),  les considérations météorologiques désolées du libraire au printemps 1780 résonnaient au diapason des propos que l’on n’en finit plus d’échanger ces jours-ci à propos de la pluie plus que du beau temps. Lisez plutôt :

Lundi permier mai 1780. Orage assez considérable. Entre six et sept heures du soir, comme il avoit fait assez chaud pendant toute la journée, un orage considérable se déclare par de violens éclairs, et des coups de tonnerre très fréquents, il tombe aussi beaucoup de pluie, mais cet orage qui malheureusement s’étend au-delà de la capitale cause beaucoup de dommage dans les environs de Vincennes, Fontenay, Nogent, Montreuil &c. &c. par la perte qu’il occasionne des fruits et des légumes de toute espèce. La dame veuve Lemercier libraire de Paris, propriétaire d’une seule maison très belle size au village de Nogent où elle se trouvoit même alors avec compagnie, éprouve un dégât qu’on faisoit monter à la somme de six cents livres en carreaux de vitres et cloches de jardin, dégât qui avoit été opéré, disoit-on, en moins de [sic] demi-heure par l’impétuosité du vent et la force d’une pluie mêlée d’une grêle grosse comme des œufs de pigeon.

Lundi 8 mai 1780. [...] il pleuvoit presque chaque jour du présent mois de mai comme il avoit plu pendant tout le cours du précédent mois d’avril […]

dimanche 4 juin 1780. Deux orages consécutifs occasionnés par une chaleur considérable. Ce jour vers six heures du soir après huit à neuf jours d’une chaleur aussi considérable que celle qu’on eût pu éprouver dans la plus forte canicule, le baromètre ayant atteint jusqu’au trente neuvième degré et comme par suite d’un autre orage qui avoit commencé la nuit précédente entre deux et trois heures du matin ; le tonnerre accompagné d’éclairs et d’une pluie assez considérable gronde pendant plus d’une heure et tombe sur l’hôtel de Mr le procureur général du Parlement rue de la Planche fauxbourg St Germain. Entré par une antichambre et les gens effrayés s’étant sauvés dans le cabinet, le tonnerre les y ayant suivis avoit soi-disant brûlé toutes les pièces d’un seul procès. On entendit dire aussi qu’il étoit tombé au village de Montrouge près Paris, où il n’avoit causé d’autre dégât que de déraciner un grand et gros arbre, et encore qu’à Dourdan et dans les environs de cette petite ville le même orage avoit tout dévasté et qu’il n’y restoit plus absolument rien sur terre.

Rien de bien nouveau sous le (non) soleil d’avril mai juin.

Filed under du XVIIIe siècle

Montparnasse monde à la lavande

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Dans ce monde en perpétuel renouvellement – cherchez donc aujourd’hui dans la gare le Manhattan’Store dont je vous parlais il y a seulement deux mois – force m’a été hier de constater de haut (56e étage de la tour) que les carrés aux lavandes – rectangulaires je le concède – du jardin Atlamtique gardent année après année leur effarante désynchronisation.

Un problème dont je m’étais saisie ici même dès le 13 décembre 2008 (vous en souvenez-vous ?) et sur lequel j’avais à nouveau tenté d’alerté les autorités horticoles de la gare, du même point de vue, le 26 juin 2011. La question que je me pose aujourd’hui est celle du pourquoi un retournement de situation pareil : en 2013, contrairement à mes observations de 2008 et de 2011, c’est le carré rectangulaire de droite (quand on regarde vers la campagne) qui a une longueur de floraison d’avance.

Ce qui m’amène à cette conclusion, à défaut de toute explication rationnelle, que dans le Montparnasse monde même ce qui ne change pas change. CQFD à la lavande.

Filed under Montparnasse monde

Conversation au sommet

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- Je voudrais que nous ayons une conversation au sommet, vous me suivez ? Ces fauteuils nous tendent les bras.

- Vous n’êtes plus bien au ras des pâquerettes ?

- Vos propos manquent terriblement de hauteur de vue.

Filed under utopiques

Montparnasse monde piquant du nez

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C’est comme avec les lettres au fronton, je n’aime vraiment pas les signes d’avachissement au Montparnasse monde. Alors depuis le temps que ces panneaux de la place du 18 juin piquent du nez je me demande bien ce que J.C. Decaux a de plus urgent à faire que de venir les remettre d’aplomb. Il ne compte tout de même pas sur moi pour le faire à sa place ?

Et j’ajoute ceci : ce fléchissement est d’autant moins opportun que les 14 et 15 juin prochains, c’est au 56 e étage de la tour Montparnasse que se tient le 5e salon Paris se livre, consacré aux livres évoquant la capitale. Le samedi 15 à 17 heures j’y participerai à une table ronde “Montparnasse lieux de légende” : alors ne suivez pas la flèche et rendez-vous au sommet…

Filed under Montparnasse monde

Lumières du siècle

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Dans cette ville de Grande Couronne où j’allais hier pour la première fois, on dirait bien que les lampadaires municipaux sont sertis de barbelés, ce qui n’aurait rien de surprenant, les ampoules coûtent si cher de nos jours. A moins qu’il s’agisse d’éléments purement décoratifs ? Je suis perplexe.

Filed under variétés

Printemps, cherchez-le bien

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il est là

Le petit Bescherelle est demandé à l’accueil (en allant voir “Entrée du personnel”)

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Mon sang d’employée aux écritures n’a fait qu’un tour hier soir, passant devant la librairie Gibert Joseph, au vu de l’affichette prévenante placardée sur chacune de ses portes. Si vous souhaitez vous défaire d’un Bescherelle, d’un Grévisse, voire d’un Bled CP-CE1-CE2, courez leur vendre, ils en ont grand besoin.

Je descendais le boulevard Saint-Michel pour aller à l’Espace du même nom (cinéma où l’on ne peut payer sa place ni par carte bancaire ni par chèque – préparez votre monnaie) voir Entrée du personnel, film fort et terrifiant à bien des égards de Manuela Frésil. Il y est question du travail, de ses cadences et de ses effets dévastateurs sur la santé notamment musculo-squelettique des ouvriers et ouvrières dans les abattoirs de l’Ouest. (Et à propos de cadences et d’introduction de nouvelles machines qui sous couvert de progrès ne font que les accélérer, je croyais parfois entendre les gars du 62 évoquer leurs presses…)

Film à voir, bien sûr, dont je regrette juste qu’il soit dénué de contextualisation environnementalo-socio-économique – brèves allusions aux lois de la grande distribution et aux traites des maisons à payer mises à part. Mais comment traiter ce sujet sans en amont le relier à d’autres ravages à l’oeuvre sur la même terre, ceux de l’élevage intensif ? J’ai repensé à La vie moderne de Depardon et au beau Temps des grâces de Dominique Marchais, il me semble qu’avec celui de Manuela Frésil, ces films se complètent d’une certaine façon.

Entrée du personnel est d’abord un film sur le travail mais il dit aussi des choses sur notre rapport à la nature. Parce que si les bêtes entrent à l’abattoir sur leurs quatre ou deux pattes elles en sortent réduites en barquettes. Les images crues de l’industrialisation de leur mise à mort au service de nos assiettes suscitent nombre de questions, dont la moins dérangeante n’est pas : finalement, de ces bêtes, du personnel de l’abattoir et du consommateur, qui nourrit qui et à quel prix ?

Montparnasse monde vu de ma fenêtre

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Au soir, un vrai feu d’artifice

et sa flamme bleue. J’ai déménagé, quitté le bout de l’allée pour le boulevard. Et m’en réjouis.

Bibliothèque Faidherbe jeudi 2 mai : du blog à la scène

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Plaisir à annoncer, juste avant déconnexion pour cause de déménagement (et souvenir ému du forfait mensuel de 3h avec lequel on s’était connecté pour la première fois en 1999 à l’arrivée dans cet appartement que nous quittons – c’était un autre siècle), cette lecture collective du blog à la scène à laquelle Mathilde Roux m’a conviée à me joindre jeudi 2 mai à 19 heures à la bibliothèque Faidherbe.

Dénominateur commun des textes lus : tous suscités par les échanges de blogs à blogs du premier vendredi du mois, opération autrement dite vases communicants. Je n’en détaille pas les participants parce qu’il faut que je retourne scotcher mes derniers cartons, mais l’affiche vous aidera à les reconnaître.

Donc si vous êtes à Paris et avez toujours rêvé de savoir, par exemple, qui ouvre ses belles Fenêtres open space ou qui se cache Pendant le week-end, rejoignez nous jeudi soir…

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